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Changement climatique: plus de maladies et de décès constatés

7 avril 2022, 17:00

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Changement climatique: plus de maladies et de décès constatés

Les fortes pluies qui s’abattent sur le pays depuis quelques mois en témoignent : le changement climatique accable de plus en plus Maurice. Mais au-delà de la pollution et du besoin de développement des ressources naturelles, la santé des citoyens a aussi du plomb dans l’aile. 

Hélas, constate Khalil Elahee, professeur à la faculté d’ingénierie à l’université de Maurice, nous n’avons pas assez d’études à ce niveau sur le plan local. Cependant, des chercheurs internationaux, notamment en Inde et en Afrique, s’y consacrent pleinement. «Concrètement, il existe des vecteurs de maladies qui n’existaient pas et qui apparaissent maintenant. On l’a vu pour le Chikungunya. Idem pour d’autres pathologies avec la chaleur, l’humidité, etc.» S’y greffe, l’impact du changement climatique sur la résistance réduite de l’homme et des animaux face aux maladies. 

Des recherches indiquent qu’une exposition additionnelle à la chaleur liée au changement climatique, a déjà entraîné une hausse des décès prématurés. Et ce, particulièrement dans les environnements urbains, où la combinaison de la chaleur et la pollution de l’air contribuent à la mortalité. Les enjeux de santé y relatifs sont les troubles cardiovasculaires, respiratoires, les maladies rénales, les problèmes mentaux et ceux liés à la reproduction. Les séniors, femmes enceintes et individus atteints de complications de santé antérieures, sont les plus vulnérables. 

D’autres vecteurs de pollution non négligeable qui influent sur la santé : les feux de forêt et de champs – responsables des problèmes respiratoires et de la contamination des aliments et cours d’eau – ainsi que la sécheresse, qui affecte de plus en plus l’Afrique et provoque des diarrhées, notamment. Sans parler de la toxicité liée à la contamination de l’eau qui coule du robinet. 

Qui plus est, le taux de mortalité liée aux maladies infectieuses grimpe, et ce, en raison du changement climatique. Dans la région, sévissent le virus du Zika, la dengue, entre autres. La dégradation de la qualité de l’air est aussi vectrice d’asthme et d’allergies. «Le réchauffement global implique plus de feux de forêt et de champs, ce qui rajoute une couche à cette pollution et affecte la santé des gens au bas de l’échelle et en situation de précarité», précise le Dr Shameem Jaumdally, virologue et chercheur. 

Stopper la combustion des énergies fossiles est plus que jamais urgent, renchérit en outre Khalil Elahee. Les émissions des carburants fossiles contribuent à environ 65 % de cet excès de mortalités, attribuable à la pollution de l’air. Globalement, ceci entraînerait 5,6 millions décès de moins relatifs à cette pollution. 

Cancers et moustiques 

De son côté, un médecin généraliste revient sur la pollution, soit la présence de contaminants dans l’atmosphère ou l’eau. D’ailleurs, confie la doctoresse, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 91 % de la population mondiale vit dans des régions sujettes à la pollution de l’air. Pour elle, ce type de pollution infiltre le corps à travers les voies respiratoires. Les maladies connexes sont l’inflammation, le stress oxydant (un déséquilibre entre la quantité excessive de radicaux libres et des antioxydants) et l’immunosuppression (insuffisance de moyens de défense naturels de l’organisme). 

En sus des maladies cardiovasculaires, ou respiratoires chroniques, les cancers sont plus récurrents. «Les maladies découlant de cette pollution peuvent provenir de la maison et de l’extérieur, et ce suivant une courte ou longue exposition aux contaminants. La pollution de l’air mène au changement climatique. Par conséquent, nous cumulons plus de maladies et de décès. Des attaques cardiaques chez les séniors, la malnutrition de par les problèmes agricoles et la prolifération des moustiques et risques de maladies infectieuses face au réchauffement climatique», explique notre interlocutrice. 

En termes de pollution de l’eau, elle évoque des maladies comme le choléra, la dysenterie, l’Hépatite A et la typhoïde. «Parallèlement, nous sommes exposés aux eaux contaminées à travers des produits chimiques, des algues toxiques avec des déchets industriels et autres ordures. Cela a des répercussions sur les productions agricoles non saines que nous consommons et qui peuvent provoquer des cancers et autres maladies», ajoute-t-elle. Et en termes de pollution environnementale, les risques sont légion : infestations de rongeurs, leptospirose (une maladie bactérienne), la maladie de Lyme, provoquée par une piqûre de tique infectée par une bactérie, notamment. D’où l’urgence de réduire toutes ces sources de pollution qui détruisent notre santé. 

D’autant plus que l’on constate la recrudescence de certaines maladies dans les pays fortement pollués. D’ailleurs, les troubles cardiovasculaires et autres attaques augmentent en présence d’autres comorbidités telles que le diabète, l’hypertension, le tabagisme, le manque d’activités physiques, liés aux changements de notre mode de vie. «Définitivement, le cancer est en hausse mondialement et à Maurice», lâche la doctoresse. 

Tout en confirmant la prévalence des maladies infectieuses et respiratoires face aux changements climatiques et la pollution planétaire, le Dr Shameem Jaumdally souligne que la diarrhée, résultant du manque d’eau potable, celle-ci étant polluée, est la première cause de mortalité infantile dans le monde. «La réduction d’accès à cette ressource et la contamination des cours d’eau engendrent plus de maladies. Quand les gens souffrent de troubles respiratoires causés par la pollution de l’air, accentué par l’industrialisation, le Covid-19 en est exacerbé.» Selon le virologue, durant les deux dernières décennies, des épidémies et maladies émergentes d’ordre génétique ont augmenté de fréquence. «C’est imputable à l’incursion de l’homme dans l’habitat naturel des animaux pour des besoins alimentaires et à travers des clairières pour le développement de projets infrastructurels et agricoles.» 

Concernant le climat, il note des changements extrêmes et rapides, entraînant davantage de maladies infectieuses sujettes à des contaminations par les animaux. «Comme nous avons plus de pluies, les moustiques peuvent être vecteurs de diverses maladies. Cela induit aussi une migration et un changement de comportement des animaux. Et rapproche les humains des espèces qui n’étaient pas habituellement en contact avec eux. Augmentant ainsi les risques de maladies dans une plus grande sévérité», indique-t-il. 

La sécurité alimentaire est aussi en eaux troubles. Car une alimentation déficiente implique une détérioration rapide et drastique de la santé. Les canicules ne sont pas en reste et affectent les personnes les plus vulnérables. D’ailleurs à Maurice, le mercure a largement grimpé durant les dernières années. Pour le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées, les extrêmes dans les températures, cyclones et inondations n’épargnent pas la santé des citoyens. «Les cyclones et inondations provoquent des infections, dont l’intoxication alimentaire qui est plus fréquente. Et face à la hausse des températures, les maladies liées aux moustiques seront plus fréquentes.»

En guise de piqûre de rappel, tous nos experts martèlent qu’il est temps d’agir et d’être plus responsables, en essayant, chacun à notre niveau, de moins polluer la planète afin qu’elle arrête de suffoquer. Il y va de notre santé…

 

Mortalité: les causes 

<p>Selon le rapport annuel sur les statistiques de la Santé, les troubles cardiaques progressent en termes de causes de mortalité au sein de la population mauricienne. Ainsi, 1 246 décès sont imputés aux infarctus du myocarde étaient recensés en 2019 contre 1276 en 2020. Les morts par défaillance cardiaque, chiffrées à 187 en 2019, sont passées à 241 en 2020. Idem pour les autres maladies cardiaques qui étaient au nombre de 490 en 2019 et 505 en 2020. Les décès causés par les maladies du système respiratoire étaient de 1 233 en 2018 mais en 2016, ce chiffre était de 882 et de 907 en 2014 respectivement. Certes, la hausse est perceptible. Quant aux néoplasmes (pour les cancers), la prévalence des mortalités est confirmée. En 2020, 1 378 décès ont été enregistrés contre 1 351 en 2018, 1 265 en 2016 et 1 186 en 2014.</p>