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Hausse des taux d’intérêt: décourager l’endettement pour combattre l’inflation

4 juin 2022, 18:12

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Hausse des taux d’intérêt: décourager l’endettement pour combattre l’inflation

Jugé transitoire par les autorités locales il y a quelques mois, le taux d’inflation qui a atteint 11% force à une révision de la politique monétaire, le taux directeur passant de 1,85 % à 2 % en mars et relevé à 2,25% hier, par le MPC. Cette tendance haussière des taux d’intérêt est une mesure adoptée depuis des mois déjà par plusieurs banques centrales à travers le monde face à la poussée inflationniste.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale a augmenté son taux directeur d’un demi-point de pourcentage, pour le porter dans une fourchette de 0,75 % à 1 %, l’inflation étant au plus haut depuis 40 ans aux States. La Bank of England a aussi augmenté ses taux d’intérêt en mai, portant le taux directeur à 1 %. Même constat en Inde, où le taux directeur est passé de 4 % à 4,4 %.

Quel est l’impact d’une hausse du taux directeur sur l’inflation ? Augmenter le taux d’intérêt a pour résultat de décourager le crédit, réduisant donc la liquidité disponible à la consommation. Si emprunter pour consommer coûte plus cher pour rembourser des dettes, cela réduit la pression sur la demande des produits de consommation et a de facto un impact sur les prix des produits et commodités.

Cette stratégie favorise ainsi une baisse du taux d’inflation et une hausse de l’épargne, car si les taux intérêts augmentent, garder son argent à la banque est pertinent, à condition que cette hausse soit plus conséquente que celle du taux d’inflation ; au cas contraire, cette mesure n’aura en réalité que très peu d’impact positif sur la valeur de votre argent en épargne.

Si cette tendance de la hausse du repo rate se poursuit, les consommateurs devraient donc commencer à se concentrer sur le remboursement de leurs dettes et les banques seront amenées à être plus prudentes dans l’octroi de prêts pour éviter d’être confrontés à une augmentation du nombre de prêts non performants, la dette coûtant trop cher à solder pour les consommateurs. Bien évidemment, une augmentation du repo rate devrait être à l’avantage du consommateur dans la mesure où cela s’avère efficace pour lutter contre l’inflation.

Toutefois, elle est moins positive pour les entreprises, surtout celles qui sont endettées. Dans ce contexte, il est donc impératif que le secteur privé puisse se recapitaliser, créer de la valeur, se restructurer et se réinventer pour régler sa dette envers les banques.

Augmenter les taux d’intérêt peut aussi avoir un impact sur les réserves en devises étrangères, avec ce que l’on appelle l’interest differential. Cela implique que si notre taux d’intérêt est trop bas comparé à, disons, celui des États-Unis, il peut y avoir une fuite de capitaux, les étrangers ou institutions étrangères gardant leurs investissements dans nos banques, perdraient la valeur de leur investissement car les taux d’intérêt seraient trop faibles. Une fuite de capitaux aura évidemment un impact sur la roupie qui se dépréciera. Donc augmenter le taux directeur est la bonne marche à suivre, compte tenu du contexte international.

La question qui se pose reste cependant, n’est-ce pas un peu tard pour ce renforcement de la politique monétaire ? Le temps que nous avons pris à nous décider alors que les taux d’intérêt augmentaient dans le monde entier a fait que l’inflation a continué et continue de grimper à Maurice, nécessitant maintenant bien plus que l’augmentation de 25 points de base du repo rate. Quelles seront ces autres mesures pour contrer l’inflation ? Le budget attendu mardi devrait nous aider à y voir plus clair