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Zaid, marchand de glaces : «Ils m’ont battu parce que j’écoutais la chanson ‘Polico crapo’»

12 juin 2022, 18:30

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Zaid, marchand de glaces : «Ils m’ont battu parce que j’écoutais la chanson ‘Polico crapo’»

Il soutient avoir souffert le martyre aux mains d’officiers de la brigade antidrogue de Rose-Belle. Un trentenaire, marchand de glaces, aurait été tabassé parce qu’il écoutait la chanson de 666 Armada, Polico crapo. Il témoigne...

«Non, je n’ai pas peur des représailles, il faut que tout le monde sache ce qui s’est passé. C’est impardonnable de m’avoir frappé, juste parce que j’écoutais la chanson Polico Crapo dans mon van où je vends des glaces…» Selon Zaid Kodabaccoss, 37 ans, les faits se sont déroulés le mercredi 8 juin, vers 16 h 45 dans la région de Rose-Belle. Il avait fini de vendre ses glaces à différents endroits, dont Ballisson, et rentrait chez lui. «À force d’entendre les chansons du camion de glace à longueur de jour- née, pour déstresser, j’ai l’habitude de mettre d’autres chansons en route quand je rentrer chez moi. Je branche mon téléphone aux appareils du véhicule et je laisse défiler des chansons sur YouTube.»

Et «sa zour-la, santé Polico crapo ti pe baté kan mo ti pe pas kot buro l’ADSU (Anti Drug & Smuggling Unit)». Selon notre interlocuteur, deux des véhicules étaient déjà entrés dans la cour du bureau de l’ADSU et un troisième s’apprêtait à le faire. «J’ai ralenti pour leur céder le passage. Mais deux des policiers sont descendus du véhicule et se sont dirigés vers mon van. Zot finn koumans dir mwa ki mo pé pran nisa ek zot akoz sa mo finn met sa santé-la.» Zaid Kodabaccoss explique qu’il a essayé tant bien que mal de leur faire entendre raison mais qu’ils ont fait usage de la force pour le faire descendre de son van. «J’ai reçu des coups de poing et de pied et ils m’ont traîné sur la route jusqu’à leur bureau. Il y a des témoins de la scène, dont plusieurs marchands qui étaient sur les lieux.»

L’habitant de Rose-Belle allègue avoir encore été battu une fois à l’intérieur. «Ils avaient une torche électrique entre les mains. Ils voulaient me faire peur avec. Monn sipliyé zot pou pa fer mwa plis dimal parski mo zorey ti déza malad. Ils ne s’en sont pas servi mais ils m’ont donné des gifles et autres coups. Les traces de blessures que vous voyez en témoignent.» Qui plus est, le marchand de glaces allègue que les policiers l’ont forcé à avouer qu’il avait de la drogue en sa possession. «Je ne voulais pas le faire mais j’étais impuissant face à eux. Zot finn kontinié bat momem. Zot inn dir mwa monn anvi pran nisa ek Polico crapo ek zonn bien zour mwa. Ils m’ont dit que j’allais devoir maintenant subir les conséquences. Je me demande comment aujourd’hui je peux être mêlé à une affaire de drogue alors que je ne suis pas un toxicomane. J’ai un casier judiciaire vierge.»

Les policiers l’ont par la suite ramené chez lui, selon ses dires, pour procéder à une fouille dans sa chambre, toujours dans la soirée du mercredi. «Mais ils n’ont touché à rien dans la maison avant de me reconduire à leur bureau. J’ai été placé en détention. Le jeudi matin, ils ont pris ma déposition. Comme je ne sais pas lire, je ne sais pas ce qu’ils ont écrit, ils m’ont obligé à signer et m’ont conduit au tribunal de Mahebourg où j’ai obtenu la liberté conditionnelle. Mo pena kas pou pran enn avoka mwa. J’ai dû tout accepter. Aujourd’hui, j’ai peur qu’ils essaient à nouveau de me faire porter le chapeau pour d’autres affaires de drogue avec lesquelles je n’ai aucun lien.»

Une fois libre, l’homme de 37 ans s’est rendu jeudi à l’hôpital de Rose-Belle en compagnie son frère, où il a pris un formulaire 58 et a porté plainte au poste de police de l’établissement hospitalier. Vendredi, dans la journée, il s’est tourné vers l’ Independent Police Complaints Commission (IPCC). «Aujourd’hui, je veux obtenir justice et je veux attirer l’attention sur mon sort au cas où ils me persécutent plus tard.»

Zaid Kodabaccoss essaie également d’obtenir l’aide d’un avocat qui pourra le représenter dans cette bataille contre les hommes en uniforme