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Comment une ukrainienne originaire de Marioupol vit la guerre de Maurice

13 avril 2022, 17:30

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Comment une ukrainienne originaire de Marioupol vit la guerre de Maurice

Le bilan est lourd. Les Ukrainiens résidant à Maurice suivent impuissants l’invasion de leur pays par l’armée russe depuis 49 jours. Anastasiia Thomas, originaire de Marioupol, raconte le calvaire des siens dans cette ville entièrement bombardée.

Hier, l’armée ukrainienne a confirmé que la ville portuaire de Marioupol allait tomber. Véritable symbole de la résistance face à l’avancée russe, cette dernière ne peut plus contrer les offensives, faute de munitions. Des vidéos et des images de corps de femmes, enfants et personnes âgées, décapités, criblés de balles et jetés çà et là, continuent de révolter la planète. Des gendarmes français ont même été dépêchés dans le pays pour prêter main-forte à leurs homologues ukrainiens dans leurs investigations sur les crimes de guerre autour de Kiev, la capitale.

À Maurice, la petite communauté ukrainienne suit chaque événement à la minute. Anastasiia Thomas tente de garder un contact permanent avec ses parents. «Pour le moment, ils vont bien. Les autres membres de ma famille aussi. Beaucoup ont dû quitter notre ville pour se rendre à Boutcha. Notre maison à Marioupol a été partiellement détruite par une bombe. La partie encore debout est déjà occupée par l’armée russe. Nos voisins, encore en vie, ont été déportés vers la Russie. Certains, toujours en contact avec nous, essaient de trouver des moyens pour s’évader de là où ils sont.»

Une situation effroyable pour les parents d’Anastasiia. «Ils sont traumatisés, stressés. Ils ont quitté la ville mais ils sont face à une autre épreuve à présent. Les Russes ont déployé leurs tanks près des habitations pour se protéger car ils savent que les Ukrainiens ne lanceront pas d’offensive à proximité des civils. Ils ont détruit les connexions d’électricité, d’eau et de gaz ; or, les températures sont en dessous de zéro degré. Les soldats russes ont aussi détruit les installations satellites. Les habitants ne peuvent plus contacter leurs proches.»

Finalement, la ville de Boutcha a aussi été le théâtre de massacres. De nombreuses images montrent des corps sans vie qui jonchent les routes. «Mes parents ont tenté d’évacuer cette ville également. La première fois, ils ont été dépouillés par les soldats russes qui les ont menacés de mort. Ils ont dû rebrousser chemin. Puis, un miracle s’est produit. Ils ont pu, avec le soutien d’une autre famille, quitter la ville à bord d’une voiture. Ils ont entendu des tirs toucher ceux qui partaient dans des autobus. Des enfants ont été tués. Je connais quelques personnes qui ont perdu leurs proches et amis, disparus ou tués pendant ces attaques.»

Anastasiia Thomas réside à Maurice depuis cinq ans avec son époux. Comme tous ses compatriotes, elle ne sait pas quand, ni comment, cette guerre prendra fin. La région de Kiev, à elle seule, recense plus de 1 220 morts. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter.