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MTC-MTCSL: Situation désarçonnante

21 août 2022, 10:11

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MTC-MTCSL: Situation désarçonnante

Des dettes qui s’élèvent à Rs 287 millions. Une masse salariale très lourde à porter. Un «parti pris» des autorités envers le concurrent, des tergiversations du côté de certaines écuries. Le club historique, vieux de 210 ans, ne sait plus sur quel sabot danser.

  • Assemblée générale extraordinaire et dette colossale

La réunion de crise entre les membres du Mauritius Turf Club (MTC) et la direction, le 24 août, soit mercredi, sera déterminante. La survie du club historique vieux de 210 ans en dépend. Avec des dettes s’élevant à Rs 287 millions (M), l’heure est grave. Si bien que la vente des actifs du MTC, à Floréal, comprenant le centre Guy Desmarais et le centre hippique, serait primordiale afin de maintenir à flot les comptes. Un plan de redressement sera également présenté lors de cette assemblée générale extraordinaire (AGE).

Les comptes actuels envoyés aux membres du MTC par la direction du club affolent ; Rs 287 551 471 de dettes ! En somme, Rs 39 M d’overdraft auprès des banques, une multitude d’emprunts à plus de Rs 50 M pour les salaires et autres dépenses du- rant le huis clos/saison morte, un lease restant de Rs 2,5 M pour les équipements du studio, ainsi que pour une voiture de fonction, des impayés de Rs 25 M auprès des fournisseurs, des projections de pertes de l’ordre de Rs 25 M pour la période de juillet à décembre 2022 et Rs 147 M pour les besoins de la pension. La liste est longue. Et les chiffres donnent le tournis.

Mais ce n’est pas fini. On peut notamment lire que le payroll du MTC et de la MTC Sports and Leisure Limited (MTCSL), entre 2022 et 2023, passe de Rs 103 233 624 à Rs 34 159 728. Ce qui prédit un licenciement massif et 60 employés au moins seraient concernés. Une severance allowance devra alors être payée à toute personne mise à la porte. La dette serait alors plus «importante» dans la mesure où «cette équation n’a pas été prise en compte dans la projection de 2023».

L’aspect humain désastreux mis de côté, il n’y a pas moyen non plus de réduire rapidement les coûts par rapport aux salaires, malgré l’arrêt des subsides accordés aux écuries. Le Redundancy Board n’étant pas opérationnel jusqu’à décembre, le MTC se voit dans l’obligation de «garder tout le monde jusqu’à décembre».

Comment le MTC et sa filiale, la MTCSL, comptent-ils sortir de l’ornière ? «Je ne vois guère de solution dans la mesure où les projections pour l’année 2023 se veulent trop optimistes», évoque un ancien officiel de la MTC. En effet, les projections pour 2023 tablent sur une augmentation du turnover d’au moins de Rs 20 M par rapport à 2022. Soit Rs 147 007 219 pour la prochaine saison. Ce qui ferait, selon les chiffres avancés par la projection du MTC, mais préparés par une compagnie privée, que des profits de Rs 7 M seraient réalisables en 2023.

«Le business model en vigueur depuis l’entrée en scène de People’s Turf PLC n’est plus viable.»

S’il est vrai que plusieurs expenses related to stables seront abolies – Rs 45 M – notre interlo- cuteur n’entrevoit guère de scenario où le turnover pourrait augmenter. D’autant plus qu’avec un nombre de journées de courses «pas encore défini pour 2023», un éventuel «renouvellement de licence compliqué avec la Gambling Regulatory Authority», «une restriction des parkings payants» ainsi «qu’une perpétuelle tergiversation de certaines écuries liées étroitement à Jean Michel Lee Shim», difficile de voir le bout du tunnel.

En attendant, que valent les actifs de Floréal ? «Rs 350-Rs 450 M !» estime un professionnel de l’immobilier. «C’est une prime location», renchérit-il. Reste que pour certains, dont un ancien officiel très important du MTC et de la MTCSL, «la vente de ces actifs en vue de soutenir les opérations de la MTCSL dans l’état actuel des choses serait du suicide».

Mais alors que faire pour limiter la casse ? L’ancien officiel du MTC le dit sans ambages : «Vendre Floréal et rendre la licence, en attendant des jours plus heureux.» Car, pour lui, «le business model en vigueur depuis l’entrée en scène de People’s Turf PLC n’est plus viable». Ajoutez à cela «les tracasseries du partage de la piste, le parti pris à peine dissimulé des autorités en faveur de People’s Turf, la prolifération des paris clandestins et l’inflation galopante dans le pays»

«Il faut continuer»

Tous ne partagent toutefois pas le même avis. Un plan de downsizing de MTCSL sera présenté, permettant à la compagnie d’opérer jusqu’en 2023 et au-delà. L’arrêt des subventions aux écuries est une des nombreuses décisions prises pour «diminuer les coûts». Si le plan proposé par MTC et MTCSL n’a pas été officiellement été dévoilé jusqu’ici, sans doute pour mieux le faire le jour de l’AGE, on parle d’ores et déjà d’une baisse drastique au niveau des journées organisées pour 2023, ainsi qu’une association avec un nombre limité d’écuries.

Pour un propriétaire et membre du MTC, «un arrêt total des activités est synonyme de mort». Le mieux, selon lui, est de «réduire les coûts au maximum en attendant de rebondir». Un membre d’une écurie, lui, répond que le centre Guy Desmarais n’a plus «vraiment de raison d’exister», dans la mesure où les centres privés à travers le pays ont augmenté en nombre et que «c’est désormais aux écuries de gérer leurs coursiers et leur bien-être».

«Il faut continuer», prévient pour sa part un ancien président du MTC. La lettre cosignée par Tenant et Sauzier exprime d’ailleurs le désir du club de maintenir le cap : «Le futur du Club dépendra aussi de cette résolution et de la possibilité que ce club perdure nonobstant cette situation pressante qui met en péril tout ce qui a été construit depuis 210 ans…»