Publicité

Rapport de l’Audit 2020-2021│Santé: millions, rats et pigeons

30 mars 2022, 11:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Rapport de l’Audit 2020-2021│Santé: millions, rats et pigeons

De quoi rendre malade le contribuable. Le ministère de la Santé fait encore figure de mauvais élève en ce qui concerne les dépenses pendant la pandémie. Cependant, cette fois, le rapport met également en lumière plusieurs autres problèmes, dont le calvaire des patients à l’hôpital Brown-Séquard.

Manque de transparence

Dans son précédent rapport, le bureau de l’Audit avait fait ressortir qu’il y avait un manque de transparence quant aux choix des traiteurs pour les centres de quarantaine. Selon le rapport 2020-2021, le problème n’a toujours pas été réglé. Il ressort que Rs 7,3 M ont été payées à trois traiteurs pour fournir de la nourriture dans trois centres de quarantaine gratuits. Comme les procédures d’allocation de contrats n’ont pas été suivies, il est impossible de savoir si les frais payés sont «raisonnables».

Le prix des médicaments, et il ne s’agit pas du Molnupiravir, est aussi évoqué. Les hôpitaux ont acheté des listed drugs – à savoir ceux qui sont importés par le ministère – et d’autres non-listed drugs sur le marché local pour un montant de Rs 19,1 M. Le prix des médicaments était 17 fois supérieur aux tarifs habituels. Parmi eux, trois ont été achetés alors que les stocks du ministère étaient loin d’être dans le rouge. Concernant les fournisseurs, le rapport fait ressortir que l’un d’eux avait été rejeté par le ministère lors des appels d’offres annuels pour «non-compliance» et un autre car les prix pratiqués étaient trop élevés. Mais ces mêmes fournisseurs ont été retenus lors de l’achat par les hôpitaux…

Selon le ministère, les dépenses liées aux médicaments sont passées de Rs 54,2 M en 2010 à Rs 19,2 M en 2021. Un framework agreement est en préparation de concert avec le procurement office.

Rs 10,6 M d’allocations

Les frontliners de la Santé ne devaient pas travailler après deux ou trois semaines dans les centres de quarantaine. Cependant, 16 médecins du ministère de la Sécurité sociale ont travaillé 100 jours dans un centre de quarantaine et ont perçu des allocations de Rs 10,6 M. Parmi ces médecins, dix ont résidé pendant un mois dans un centre et l’un d’eux a travaillé pendant… 226 jours.

Il y a aussi le cas d’un infirmier qui a travaillé pendant 92 jours consécutifs dans un centre de quarantaine et le ministère a déboursé Rs 920 000 uniquement en frais pour cet employé, soit Rs 10 000 par jour. Aucune documentation n’a été soumise pour justifier ce «discounted rate» négocié par la Mauritius Tourism Promotion Auhority…

Pour se justifier, le ministère a fait savoir que les médecins qui travaillaient ont été priés de rester en poste pour une meilleure gestion.

Conditions défavorables à Brown-Séquard

Manque d’espace et d’infrastructures pour les patients, décisions tardives ou encore la qualité déplorable de la nourriture et allocations impayées sont parmi les problèmes notés du côté de l’hôpital Brown-Séquard. Quatorze salles sans distanciation sociale, sans ventilation appropriée, avec des toilettes et salles de bains qui ne sont pas entretenues comme il se doit, sont réservées aux patients qui y suivent un traitement pour des maladies chroniques. Mais il y a pire. Pigeons, rats et chiens errants tiennent également compagnie aux patients lorsqu’ils mangent ou dorment, notent les auditeurs.

Par ailleurs, le retard dans l’installation d’un mixeur pour l’eau chaude a causé des brûlures chez un patient lorsqu’il prenait sa douche. D’autres n’ont pas d’eau chaude en hiver. Les matelas sont couverts de rouille, les draps déchirés.

Le ministère a fait savoir que du poison ne peut pas être utilisé dans un tel établissement et que la rodent unit a été sollicitée pour le problème de rats. Une circulaire a aussi été émise pour demander au personnel de s’assurer que la literie soit convenable.

Plus d’un an pour les traitements cardiaques

En octobre 2021, environ 900 patients attendaient pour une angiographie ou une angioplastie depuis janvier 2020. Maurice dispose de trois appareils pour les examens d’angiographie. Cela explique les listes d’attente interminables. Plusieurs patients qui ont été mis en attente trop longtemps ont dû subir des interventions. Selon le bureau de l’Audit, le manque d’appareils est à l’origine du problème alors que le ministère affirme que la racine du mal est le manque de personnel ou encore de lits, notamment.