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Remplacement de Boris Johnson démissionnaire: qui et quand ?

8 juillet 2022, 15:56

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Remplacement de Boris Johnson démissionnaire: qui et quand ?

Les manoeuvres ont commencé ce vendredi 8 juillet, pour remplacer Boris Johnson, au lendemain de sa démission en pleine crise politique, mais le Premier ministre britannique entend cependant assurer l'intérim à Downing Street le temps que son successeur soit nommé.

Mais qui et quand ? M. Johnson a démissionné jeudi, lâché par le parti conservateur épuisé par les scandales à répétition ayant marqué les 2 ans et 349 jours au pouvoir de l'ancien héros charismatique du Brexit. Entre mardi et jeudi, quelque 60 membres de son gouvernement, ministres, secrétaires d'Etat et autres collaborateurs aux responsabilités moindres avaient démissionné après un nouveau scandale, ne lui laissant pas d'autre option.

Sa décision de rester au pouvoir pour assurer un intérim qui pourrait durer jusqu'à l'automne continuait à faire grincer des dents vendredi, alors que le pays est confronté à une inflation record de 9%, la pire des pays du G7, et une montée des mouvements sociaux, dans un contexte de guerre en Ukraine.

«Boris Johnson ne peut pas rester une minute supplémentaire à Downing Street» a déclaré la leader adjointe de l'opposition travailliste Angela Rayner, appelant à la désignation d'un autre Premier ministre intérimaire. «S'ils ne le font pas, nous sommes très clairs que nous présenterons une motion de défiance avant les vacances parlementaires» le 22 juillet, a-t-elle ajouté sur Sky News, en dénonçant un «menteur avéré».

Jeudi, l'ancien Premier ministre conservateur John Major (1990-1997), avait jugé «imprudent et peut-être intenable» que Boris Johnson reste «plus longtemps que nécessaire» à Downing Street.

Le tout nouveau ministre de l'Education James Cleverly a assuré sur la BBC que le processus de désignation du nouveau leader conservateur, qui deviendra Premier ministre, serait mené «de manière professionnelle mais rapidement», mais certains élus redoutent un été de «chaos».

Boris Johnson a assuré après sa démission que son gouvernement rebricolé à la hâte (12 ministres et secrétaires d'Etat ont été nommés jeudi) ne chercherait pas à mettre en oeuvre de nouvelles politiques ou à faire des changements majeurs. Les grosses décisions budgétaires seront notamment laissées au prochain Premier ministre.

La chute du clown

Un candidat s'est déjà annoncé, sans même attendre les détails de la procédure de remplacement, qui doivent être précisés lundi par le Comité de 1922, un groupe parlementaire conservateur.

Le député Tom Tugendhat, président de la commission des Affaires étrangères au Parlement, a expliqué dans The Telegraph qu'il voulait offrir «un nouveau départ» grâce à une «large coalition».

Et déjà les couteaux sont sortis : Jacob Rees-Mogg, fidèle de Boris Johnson dont il est le ministre pour les opportunités du Brexit, a ainsi lancé une attaque en règle contre Rishi Sunak, le chancelier de l'Echiquier dont la démission avait lancé l'hémorragie de départs mardi soir, et qui figure dans la liste des possibles successeurs.

«Rishi Sunak n'a pas réussi comme chancelier de l'Echiquier. C'était un chancelier des impôts élevés, qui n'était pas conscient du problème de l'inflation», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Channel 4.

Parmi les autres candidats pressentis, le mieux placé serait le ministre de la Défense Ben Wallace, selon un sondage YouGov, suivi de la secrétaire d'Etat au commerce extérieur Penny Mordaunt, et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.

A l'image des sentiments souvent contradictoires que suscitait Boris Johnson, orateur souvent passionné mais qui s'est vu reprocher son manque d'intégrité et de discipline, la presse britannique était partagée vendredi.

«Que diable ont-ils fait ?» titrait le Daily Mail. «Merci» pour le Brexit avaient choisi The Sun et The Daily Express. Le Daily record dénonçait le «Pire Premier ministre de tous les temps» les autres journaux restant plus sobres : «Johnson jette l'éponge» (The Times) ou encore «C'est (presque) fini» (The Guardian).

L'hebdomadaire The Economist titrait «clownfall», (la chute du clown en français, ndlr), en affirmant «Johnson doit partir immédiatement», le Royaume Uni «est dans un état dangereux».

Une majorité des Britanniques (56%) veulent aussi que l'intérim soit assurée par quelqu'un d'autre, selon un sondage YouGov. 77% pensent que Boris Johnson a eu raison de démissionner.

En annonçant sa démission, M. Johnson n'avait pas eu un mot pour l'hémorragie de départs sans précédent qu'il avait enregistré en 48 heures ou les turbulences de son mandat.

Il s'était dit «immensément fier» de son bilan, évoquant notamment le Brexit, la campagne de vaccination anti-Covid et son soutien à l'Ukraine, et avait dénoncé «l'instinct grégaire puissant» à Westminster, attaque directe contre ceux qui l'avaient déserté.