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A Taïwan, Nancy Pelosi dit être venue «en paix» dans la région

3 août 2022, 08:05

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A Taïwan, Nancy Pelosi dit être venue «en paix» dans la région

La présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi a affirmé ce mercredi 3 août, à Taïwan qu'elle était venue «en paix dans la région», alors que sa visite a déclenché la colère de Pékin qui a annoncé une série d'exercices militaires dans les environs de l'île.

«Nous venons en amis à Taïwan, nous venons en paix dans la région», a déclaré Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à visiter Taïwan depuis 25 ans, lors d'une rencontre avec le vice-président du Parlement taïwanais Tsai Chi-chang.

Mme Pelosi, 82 ans, est arrivée mardi soir à Taipei à bord d'un avion militaire américain. Sa visite, qui n'avait pas été officiellement annoncée mais qui faisait l'objet d'intenses spéculations depuis plusieurs jours, a immédiatement fait réagir Pékin.

Dès l'arrivée de Mme Pelosi à Taïwan, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé «une grave violation» des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui «porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité» régionales.

Et le gouvernement chinois a convoqué mardi soir l'ambassadeur américain à Pékin, Nicholas Burns. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Xie Feng, lui a exprimé les «protestations fermes» de son pays, ajoutant que «l'initiative (de Mme Pelosi de se rendre à Taïwan) est extrêmement choquante et les conséquences seront très graves», a rapporté l'agence Chine Nouvelle.

Le ministère chinois de la Défense a quant à lui promis des «actions militaires ciblées», avec une série de manoeuvres militaires autour de l'île qui commenceront mercredi, dont «le tir de munitions réelles de longue portée» dans le détroit de Taïwan, qui sépare l'île de la Chine continentale.

Incursions aériennes

Les autorités taïwanaises ont signalé dans la nuit de mardi à mercredi que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d'identification de défense aérienne de l'île - une zone bien plus large que son espace aérien.

Le ministère taïwanais de la Défense s'est dit «déterminé» à protéger l'île contre toute attaque.

Plusieurs navires américains croisent également dans la région, dont le porte-avions USS Ronald Reagan, selon des sources militaires américaines.

La plupart des observateurs jugent faible la probabilité d'un conflit armé. Mais des responsables américains ont dit se préparer à des démonstrations de force de l'armée chinoise.

La Chine estime que Taïwan, avec ses 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à rattacher au reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

Jouer avec le feu

Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays.

Des responsables américains se rendent régulièrement sur l'île. Mais la Chine juge qu'une visite de Mme Pelosi, troisième personnage de l'Etat américain, est une provocation majeure.

La semaine dernière, dans un entretien téléphonique avec son homologue américain Joe Biden, le président chinois Xi Jinping avait déjà appelé les Etats-Unis à ne «pas jouer avec le feu».

Le précédent président de la Chambre des représentants des Etats-Unis à avoir visité Taïwan était Newt Gingrich, en 1997.

Depuis 1979, Washington ne reconnaît qu'un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien aux autorités taïwanaises, via notamment d'importantes ventes d'armes.

Les Etats-Unis pratiquent également «l'ambiguïté stratégique» : ils s'abstiennent de dire s'ils défendraient ou non militairement Taïwan en cas d'invasion.

La Russie, alliée majeure de la Chine, a accusé mardi les Américains de «déstabiliser le monde» et décrit la visite de Nancy Pelosi comme une «pure provocation».

«La partie chinoise a le droit de prendre les mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale concernant le problème de Taïwan», a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.

Autre alliée de Pékin, la Corée du Nord lui a exprimé son «soutien total».

«L'ingérence impudente des Etats-Unis dans les affaires intérieures des autres pays et ses provocations politiques et militaires délibérées sont assurément la cause première de la dégradation de la paix et de la sécurité dans la région», a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l'agence officielle KCNA.