Publicité

Congrès à travers le pays: MSM’s got talent!

21 août 2022, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Congrès à travers le pays: MSM’s got talent!

Triolet, Rivière-du-Rempart, Flacq, Curepipe, entre autres. Le MSM organise congrès sur congrès, à travers le pays, pour, officiellement, célébrer les 40 ans du parti. Si les discours, piques et insultes sont allègrement dirigés contre l’opposition, en particulier Navin Ramgoolam, et la presse, on a eu droit à des phrases cultes, des «chants», des mimes, des mascottes, notamment. Florilège.

Kenny Dhunoo, «Master of Ceremony».
Gilbert Bablee, mime émérite.
Deepak Balgobin, celui qui fait exploser le laptop et le micro, avec sa liste de «courses»...

 

Kalpana Koonjoo-Shah, qui s’intéresse aux «suppositoires» prescrits par Navin Ramgoolam.
Vikram Hurdoyal, chanteur en herbe.

On pensait – à tort visiblement – que le but des congrès du Mouvement socialiste militant (MSM) organisés l’un après l’autre était de célébrer les 40 ans du parti, de rameuter les troupes en vue des municipales et législatives. Or, comme l’a avoué Pravind Jugnauth luimême, ces rassemblements servent à répondre aux critiques émises contre le gouvernement. Pas sûr cependant que ces rassemblements aient redoré le blason orange…

Comme on le sait, les ministres fuyaient les journalistes et même les questions au Parlement concernant les récents scandales et surtout l’affaire sniffing. Pravind Jugnauth privilégiait les inaugurations et les opérations «koup riban» pour «s’expliquer», quelques fois, devant des journalistes triés sur le volet. Les congrès sont donc un bon moyen pour répondre aux critiques, mais sans courir le risque d’être contre-interrogés.

En tout cas, les explications données par Pravind Jugnauth sur l’estrade, concernant l’affaire sniffing, ne semblent pas avoir convaincu grand monde. Idem pour les autres scandales, où il crie qu’il a lui des questions à poser, tout en menaçant une nouvelle fois de «atann ou pou gété». On a beau entendre, on ne voit rien de concret. Sinon, les «discours» lors des congrès ciblent les opposants. Les orateurs utilisant les plateformes dans les régions rurales, jusqu’ici surtout, pour tenter de décrédibiliser ces derniers. Mais à voir les commentaires sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, l’objectif est loin d’être atteint, car la plupart des réactions sont négatives. Quant à l’assistance présente sur les lieux, hormis les partisans, on a surtout noté la présence de personnes âgées, d’agents armés de pavillons, tambour et trompettes, à chaque meeting.

Ce qui est sûr, c’est que les congrès – malgré ce qu’en dit le Premier ministre – ont été dominés par des attaques, des mots vulgaires, des coups sous la ceinture, des allusions sexuelles, pour exciter la foule. Kalpana Koonjoo-Shah s’est, elle, focalisée sur l’anatomie du corps humain en faisant référence à Navin Ramgoolam dimanche, à Rivière-du-Rempart. «Démann dokter Navin Ramgoolam komié pasian linn déza konsilté… Démann li ki preskripsion linn donn dimounn apart sipozitwar…»

Pravind Jugnauth lui aussi s’est intéressé à des trous. En parlant de Sherry Singh, il a voulu faire savoir que ce dernier jouait au golf et qu’ainsi, l’ancien Chief Executive Officer de Mauritius Telecom «met boul dan trou». Selon lui, Nando Bodha est désormais «cocu» car Paul Bérenger monte une alliance dans son dos : «Fer déryer so lédo.» Au sujet de Navin Ramgoolam, le chef du gouvernement a fait allusion au bungalow de ce dernier à Roches-Noires ; «ros nwar inn vinn ros blan telma inn izé», a lancé Pravind Jugnauth, tout en déclarant que l’ancien Premier ministre «interviewait» des femmes sur place…

Qualifiés de «cirque» par des internautes, les congrès ressemblent en tout cas par moments à des shows ou des spectacles divertissants, tous les goûts étant dans la nature… Mercredi, à Flacq, on a eu droit à des mascottes «very low cost», budget «serré» oblige, sans doute. Le lion famélique, l’Aquaman hybride, mi-dauphin, mirequin moustachu, un coq plumé étaient censés représenter Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier Duval. Un partisan portant un «flambeau» devait probablement représenter l’emblème du Rassemblement mauricien de Nando Bodha, même si tout le monde n’a pas compris l’allusion tellement elle était vague. N’empêche, cet épisode n’a pas manqué de divertir la foule et des internautes, qui s’en sont donné à cœur joie. «Comment en est-on arrivé à ce niveau ? (…) Avec tout l’argent que possède le MSM, ils auraient pu investir davantage s’ils voulaient se moquer de leurs adversaires avec classe.»

Mercredi, à Flacq toujours, au milieu des vuvuzelas, des tambours et des cris, on a pu découvrir les talents cachés de chanteur de Vikram Hurdoyal. La voix cassée, tel Patrick Bruel version lite, il a foulé son gosier et ses cordes vocales pour faire l’école de Pravind Jugnauth. Réaction des internautes : «Ou éna geet gawai kot ou ek ou pé bizin enn santer? Kontakté minis Hurdoyal!»

Maneesh Gobin, lui, a adopté un autre ton en s’attaquant à Navin Ramgoolam et en évoquant son voyage médical en Inde. «Li ti pou bez mor sa kouyon-la (…) Éta, pa gouvernman l’Inde kinn sap to lavi? (…) Batiara, Behiman, kouyon, vié lok pouri», a lancé l’Attorney General à l’intention du leader du Parti travailliste. Sudheer Maudhoo, lui, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a traité Sherry Singh de «bobok» en plein discours. Alors que Deepak Balgobin a sorti une longue liste, comme s’il venait de faire ses courses de fin de mois au supermarché, pour énumérer les projets de son gouvernement. Excité comme une puce, tel un ressort prêt à bondir, il s’est exprimé tantôt en kréol tantôt en bhojpuri, comme de nombreux orateurs lors des congrès, d’ailleurs. «Lot fwa-la laptop ti pou éklaté, senn fwa-la si kontign kozé mikro ki pou éklaté», a-t-il lâché face à une assistance hilare.

Direction Curepipe cette fois, première ville choisie par le MSM après les villages. Gilbert Bablee, qui a promis que Vacoas se métamorphosera en Manhattan et Curepipe en New York City, a laissé de côté son costume d’urbaniste pour enfiler celui de mime. Bouche ouverte, fermée, ouverte puis refermée, moustache frétillante, il commentait la fluidité du trafic, désormais, depuis l’apparition des échangeurs et des nouvelles routes. «Avan dimounn ti pé koz tousel dan loto…» Il a, cependant, tactiquement ou par erreur, évoqué la contribution de sir Gaëtan Duval. À noter que presque tous les orateurs, sauf Pravind Jugnauth, ont parlé de Kenny Dhunoo qui leur faisait des signes pour ne pas dépasser le temps de parole imparti.

Et Kenny Dhunoo justement ? Le député et présume boxeur d’infirmier présidait les choses à Curepipe. Un enthousiasme plutôt terne et des formules répétées ont émaillé son discours, des «kamarad» et «travay», se référant bien sûr aux travaux infrastructurels du gouvernement revenant sans cesse. Son langage corporel dénotait une certaine nervosité et du stress alors qu’un sourire figé était plaqué sur son visage. Riait-il jaune après la vidéo à la clinique Wellkin et les allégations d’agression ?

Puis, faute d’inspiration peut-être, Pravind Jugnauth, lui, a carrément répété presque mot pour mot, et dans le même ordre, le même discours pendant les quatre congrès. Son public préféré, son groupe de sympathisants qui le suivent à tous ses meetings, les internautes en général et surtout les journalistes ont fini par connaître ses dialogues par cœur et même à deviner ses mots et phrases. Le discours orange est semble-t-il devenu mécanique.

Combien ça coûte?

<p>Combien d&rsquo;argent débourse-t-on pour organiser de tels congrès ? Nous avons posé la question à un des organisateurs d&rsquo;un parti &laquo;traditionnel&raquo; Et les estimations sont comme suit :</p>

<p>Chapiteau, estrade, sonorisation et chaises : Rs 150 000</p>

<p>Écran géant : Rs 40 000</p>

<p>Groupe culturel (chants, danses et autres divertissements) : Rs 55 000 (Ils sont au minumum quatre groupes par congrès et chacun réclame en moyenne Rs 15 000 par prestation)</p>

<p>T-shirts : Rs 50 000 (dépendant du parti)</p>

<p>Location : Rs 7 000 par autobus</p>

<p>Pavillons, oriflammes et autres banderoles et affiches : Rs 70 000 (une bonne partie est sponsorisée) Il faut aussi compter un budget de Rs 300 par personne pour le briyani et les boissons et la location d&rsquo;une salle si besoin est.</p>

<p>&nbsp;</p>