Publicité

Sorties politiques: pourquoi Pravind Jugnauth est d’humeur combative

30 mai 2022, 11:07

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Sorties politiques: pourquoi Pravind Jugnauth est d’humeur combative

Le Premier ministre s’inquiète-t-il pour sa cote de popularité? En une semaine, il a enchaîné les sorties, ne ratant pas une occasion de s’en prendre à ses adversaires politiques, en utilisant les plateformes socio-culturelles. Selon des membres de l’opposition, il agit comme en campagne électorale, ce qui soulève des doutes par rapport à la tenue d’une élection anticipée.

Entre le dimanche 22 et le samedi 28 mai, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a multiplié les sorties aux quatre coins de l’île. Lors de celles-ci, des discours politiques ont été prononcés à outrance. Profitant tantôt des plateformes socio-culturelles, tantôt des activités gouvernementales, Pravind Jugnauth n’a pas mâché ses mots à l’égard de ses adversaires politiques, que ce soit les partis traditionnels ou encore les partis politiques extraparlementaires.

Déjà, au Parlement, le Premier ministre élargit son discours sur des projets de loi pour s’attaquer à des adversaires – il a rappelé l’épisode Ramgoolam-Soornack ou l’affaire Macarena. Il a soulevé une vieille affaire au sujet de Dhiraj Khamajeet concernant des emplois dans le secteur public. Et samedi aprèsmidi, à Plaine-des-Roches, il a rappelé l’anniversaire de sir Anerood Jugnauth en 2014 et comment Paul Bérenger a joué un mauvais tour au Mouvement socialiste militant (MSM) en allant négocier avec Navin Ramgoolam juste après avoir fait manger une tranche de gâteau à sir Anerood.

Le même après-midi, Pravind Jugnauth est allé plus loin en parlant de Jean-Michel Giraud, et comment les courses hippiques ont été pendant des années une affaire d’un «groupe de personnes». Qu’est-ce qui pousse le leader orange à être d’humeur combative ? D’autant qu’il n’est pas en campagne électorale.

our le député du Parti travailliste (PTr) Ritish Ramful, «c’est clair que le Premier ministre est acculé suivant les récents événements et la situation économique. Il devient de plus en plus impopulaire et se sert des platesformes socio-culturelles pour s’attaquer à des adversaires politiques. Alors qu’il empêche l’opposition de tenir des rassemblements de plus de 50 personnes, il se permet de se rendre chez des organisations socio-culturelles pour passer des messages politiques et cela avec la complicité de la MBC»

Pour le député du PTr, Pravind Jugnauth est déjà en campagne électorale «et je me demande s’il ne se positionne pas à mener le pays vers des snap elections». Car, selon Ritish Ramful, la situation économique se détériorera davantage et le gouvernement deviendra encore plus impopulaire. Il ne croit pas que le gouvernement tiendra des élections municipales, car les résultats annonceront la fin de ce gouvernement.

Il s’en prend à Pravind Jugnauth qui accuse l’opposition de protéger les trafiquants de la drogue. «Je prends le cas de Reza Uteem. Je trouve aberrant que le député fasse l’objet de critiques acerbes de la part du Premier ministre. Il a juste posé une question pour savoir comment ce Slovaque a passé trois années sur le sol mauricien sans être moindrement inquiété. Et je me demande qu’a fait Pravind Jugnauth après le rapport de Lam Shang Leen sur la drogue, dans lequel un de ses anciens ministres a été vertement critiqué ? Il ose dire que le PTr n’a rien fait contre les trafiquants de drogue. Combien de trafiquants ont été condamnés depuis qu’il est devenu Premier ministre ?» se demande-t-il.

Le deputy leader du Mouvement militant mauricien, Ajay Gunness, estime que Pravind Jugnauth est paniqué et que sa bouée de sauvetage est communale. «Son père avait essayé d’utiliser l’arme communale en 1995 avec les langues orientales et on sait ce qui s’est passé. Le fils n’est pas loin et il finira comme son père, emporté par un 60-0 aux élections de décembre 1995.»

Contrairement à Ritish Ramful, Ajay Gunness ne croit pas que le chef du gouvernement organisera des élections générales anticipées. «Je connais bien les Jugnauth. Pravind s’accrochera à son poste jusqu’au dernier moment car je ne vois aucune défection au niveau de cette alliance, à moins qu’il y ait un éveil de conscience de quelques députés.» Il estime que plus les mois passent, plus le gouvernement deviendra impopulaire car, dit-il, Pravind Jugnauth est un homme dépassé. D’où ses discours qui rappellent le passé.

Kushal Lobine, du PMSD, souligne, lui, que le MSM avait annoncé dans son manifeste électoral, en 2019, que le parti se dis- socierait des autres en évitant de faire des discours, encore moins politiques, lors des rassemblements des organisations socio-culturelles. Pourtant, «aujourd’hui, avec la complicité de la MBC, ce sont purement des discours politiques que tient Pravind Jugnauth. J’aurais souhaité qu’il s’attaque à ses adversaires politiques dans des réunions du MSM et non lors de rassemblements religieux ou socio-culturels. C’est une perversion de la démocratie».

Pour Kushal Lobine, Pravind Jugnauth s’inquiète de sa survie politique. D’où ses sorties durant lesquelles il parle de politique à outrance.