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Ricky Maingard: «Je suis très inquiet et déçu»

5 avril 2022, 21:00

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Ricky Maingard: «Je suis très inquiet et déçu»

L’entraîneur champion en titre nous fait part, dans l’entretien qui suit, de ses états d’âme par rapport à l’actualité hippique tumultueuse du moment. Il ne cache pas son inquiétude face à la tournure des événements, dont la révocation de plusieurs membres du board de la Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL), la semaine dernière. Il revient sur le manque de synergie entre le Mauritius Turf Club (MTC) et la MTCSL et parle de la situation des propriétaires et de la problématique de l’importation des chevaux.

Ricky Maingard, après plusieurs renvois, le début de la saison est maintenant prévu pour le 23 avril. Reste que l’organisateur de courses n’a pas encore eu sa licence. Dans quel état d’esprit attaquez-vous cette nouvelle saison?

Je pense que c’était inévitable que le début de la saison soit reporté à cause des intempéries qu’a connues le pays et qui avaient rendu la piste d’entraînement impraticable. Je dirai que tous les entraîneurs ont pris un retard de trois à quatre semaines. Donc c’est tout à fait normal que la Horse Racing Division reporte les courses à la fin d’avril. Je pense que d’ici là les chevaux ne seront pas nécessairement «top top fit» mais ils seront en mesure de commencer à courir. Cela dit, I was looking forward pour le début de la saison. Reste que la MTCSL n’a pas encore eu sa licence d’opération. Pour avoir une licence d’opérateur, il coule de source qu’avec les pertes encourues l’an dernier et qui ont été publiées à maintes reprises, soit d’environ Rs 60 millions, le MTC et la MTCSL devraient accorder leurs violons pour qu’ensemble, ils soient solvables. Je ne suis ni comptable ni homme de loi mais le simple bon sens me dit que s’il y avait des comptes communs, il n’y aurait pas de souci pour que la MTCSL soit solvable et qu’elle reçoive son Racing Organiser Licence. La saison 2021 a été très difficile avec les restrictions imposées par l’horrible Covid et la MTCSL a fait un travail énorme afin de très bien organiser 39 journées.

En cette pré-saison, il y a eu plusieurs demandes de délai par la MTCSL et il y a une date butoir à respecter qui est le 7 avril, soit jeudi. Tout semblait aller dans l’ordre jusqu’à jeudi soir quand la nouvelle est tombée que le board de la MTCSL avait été révoqué par le MTC. Une décision que je trouve incompréhensible à sept jours de cette date butoir! Si la nouvelle compagnie n’a pas de conseil d’administration et ne peut aller de l’avant avec sa demande de licence à temps, il n’y aura donc pas de courses de sitôt, il me semble, et ce sera alors très compliqué pour les stakeholders qui ont investi ou gagnent leur «livelihood» dans l’industrie hippique.

Même s’il n’y a rien d’officiel, plusieurs noms sont cités pour siéger au sein d’un nouveau board de la MTCSL. Pensez-vous que l’organisateur sera à court de temps?

Nous ne sommes qu’à une semaine de la date butoir du 7 avril pour la demande finale pour l’obtention de la licence et voilà que le MTC licencie les gens qui sont à la tête de la MTCSL. Cela vient compliquer les choses. La MTCSL est une compagnie publique. Cette décision risque d’avoir des répercussions sérieuses car cela risque d’affecter le CV de tous les membres du board qui ont été licenciés, semble-t-il sans aucune raison valable. Si d’ici le 7 avril, la MTCSL n’arrivait pas à reconstituer son board et compléter sa demande, le MTC/MTCSL sera alors dans une très fâcheuse posture. Y at-il le temps voulu pour qu’un nouveau board soit «lawfully constituted and approved by the Authorities». N’oublions pas que la Horse Racing Division a bien fait comprendre dans un récent communiqué que la date du 7 avril est finale. Il n’y aura donc pas de MTCSL comme horse racing organiser en 2022.

Il en découle qu’il n’y aura pas de courses de sitôt même si une autre compagnie publique, approuvée par la HRD, fasse une demande et obtienne le feu vert pour un race organizer licence pour 2022. Mais peu importe qui cette compagnie puisse être, elle n’a pas les facilités voulues pour organiser les courses. Sincèrement, je suis vraiment inquiet et très déçu par la tournure des événements. Espérons que la MTCSL pourra se mettre en règle et que tout se passera bien.

Sinon, les finances de l’organisateur de courses sont dans le rouge. Avec le huis clos, les choses risquent d’être encore plus difficiles…

Il y a, je pense, des solutions concernant les recettes requises pour ne pas rouler à perte et augmenter le stakesmoney. S’il n’y a pas de courses, donc pas de revenus, le MTC pourra difficilement survivre, à mon avis. Ils n’auront aucune rentrée d’argent mais que des dépenses. Ils ont des coûts mensuels d’environ Rs 8 à 10 millions. Combien de temps le MTC va-t-il pouvoir garder et payer le staff? Il y a beaucoup de gens, voir familles, qui risquent de perdre leur emploi. Mes palefreniers employés par la MTCSL sont, du reste, venus me voir ce matin pour me dire qu’ils sont très inquiets et qu’une grève de palefreniers se chuchote parmi eux. «Comment aurons-nous notre salaire si on ne court pas?» m’ont-ils demandé. Je leur ai dit que je n’avais pas de réponse à leur donner.

En tant qu’entraîneur, comment trouvez-vous la situation des propriétaires surtout que c’est vous qui gérez leurs investissements?

Je pense que depuis l’année dernière il y a une façon différente de procéder. La coopération et les échanges de point de vue entre la Horse Racing Division à partir de cette année et la MTCSL devraient faire de sorte que les courses soient rentables à court terme même à huis clos. Ceci est possible et il s’agit d’en discuter autour d’une table ronde avec les stake- holders concernés. Il faut à tout prix augmenter le stakesmoney ; c’est très important. Il faut au moins doubler les Rs 51 millions offerts aux propriétaires en 2021.

Est-ce que vous savez qu’il y a seulement une vingtaine de chevaux qui ont couvert leurs frais d’entretien l’an dernier? Ce n’est pas possible. Si vous regardez le nombre de nouveaux chevaux importés cette saison, nous n’en sommes qu’à 76. Deux des ex-écuries championnes vont entamer le début de cette saison sans nouveaux chevaux. C’est très inquiétant pour l’avenir car les courses ont besoin de 150 à 175 nouveaux chevaux chaque année pour rester viables. Pour l’instant, il y a un brouillard très épais qui enveloppe cette industrie.

Le protocole d’importation des chevaux n’a pas été pour arranger les choses…

Exactement. Il y a un nouveau protocole qui a été mis en place depuis l’année dernière et ce protocole implique des directives concernant le mouvement des chevaux en provenance des régions en dehors du Cap en Afrique du Sud. Comme il y a déjà des lois en Afrique du Sud concernant le mouvement de chevaux d’un endroit à l’autre, il est improbable que les autorités gouvernementales sud-africaines acceptent les conditions imposées par Maurice qui sont contraires au protocole déjà établi dans ce pays et règlementé par la loi. Cela m’étonnerait que les Sud-Africains acceptent ce que veulent imposer les autorités vétérinaires mauriciennes chez eux.

Comment trouvez-vous la Horse Racing Division depuis son entrée en opération?

C’est une nouvelle division et il faut lui donner un temps de rodage. A titre d’exemple, j’ai reçu les Rules of Racing. Il y a beaucoup de choses avec lesquelles je suis parfaitement d’accord. Il y a des clauses où j’ai mes interrogations alors qu’il y en a d’autres avec lesquelles je ne suis pas tout à fait d’accord ou j’interprète mal. Je ne souhaite pas faire de commentaire sur les Rules of Racing à ce stade parce que je n’ai jamais rencontré M. Wayne Wood pour lui en parler et lui faire part de mes observations. J’ai l’intention de le faire. Nous avons eu un bref entretien avec le stipe, M. Moodley et M. Mahender, stipe et handicapeur, en présence de mon assistant Jevin Awotar. Je dois dire qu’on a eu une courte mais bonne discussion. Le nouvel handicapeur nous a fait brièvement part de sa vision en ce qui concerne le handicapping des chevaux et je peux dire que je partage son avis. Ils sont des professionnels et il faut leur donner toutes les chances pour bien comprendre les spécificités locales et je les ai assurés de notre soutien.

Parlez-nous un peu de votre écurie pour la nouvelle saison. Pensez-vous pouvoir rééditer l’exploit de 2021?

Nous avons de très bons chevaux. On a une bonne écurie avec des chevaux valables mais ce qui m’inquiète à l’heure où je vous parle, c’est: les courses auront-elles lieu à la date convenue ou nous allons prendre encore du retard ? Avec la révocation du conseil d’administration de la MTCSL jeudi soir, je suis personnellement anxieux et déçu. Je m’attendais à ce qu’on aille de l’avant tout feu tout flamme pour le départ de cette nouvelle saison le 23 avril. Malheureusement la nouvelle tombée jeudi dernier a tout mis en doute. Nos propriétaires sont de sérieux investisseurs qui attendent le coup d’envoi. Je souhaite qu’ils trouvent une solution!