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Tortures policières: «Il ne faisait que son travail», crient les proches du constable Moorghen

8 juin 2022, 19:45

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Tortures policières: «Il ne faisait que son travail», crient les proches du constable Moorghen

Les six policiers arrêtés à la suite de vidéos violentes publiées sur la Toile et de plaintes de victimes ont comparu au tribunal hier matin. Ils ont ensuite été reconduits en cellule policière. Le fait que ce soit la police qui enquête sur eux, et non l’IPCC, est un argument de défense qui se dessine.

Les constables Gopalen Moorghen et Bheemal Luchmun ont comparu au tribunal de Vieux-Grand-Port, hier matin, sous une accusation provisoire de «torture by public official». La police ayant objecté à leur remise en liberté, ils ont été reconduits en cellule policière. Ils ont été arrêtés, lundi, par le Central Criminal Investigation Department (CCID) après la plainte de Deepak Jeeool. Cet habitant de Plaine-Magnien, âgé de 45 ans, soutient qu’il a été torturé par des policiers de l’ancienne équipe de la Special AntiRobbery Squad (SARS) du Sud. La police de Mahébourg a fermé les routes menant au tribunal pour éviter tout dérapage.

Lors de leur comparution, leur avocat, Me Ritesh Sumputh, a soulevé un point de droit avec la magistrate : que la police n’a pas le droit d’enquêter sur cette affaire. Selon l’IPCC (NdlR, Independent Police Complaintes Commission) Act 2016 section 10 (2) c, quand il y a une plainte pour brutalité policière, c’est cette instance qui doit enquêter et, s’il y a matière, référer le cas au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). Celuici décidera s’il faut ou pas poursuivre et donnera des directives à la police pour déposer une plainte provisoire. Il a dénoncé les procédures appliquées dans cette affaire et logé une motion pour rayer la charge provisoire. L’affaire sera entendue le 10 juin

Des proches des policiers étaient parmi l’assistance au tribunal de Vieux-Grand-Port, hier matin. Ces derniers n’arrêtent pas d’avancer que l’arrestation des deux policiers est injuste. «Mon époux est un policier, il a prêté serment pour protéger les civils et arrêter des malfrats. Comme récompense, aujourd’hui, on le traite comme un criminel.Nous avons un fils malade et moi-même, je n’ai pas toute ma santé, nous avons besoin de lui. Je lance un appel au Premier ministre et au commissaire de police de faire preuve de compassion», lance l’épouse du constable Moorghen. «Mo misié inn fer so travay kouma bizin. Komié fwa linn pas lanwit deor pou al rod voler, kriminel. Li sorti boner lakaz, li bizin al dan bwa, expoz so lavi. Li finn rat plizier moman familial pou so travay parski so travay ti pas avan tou.Tousala pou aret voler ek kriminel.Momisié ti dévoué pou so travay», ajoute-t-elle. La sœur du constable Moorghen, également présente, explique que les deux policiers arrêtés doivent être libérés sous caution car «ils ont travaillé pour la population et ne méritent pas ça».

Rappelons que des victimes de tortures au taser filmées, dont Christopher Pierre-Louis, David Jolicoeur et d’autres, ont porté plainte aux Casernes centrales, entraînant l’arrestation d’officiers de la Criminal Investigation Division de Terre-Rouge – l’inspecteur Kailash Derochoonee, le sergent Badal Reedoye et le constable Keertiwansing Gookhool – la semaine dernière et du constable Bapoo Purgaus, lundi. Les quatre ont comparu au tribunal de Pamplemousses, hier.

Liberté provisoire ?

Cette fois la donne avait changé. Vers 11 h 50, ces policiers sont arrivés au tribunal sous forte escorte policière, dont de la Special Supporting Unit (SSU) et du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), cagoulés, sous les regards de nombreux Mauriciens venus assister à la scène, révoltés par ce qu’ils ont vu sur les réseaux sociaux.

À leur arrivée, la SSU a barré la route pour permettre aux suspects de pénétrer dans l’enceinte du tribunal. La foule devait exprimer son mécontentement en criant : «Ta kriminel, to pa onte, asasin. to pena fami ta!» Les accusés étaient menottés cette fois et la police ne les prenait pas avec des pincettes.

La séance n’aura duré qu’une trentaine de minutes et la sentence aura été presque la même pour les quatre officiers. Ils ont tous été reconduits en cellule policière. Le sergent Reedoye et le constable Gokhool devront comparaître à nouveau au tribunal le 14 juin alors que le constable Purgaus devra y retourner le 12 juin.

Par ailleurs, l’avocat de l’inspecteur Derochoonee a présenté une motion afin que son client soit remis en liberté conditionnelle. Il a expliqué que la police ne pouvait pas enquêter sur un policier.