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Fact Finding Committee: les proches des défunts dialysés restent sur leur faim

26 mars 2022, 14:00

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Fact Finding Committee: les proches des défunts dialysés restent sur leur faim

Les yeux rougis par l’émotion, les proches des dialysés décédés des suites du Covid-19 ont quitté le bureau du ministère de la Santé après une rencontre avec le Dr Kailesh Jagutpal hier. S’ils sont reconnaissants envers le ministre de la Santé d’avoir pris le soin de les convoquer pour parler du rapport du Fact Finding Committee sur l’hécatombe, ils restent tout de même sans réponses sur plusieurs points. Les familles étaient accompagnées de Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Patients’ Disease Association. 

Après la rencontre, les familles présentes ont eu l’assurance qu’un comité sera mis sur pied pour établir s’il y a eu négligence médicale dans les cas des 11 patients dialysés qui ont perdu la vie directement des suites du Covid-19. A moment-là, les proches des défunts seront convoqués, un à un, pour parler de leur cas. Quand ? 

«Dans les plus brefs délais», a fait savoir Kevin Hanzary, beau-fils de Mahadev Jeebun, qui a succombé le 11 avril de l’année dernière à l’hôpital de Souillac. Toujours est-il que selon lui, il y a clairement eu négligence. Lorsque son beaupère lui a parlé quelques jours avant son décès, il lui a confié que le médecin avait demandé qu’il soit placé sous oxygène. «Mais le lendemain, ce n’était toujours pas fait. Puis, mon beau-père a été testé positif huit jours après le début de la quarantaine, pas au premier», dit-il, ajoutant que cela donne une indication de l’origine de sa contamination. Il évoque aussi les patients dont le temps de dialyse était passé de quatre à deux heures ou encore, ceux dont le calendrier de soins avait été chamboulé. 

Recommandations générales 

Mais si le Fact Finding Committee n’a pas établi la cause des décès, quelles en sont les recommandations ? Ceux qui ont fait le déplacement n’ont pas pu avoir accès au rapport, mais ils ont obtenu des explications. «Il y a eu des aménagements qui ont été faits dans les centres, par exemple», avance Kevin Hanzary. 

Bose Soonarane, de son côté, ne comprend pas non plus le but du Fact Finding Committee car les recommandations qui ont été faites sont d’ordre général. Par exemple, les patients doivent être vaccinés et soumis à un test PCR régulièrement, ou encore, les infirmiers ne doivent pas manger et boire dans les centres de dialyse. Une autre recommandation est que les personnes étrangères à la dialyse soient interdites d’accès dans les centres. Quant au transport, les ambulances du privé doivent être sollicitées pour éviter les risques de contamination. 

«Ce sont là de bonnes mesures, mais générales. Nou tou kone sa», relève Bose Soonarane. Ce que les proches voulaient savoir, dit le secrétaire de l’association, ce sont les conclusions de l’enquête menée à la suite des dépositions devant le Fact Finding Committee. Quant aux mesures annoncées, il affirme que cela intéressera certainement les dialysés actuels, mais pas les parents des patients décédés, qui n’avaient pas besoin de revivre ces moments sans avoir des informations supplémentaires. 

Cependant, tous accueillent le comité de négligence médicale présumée. «Il faut savoir qui a fauté. Est-ce les médecins ? Infirmiers ? Les ambulances ? Il nous faut des réponses», assène Kevin Hanzary. Quant à Bose Soonarane, il ne voit pas pourquoi le ministère ne rend pas le rapport, ou même une version sommaire, public en parallèle avec le travail du comité qui sera instauré. Notons que mardi prochain, lors de la rentrée parlementaire, huit questions seront adressées au Dr Kailesh Jagutpal sur ce rapport.

 

Ivan collendavelloo: «Aucune obligation de rendre le rapport public» 

<p>Dans le sillage de la Private Notice Question du leader de l&rsquo;opposition le 20 avril 2021 sur le décès des patients dialysés, Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater, avait fait savoir que <em>&laquo;lorsqu&rsquo;il y a mort d&rsquo;homme dans des circonstances troubles&raquo;</em> la loi prévoit la mise en place d&rsquo;une enquête judiciaire pour établir s&rsquo;il y a eu<em> &laquo;homicide&raquo;.</em> Concernant le rapport du Fact Finding Committee, il explique que le gouvernement n&rsquo;a aucune obligation de le rendre public et ajoute que <em>&laquo;d&rsquo;ailleurs, jamais aucun rapport des Fact Finding Committees n&rsquo;a été rendu public&raquo;</em>. Cependant, il comprend le souhait des proches qui souhaitent avoir accès au rapport.</p>

 

 

Quand Kailesh Jagutpal ne voulait pas d’enquête…

<p>En un an, le Dr Kailesh Jagutpal est passé du ministre qui ne voulait pas d&rsquo;enquête sur le décès des patients dialysés à celui qui a accueilli les proches des défunts pour non seulement leur parler du rapport du FFC, mais aussi leur annoncer une autre enquête&hellip;&nbsp;</p>

<p>Le 20 avril dernier, à la PNQ de Xavier Duval qui voulait savoir si le ministre de la Santé allait enquêter sur les décès des patients dialysés, la réponse de ce dernier était claire.<em> &laquo;I do not intend to carry out any inquiry&raquo;</em>, avait-il dit sobrement, après avoir souligné tout ce qui était fait pour les patients dialysés en quarantaine. Lorsque Xavier Duval a souligné qu&rsquo;une famille a porté plainte pour négligence médicale suivant le décès de leur proche, le ministre a rappelé la procédure pour de tels cas, sans céder sur l&rsquo;enquête.&nbsp;</p>

<p>Mais, trois jours après, le Conseil des ministres prenait le ministre à contre-pied. Un <em>Fact Finding Committee</em>, présidé par l&rsquo;ancienne juge Deviyanee Beesoondoyal, avait été mis sur pied. Le Dr Kailesh Jagutpal avait alors expliqué qu&rsquo;il avait rencontré Pravind Jugnauth et qu&rsquo;entre le moment où il s&rsquo;est dit contre au Parlement et le jour de la décision, <em>&laquo;beaucoup de choses ont été dites&raquo;</em> et que la décision du Cabinet était <em>&laquo;très bonne&raquo;.&nbsp;</em></p>

<p>Hier, il a donné des explications sur le rapport dont il ne voulait pas en premier lieu et a même annoncé une autre enquête pour négligence médicale, sans pour autant parler de la plainte déjà en cours.</p>