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Les valeurs des hôtels reprennent du poil de la bête

31 août 2022, 21:00

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Les valeurs des hôtels reprennent du poil de la bête

Les faits qui démontrent une situation avec des données irréfutables ne sauraient mentir ou semer le doute. C’est le cas du secteur du tourisme à travers le prisme de sa performance à la Bourse de Maurice. Elles sont sept compagnies à avoir coté leurs actions sur la Stock Exchange of Mauritius (SEM) pour signifier leur intention d’opérer sous le regard de l’opinion publique et des autorités boursières. Il est injuste de parler de performance durant une période où la pandémie Covid-19 a tout déréglé, surtout dans le tourisme. Et lorsqu’un malheur s’ajoute à la liste, comme l’incendie du 2 juillet 2022, qui avait détruit les infrastructures de Lux Island Resort, un leader du secteur depuis décembre 1987, l’espoir d’une renaissance du secteur du tourisme paraît presque impossible.

Cependant, la situation a évolué. Ce secteur dont les revenus sont passés de Rs 63,1 Mds en 2019 à seulement Rs 17,7 Mds en 2020, selon le rapport du ministère du Tourisme pour l’exercice financier 2020-21, est en train de renaître de ses cendres. La Bourse est un des baromètres capable d’en faire la démonstration . «Les sociétés hôtelières dont les valeurs sont cotées en Bourse», souligne le directeur exécutif de SEM, Sunil Benimadhu, «ont été les plus durement touchées pour des raisons évidentes durant le lockdown. Mais depuis la réouverture des frontières et dans le sillage d’une reprise certaine des arrivées touristiques, les valeurs hôtelières figurent parmi les valeurs les plus performantes du marché boursier». Les données de ce rapport permettent de mieux apprécier le séisme qu’a subi le secteur touristique. Le nombre total d’arrivées est passé de 835 946 en 2019 à 207 641 en 2020 soit une baisse de 75,2 %. Le nombre d’arrivées de la principale source de touristes, la France, avec 25,7 % du nombre total et 38,3 % par rapport au nombre total venant d’Europe a enregistré une baisse de 73,7 %.

En analysant les données de l’évolution des valeurs cotées tant sur le Marché officiel que sur le marché secondaire de la SEM, l’élément qui émerge est que les actionnaires de ces sociétés n’ont pas abandonné la barque alors qu’elle était submergée par des vagues occasionnées par la pandémie Covid-19. Une posture indispensable pour permettre aux sociétés dans lesquelles ils ont investi de remonter en surface dès que la moindre opportunité se manifeste. La parole à une des victimes de la pandémie et dont l’état s’est aggravé avec un incendie accidentel.

«La reprise, avance le Chief Executive Officer de Lux Island Resort, Désiré Elliah, est bien enclenchée. Les arrivées de juillet dépassent la tendance des mois précédents. C’est clairement le meilleur mois depuis la réouverture des frontières.» À quoi attribue-t-il une telle performance ? «C’est certainement le résultat des efforts coûteux déployés pour rattraper en partie notre retard. C’est ce qui nous a permis de redevenir visibles à l’international après deux années d’absence quasi totale. Mais surtout, cette performance coïncide avec l’entrée en opération du deuxième vol quotidien d’Emirates au début de juillet.»

Manque de main-d’œuvre

La réussite des mesures prises pour assurer la reprise des activités touristiques se résume à quoi, selon Désiré Elliah ? «L’équation est on ne peut plus simple. Plus nous aurons de liaisons aériennes, plus nous aurons de chances de réussir notre reprise. Les performances de nos voisins et concurrents nous le rappellent tous les jours ; les Maldives et les Seychelles réussissent à attirer des touristes de partout grâce à leurs efforts au niveau de l’aérien. Si notre destination n’est pas d’abord attrayante pour les compagnies aériennes, tous nos efforts sur nos marchés cibles seront vains. Il nous faut trouver plus de sièges d’avion.»

Est-il optimiste quant à la possibilité pour le pays d’attirer 1,4 million de touristes d’ici juin 2023 ? Il fait comprendre qu’il n’a aucune raison de ne pas y croire à condition que le pays relève trois défis. Il faut d’abord se fixer comme principal objectif l’amélioration constante et permanente de la connectivité aérienne. Le deuxième défi à relever est l’amélioration de l’environnement économique. «C’est un domaine où nous avons du mal à imposer notre contrôle. Le voyageur a subi une érosion de son pouvoir d’achat. Une certaine instabilité sociale s’annonce. Pour les opérateurs locaux, le challenge de la rentabilité se pose tous les jours. Il s’articule autour du fait que nos recettes qui se sont certes améliorées sont vite absorbées par la hausse constante des coûts d’opération.»

Le troisième défi concerne le manque de main-d’œuvre. «Malgré nos efforts continus de formation et d’embauche locales, la situation est devenue critique et risque d’impacter fortement la reprise. Nous avons de réelles appréhensions pour la prochaine haute saison. Recourir de manière temporaire à la main-d’œuvre étrangère nous semble inévitable. Nous avons formulé des demandes en ce sens aux autorités et nous espérons qu’elles agiront rapidement.»

Pour Arvind Bundhun, directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), le secteur doit regarder vers l’avant. «La reprise est définitivement à notre portée.» Un des signes qui renforce sa conviction est que le pays a tourné la page de l’étape sans doute la plus difficile de ces trois dernières années, avec l’intérêt grandissant des compagnies aériennes pour augmenter le nombre de leurs vols. Une observation qui rejoint l’argument de Désiré Elliah que l’amélioration constante de la connectivité aérienne constitue une des préoccupations majeures que les autorités devraient considérer.

Arvind Bundhun soutient que fidèle à sa vocation, la MPTA intensifiera ses campagnes de promotion. Les marchés cibles sont notamment l’Iran, l’Arabie saoudite ou encore l’Inde sans négliger le potentiel des marchés régionaux. Par ailleurs, la MTPA reçoit actuellement une délégation de dix des plus importantes agences de promotion touristiques de l’Inde venues pour, entre autres, s’informer des atouts dont dispose la destination.