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Construction Industry Training Council: à quoi servira-t-il ?

20 juin 2022, 15:00

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Construction Industry Training Council: à quoi servira-t-il ?

L’industrie du bâtiment doit renforcer ses capacités et améliorer les compétences de ses forces vives. À cette fin, un Construction Industry Training Council (CITC) a été annoncé dans le Budget 2022-23. Ainsi, l’État veut mettre les bouchées doubles pour développer la main-d’oeuvre dans ce secteur qui doit souvent importer des ressources humaines étrangères. Mais à quelles fins veut-on créer le CITC? Les constructeurs se sentent concernés. Bhooshan Ramloll, Managing Director de RBRB Construction Ltd, s’exprime. «Personnellement, je n’en vois pas la nécessité puisque le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) existe déjà. Deuxièmement, peut-être qu’ils changeront de cadre et altéreront le style de formation ou amèneront quelque chose de nouveau, d’où l’élaboration d’une nouvelle structure.» 

Il pense que le CITC s’attellera à la formation. D’autant que Maurice est tributaire d’un manque de main-d’oeuvre que ce futur organisme pourrait ainsi pallier. Néanmoins, ce projet demeure… un terrain vague pour l’instant. Gérard Uckoor, vice-président de l’Association des contracteurs SME, s’interroge également sur la direction que prendra le CITC. «Puisqu’il y a tellement de contracteurs allant dans une mauvaise direction et faisant mauvaise impression, il se peut que cet institut oeuvre dans ce sens, notamment à mieux canaliser les prestataires. D’un autre côté, le Human Resource and Development Council (HRDC) a déjà enclenché la formation.» D’après lui, le CITC servirait sans doute à mettre en garde les constructeurs qui dérivent de leur mission initiale. 

Un autre spécialiste de la construction revient également sur les programmes de formation du HRDC, dont le Skills Development Programme, et précise que la construction a ses spécificités. «Pour des raisons quelconques, cela ne semble pas avoir marché. La demande est là pour la formation de la main-d’oeuvre et même son importation. À tous les niveaux, il y a une revalorisation des métiers de la construction. Éventuellement, s’il y a un CITC, peut-être que la formation ne sera pas limitée à la main-d’oeuvre manuelle comme les maçons, charpentiers, etc. mais aussi pour les cadres.» 

D’après lui, le besoin de formation continue est vital dans ce secteur. Avec tous les projets actuels, un encadrement correct est requis. «Par exemple, on ne peut avoir un Project Manager dépourvu de la formation nécessaire. Puis, la construction est dynamique. Quelqu’un formé dix ou 20 ans plus tôt n’était pas forcément bien encadré. Maintenant avec l’évolution de la technologie, la façon de faire a changé, ce qui explique pourquoi le Continuous Development Programme est obligatoire», poursuit-il. 

Encourager les jeunes 

De son côté, le président de l’Association des contracteurs SME, Vidianand Toofanny, indique que toute formation est bonne à prendre. Celle-ci sera vectrice de professionnalisme et d’innovation dans le domaine. «Un conseil de la construction rajoutera du sérieux au secteur. Nous avons beaucoup de manquements, vu que des ouvriers ont surtout appris sur le tas. Si des formations permettent de valoriser le métier et la main-d’oeuvre, cela encouragera les Mauriciens, surtout les jeunes à y exercer. Cela contribuera aussi à les faire avancer dans leur vie», soutient-il. 

Quid de la priorisation des contrats publics de moins de Rs 20 millions aux petits entrepreneurs ? Quels projets seront concernés ? Selon Bhooshan Ramloll, les constructeurs sont scindés en trois catégories : minor, medium et large. Les minor contractors couvriront des petits contrats allant jusqu’à Rs 20-25 millions. «C’est normal que ces projets soient réservés aux petites entreprises locales avec une clause de préférence. Pour ce montant précis, ce sont de petits bâtiments et locaux, des travaux de rénovation, entre autres», soutientil. Pour Gérard Uckoor, il est légitime que ces projets en dessous de Rs 20 millions soient réservés aux petits contracteurs, fort de la capacité des grands constructeurs à décrocher petits et grands contrats. Ainsi, les petites entreprises de construction pourraient y aspirer. «Cette mesure budgétaire vient refléter la réalité des contracteurs», avance-t-il. 

Selon l’autre spécialiste en construction, les petits projets se regroupent dans un Framework Agreement, ce qui fait que quand un contracteur décroche un projet de Rs 300 millions, cela impliquera plusieurs prestataires. Il peut faire de la sous-traitance. «Mais pourquoi les petits contracteurs ne peuvent pas empocher ces contrats directement ? C’est la démocratisation dans un sens. Ces derniers disaient toujours ne pas pouvoir décrocher des projets à valeur élevée, à l’inverse des grands, qui peuvent empocher les petits contrats. Cette mesure va dans cette direction.» 

À moins de Rs 20 millions, ces projets peuvent inclure des rénovations de collèges, travaux de tout-à-l’égout, de canalisation, d’extension de bâtiments, asphaltage des allées et petits projets municipaux et de conseils de district. En revanche, les ponts et chaussées demeurent des mégaprojets valant des centaines de millions, voire de milliards de roupies, ajoute-t-il. Vidianand Toofanny souligne qu’une demande avait été faite que les contrats n’excédant pas Rs 20 millions soient réservés aux petits prestataires. Aussi, il s’en réjouit pour le secteur. «Les projets tombant dans ce barème comprennent notamment la réhabilitation d’un terrain de football, d’un jardin d’enfants, la mise à jour d’un immeuble ou une petite construction d’une telle valeur.»