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Brésil: nouvelle opération policière meurtrière dans une favela de Rio

24 mai 2022, 19:26

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Brésil: nouvelle opération policière meurtrière dans une favela de Rio

Un an après le raid policier le plus sanglant dans une favela de l'histoire de Rio de Janeiro, une nouvelle opération musclée des forces de l'ordre a fait 11 morts mardi, à Vila Cruzeiro, dans le nord de la ville brésilienne.

La police militaire, qui mène fréquemment ce genre d'opérations matinales dans les favelas de Rio contre les narcotrafiquants, a évoqué la mort de «10 criminels présumés» et d'une habitante victime d'une balle perdue.

Les policiers assurent avoir été accueillis par des tirs alors qu'ils entamaient une opération destinée à «localiser et capturer des criminels».

Parmi les suspects recherchés, figurent des «chefs de gangs cachés dans la favela», certains d'entre eux «originaires d'autres régions du Brésil», notamment du nord-est.

En mai 2021, une opération policière dans la favela de Jacarezinho, à environ 10 km de Vila Cruzeiro, avait fait 28 morts, dont un policier, le bilan le plus lourd de l'histoire de la ville.

Vila Cruzeiro, favela située à flanc de colline, non loin de l'aéroport international de Rio, avait déjà été le théâtre d'un autre affrontement violent en février, quand huit personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre.

L'opération, qui a débuté vers 4h00 du matin (7h00 GMT) visait mardi particulièrement le «Comando Vermelho» (commando rouge), l'une des principales factions criminelles du Brésil «responsable de plus de 80% des fusillades à Rio», a déclaré un porte-parole de la police à TV Globo.

Les autorités ont fait état de fusillades dans la partie haute de Vila Cruzeiro, «y compris dans la forêt» qui recouvre une partie de la colline.

Sept fusils d'assaut, cinq pistolets, dix motos et six voitures ont été saisis lors de l'opération.

Selon les services municipaux, 19 écoles sont restés fermées en raison des fusillades.

Pas de caméras sur les uniformes

«Encore un massacre. Les écoles fermées, des milliers de personnes terrorisées. C'est la faillite de tous les plans de réduction (de la violence policière), la politique d'extermination suit son cours à Rio», a tweeté le conseiller municipal de gauche Tarcisio Motta.

Lors de ces opérations musclées de la police militaire de Rio, des habitants et militants associatifs dénoncent souvent des bavures ou des exécutions extrajudiciaires de suspects, des exactions la plupart du temps impunies.

Dix des treize enquêtes ouvertes après le massacre de Jacarezinho ont été classées et seuls quatre policiers ayant pris part au raid ont fait l'objet de poursuites judiciaires.

La police brésilienne est l'une de celles qui tue le plus au monde, avec plus de 6 100 morts en 2021, soit 17 par jour en moyenne, selon le décompte du moniteur de la violence du site G1 en partenariat avec l'université de Sao Paulo (USP) et l'ONG Forum de sécurité publique.

Les policiers de Rio étaient censés porter des caméras-piétons sur leurs uniformes à partir de ce mois de mai, mais l'utilisation de ce matériel a été reportée.

Selon le quotidien Folha de S. Paulo, ce report est dû à un retard de livraison et les caméras ne devraient être disponibles qu'en juin.

Dans l'Etat voisin de Sao Paulo, le nombre d'épisodes violents impliquant des policiers a chuté de 87% depuis l'utilisation des caméras, qui s'est généralisée depuis 2021.

Les experts en sécurité estiment que les caméras permettent d'éviter des bavures, mais ne sont pas la panacée, et leur utilisation devrait être accompagnée d'une réforme profonde de la police.

Ils préconisent notamment l'abandon de la logique de confrontation permanente dans la lutte contre le trafic de drogue, pour mener des enquêtes plus poussées pour s'attaquer aux ressources financières des factions criminelles.