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Dérèglement climatique: le froid, pas l’ami des plantations

5 juillet 2022, 15:00

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Dérèglement climatique: le froid, pas l’ami des plantations

Les agriculteurs sont exposés à des événements extrêmes actuellement. Surtout avec le froid qui prévaut depuis plusieurs semaines. Un hiver rigoureux qui malmène les plantations. Un retour aux anciennes méthodes de culture pourrait même les aider à sortir de cette impasse…

Le constat est sans appel. Le changement climatique affecte les plantations, et ce n’est pas Narain Ramessur qui dira le contraire. Ce planteur de Solitude n’apprécie pas le travail que la brise et la pluie font actuellement sur ses champs. «Ce temps non seulement n’est pas propice pour nos plantations mais joue aussi sur notre organisme. On peut tomber malade et cela nous fatigue.» Il avoue devoir investir encore plus dans les intrants pour que ses plantes puissent résister aux variations climatiques. «Un contrôle strict doit se faire…»

Il n’est pas le seul à s’en préoccuper. C’est aussi le cas de Shivdut Beechook, de Pointe-aux-Piments, qui constate même qu’il y a une baisse au niveau de sa production, d’autant plus qu’il cultive les pommes d’amour. «D’ordinaire, l’hiver est la période que les pommes d’amour préfèrent. Cela peut même se vérifier au niveau des statistiques car depuis 150 ans, mai et juin sont des mois propices pour ce légume. Mais cette année, ce n’est pas le cas.»

Selon lui, la fraîcheur cause beaucoup de tort à la production. «Et pour maintenir les récoltes, l’on doit beaucoup investir. Et qui dit investissement, dit coût.» Il ajoute qu’avec tout le travail fait en amont pour produire une pomme d’amour de choix, il faut que le prix sur les étals soit abordable également.

Problème financier

En revanche, pour Asim Jafer, les affaires ne tournent pas comme cela aurait dû. Ce planteur à Dubreuil observe que les pommes de terre et les oignons ne poussent pas correctement. «75 % de mes récoltes sont perdues. Je pense que c’est dû au froid.» Il ajoute qu’en sus du temps changeant, il doit également se battre financièrement pour avoir des intrants pour ses champs. «Tout est cher, que ce soit des fertilisants, ou autres sels de rapport.»

Également planteur de carottes, il ajoute que la production de ce légume est encore plus coûteuse. «Une boîte de graines est estimée à Rs 4 250. Et puis, une fois que les carottes ont poussé, on doit les vendre entre Rs 5 et Rs 7 aux grossistes. On oublie que cela a pris presque trois mois pour pousser, qu’il a fallu avoir des mains supplémentaires pour en prendre soin.»

Il précise que les prix des produits comme les sels de rapport ne cessent de prendre l’ascenseur. «En trois jours, le prix est passé de Rs 1 200 à Rs 1 505.» Il sollicite une aide gouvernementale pour mener à bien son travail.

Pour le secrétaire de la Small Planters Association (SPA), Kreepalloo Sunghoon, un retour aux anciennes méthodes pourraient aider les planteurs à combattre le froid. «Avec le froid, il y a une sorte de champignon qui se forme et affecte les plantations. Les planteurs doivent utiliser un produit pour empêcher ce champignon de se propager.»

Pour affronter le temps peu clément, plusieurs méthodes peuvent être utilisées. «Autrefois, on utilisait des petits murs qui se trouvaient déjà dans les champs. On plantait les légumes tout près afin que les plantes soient protégées du vent froid. Ou encore, les anciens planteurs mettaient de grosses roches près des plants de pommes d’amour. Pendant la journée, ces rochers captaient les rayons du soleil et pendant la nuit, cette chaleur se répandait dans les racines des plantes. Une autre méthode était d’utiliser la paille sèche entre la terre et le plant.»

Les jeunes agriculteurs pourraient en tout cas s’inspirer de ces méthodes car le climat n’est pas près de changer, surtout quand on sait qu’août est d’habitude le mois le plus froid…