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Hausse des prix des produits alimentaires: des boutiquiers et les consommateurs logés à la même enseigne

9 juillet 2022, 20:45

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Hausse des prix des produits alimentaires: des boutiquiers et les consommateurs logés à la même enseigne

Si la récente hausse des prix des produits de base, notamment de l’huile de cuisson, du lait et des grains secs, est préjudiciable aux consommateurs, la situation des commerçants n’est pas plus enviable. Comme les produits susmentionnés ne sont plus subventionnés depuis le 1er juillet, les commerçants sont confrontés à un dilemme : doivent-ils vendre les produits aux nouveaux prix pour gagner leur vie ou se tenir prêts à subir de nouvelles pertes alors que leur affaire vient juste de se relever de la pandémie du Covid-19 ?

Nous prenons le pouls des commerçants établis en régions rurales. Direction Tyack Cold Storage où le propriétaire de la boutique nous explique que depuis une semaine, il y a une pénurie de sachets d’huile de cuisson dans son magasin. «Au début, nous n’en avions pas. Ces derniers jours, nous avons réussi à nous procurer quelques sachets. Nous sommes obligés de vendre un seul paquet par client car nous n’en avons pas assez», explique-t-il.

Dans un petit commerce de Batimarais, la situation est pire. Christian, le propriétaire, gère sa boutique depuis six ans avec sa femme Juliana. Ce père de famille raconte que son commence reprenait tout juste après la pandémie du Covid-19 et voilà que la récente hausse des prix des produits de base l’a remis à genoux. «Nous n’avons pas du tout d’huile comestible à vendre. Et parfois, j’ai dû aller au supermarché pour acheter quelques sachets afin de pouvoir le revendre à mes clients habituels et garder le minimum pour la consommation familiale. Même les boîtes de lait en poudre et les légumineuses ne sont pas du tout abordables.» L’impact de cette situation sur son commerce, dit-il, est profond et risque de se détériorer. «Si je vends des produits de première nécessité au prix non subventionné, je perds automatiquement des clients. Même avec les quelques produits que j’arrive à vendre, je gagne à peine ma vie car les gens n’ont pas d’argent pour en acheter. Dans tous les cas de figure, je suis perdant. J’ai commencé à vendre mes produits à crédit mais j’ai été obligé d’arrêter parce que j’arrive à peine à joindre les deux bouts. Mo pe bizin fer manev mason ena fwa.»

Si les boutiquiers ont du mal à couvrir leurs dépenses familiales, ils se demandent quel impact l’inflation peut avoir à long terme sur leurs clients.«Récemment, deux adolescents presque majeurs ont cassé la serrure de ma boutique et ont volé près de Rs 2 000 de la caisse, de même que des produits alimentaires. Nous avons signalé ce vol à la police mais quelque part, nous pouvons comprendre ces gens. Ki pou fer kan dimounn pe bizin plin vant?» souligne Juliana.

Au Hulkory Store à Rivière des Anguilles, c’est le même scénario. «Les produits de première nécessité sont en quantité limitée mais les gens n’ont même plus d’argent pour les acheter car ils sont devenus trop cher pour leurs bourses. Je suis obligé d’ouvrir des sacs de riz et de vendre cette denrée au détail.» Pendant que nous conversons avec le boutiquer, une cliente quitte le commerce en tenant quelques paquets de snacks coûtant moins de Rs 100 roupies. Elle s’exclame : «Pa capav aste plis là. Tou inn vinn cher. Ki pu fer ?» Comme quoi, l’insécurité alimentaire est devenue une réalité.