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La semaine décryptée

21 août 2022, 14:45

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 15 août 2022 au vendredi 19 août 2022.

Lundi 15 août 

Encore des dettes envers l’Inde

L’Événement majeur de ce lundi 15 août, en ce jour de la célébration de la fête de l’Assomption, aura été l’annonce par la représentante de l’Inde à Maurice d’un prêt de 300 millions de dollars, soit quelque Rs 13,5 milliards, pour étendre le service du tramway jusqu’à Côte-d’Or en passant par St-Pierre.

Cette annonce de Nandini Singla lors d’une réception marquant le 75e anniversaire de l’indépendance de l’Inde a apporté de l’eau aux Indiabashers de la place tout en suscitant des interrogations bien rationnelles. Par exemple, pourquoi l’Inde aide-telle à financer le servicing politique et électoral du Premier ministre ? Si c’était une extension du réseau au Nord ou au Sud, cela aurait été mieux apprécié, surtout en termes de rentabilité du projet. Pourquoi Côte-d’Or ,qui abrite actuellement un stade éléphant blanc, des singes, des chiens errants et des pigeons ?

Il se peut toutefois que Côte-d’Or devienne un vrai centre économique et administratif avec la construction de gratte-ciel et surtout d’un nouvel hippodrome sous la charge de Jean Michel Lee Shim. Le gouvernement mauricien et nos amis indiens auront alors vu loin, très loin même.

Mardi 16 août

Archipel mais poisson naiba

Selon l’express du 16 août, les pêcheurs mauriciens rencontrent une myriade de problèmes dans l’exercice de leur profession alors que le poisson se fait de plus en plus rare dans nos eaux.

Situation de paradoxe car les eaux territoriales de Maurice couvrent une superficie de 3,2 millions de km2 . Or, Maurice n’arrive pas à exploiter son potentiel halieutique et se voit contraint d’importer du poisson des Seychelles et de l’Inde afin de satisfaire la demande locale.

Pourtant, l’expertise des Mauriciens dans la navigation maritime et le maniement des bateaux serait d’un niveau très avancé. Sinon, comment expliquer la facilité avec laquelle les Mauriciens parviennent à s’enfuir vers Madagascar par voie maritime quand ils rencontrent des problèmes avec les autorités policières et judiciaires ? Quant à assurer une connexion avec La Réunion, ce serait un jeu d’enfants.

Puisqu’on vit à l’ère de la coopération avec l’Inde, pourquoi ne pas solliciter l’expertise de Narendra Modi pour développer la pêche mauricienne sur une grande échelle ? Le problème, c’est que l’Inde serait loin d’être une «puissance» dans le domaine de la pêche. Les Indiens eux-mêmes reconnaissent que les poissons meurent de… vieillesse dans leurs eaux territoriales.

Mercredi 17 août

Un bloc qui ne l’est pas

Les réalités politiques s’imposent de façon implacable, prenant de court les grands rêveurs qui voyaient déjà l’émergence d’une alliance PTr-MMM-PMSD pouvant renverser le gouvernement. En effet, ce mercredi 17 août a vu une rencontre à la résidence même de Navin Ramgoolam des trois leaders des Travaillistes, du MMM et du PMSD de même que d’Arvin Boolell, chef de file des Rouges au Parlement mais qui sert de mascotte lors des grands rendez-vous.

Résultat de la rencontre : il n’y a pas d’alliance entre les trois partis. La conclusion d’une alliance dans l’opposition avant l’échéance électorale était vivement souhaitée par le MSM. Car ces trois partis allaient passer tout leur temps à koz-koze. Discuter de leur positionnement dans un futur gouvernement et surtout contrôler et limiter les dommages résultant des déclarations, des actions des uns et des autres. Et, surtout, des postures de jockeying for position qui menaceraient la cohésion de leur alliance.

Face à l’incapacité de l’opposition à se regrouper, Pravind Kumar Jugnauth, qui devrait dissoudre le Parlement au plus tard en novembre 2024, pourrait rester au pouvoir jusqu’en mai 2025. Entre août 2022 et mai 2025, quel calvaire de damage control quotidien auraient vécu les trois leaders du Labour du MMM et du PMSD ?

 Jeudi 18 août 

Kenny Mera Naam*

Son  prénom officiel, c’est Soobeersingh. Mais puisqu’il était candidat à Curepipe lors des dernières élections, son sobriquet de Kenny l’a sans doute aidé. On parle du député Kenny Dhunoo, qui a été proclamé élu avec 31 % des votes en 2019, profitant des divisions des votes dans l’opposition entre le PTr-PMSD et le MMM.

N’ayant impressionné personne par sa maîtrise de l’anglais et du français au Parlement, Dhunoo s’est fait néanmoins remarquer par son acharnement contre une journaliste de la MBC, Manisha Jooty. Celle-ci, comme journaliste professionnelle, n’avait pas jugé newsworthy une déclaration de Dhunoo sur le projet tramway où les vedettes étaient le Premier ministre et d’autres ministres. Dhunoo n’est que l’adjoint au whip du gouvernement. Manisha Jooty devait par la suite perdre son emploi mais elle eut droit à une compensation décente suivant une initiative du DG de la boîte.

Le même Dhunoo s’est manifesté à la clinique Wellkin quand il a bousculé un infirmier indien employé par l’établissement appartenant à un hyperpuissant conglomérat financier mauricien ayant de gros intérêts dans l’industrie sucrière aussi. L’Indien a perdu l’équilibre lors de l’agression physique du député.

Wellkin n’était qu’un épisode dans le feuilleton Dhunoo. Le vendredi 19 août, l’express fit état des frasques du député en Inde récemment. Comme on le dit dans les médias, more to come concernant Bhai Soobeesingh, alias Kenny.

*Mon nom, c’est Kenny

Vendredi 19 août 

Le Mr T de Xindix

L’express du vendredi 19 août, dans sa rubrique faits divers, rapporte un incident d’une importance sociologique et économique considérable. En effet, selon le journal, un ex-bouncer du Xindix Night-Club portait sept chaînes en or et était en possession de Rs 20 000 lorsqu’il aurait été agressé par son ex-patron, Sharris Sumputh.

Qu’un Mauricien, bouncer de profession, se parade avec sept chaînes en or et Rs 20 000 en menue monnaie indique clairement qu’il existe d’immenses opportunités de progrès social et économique dans le business de maintenir l’ordre dans les discothèques et maisons de jeu et de cogner dur quand des récalcitrants dépassent les limites.

Les instituts de formation auraient intérêt à lancer des cours à l’intention d’éventuels videurs afin que les meilleurs se distinguent dans le business.

Les syndicalistes et la Mauritius Revenue Authority, pour leur part, pourraient bien trouver dans le business des tapeurs des opportunités intéressantes.

Les trade-unionists, aussi, en tentant d’embrigader les bouncers et forcer le ministère du Travail à faire sortir des Remuneration Orders à leur intention.

Et la MRA, en s’assurant qu’au moins 15 % du poids des chaînes en or soit récupéré pour aider à soulager lepep. Étrangement, dans le cas de Xindix, en partant des sept chaînes en or, on comprend que chaque article équivaudrait à 14,28 % du total. Ce qui n’est pas loin des 15 % imposés par la MRA. Le bouncer de Xindix n’aurait qu’à se débarrasser d’une chaîne en or pour aider le peuple, ce qui n’entamerait nullement son look de Mr T.