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Import/export: Logistique perturbée, port inefficient : Ces maux qui rongent notre économie

25 mars 2022, 22:00

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Import/export: Logistique perturbée, port inefficient : Ces maux qui rongent notre économie

Les bateaux se font rares, nos exportations restent bloquées mettant notre position en péril vis-à-vis de nos marchés d’exportation, les clients préférant passer commande ailleurs. Au niveau des importations, la situation n’est pas plus rose, les commerçants recevant leurs produits après la date de péremption. La logistique s’impose comme un problème majeur en pleine crise économique.

Le secteur des exportations est appelé à jouer un rôle important pour atteindre nos objectifs de croissance. En effet, la BoM prévoit que la croissance du PIB pour 2022 devrait se situer entre 7 % et 8 %, misant sur la performance du secteur des exportations et du tourisme. Or, outre les facteurs exogènes dont la crise opposant l’Ouest à l’Est, la situation au niveau de la logistique ne joue pas en faveur de nos exportations depuis la pandémie, avec l’irrégularité de la fréquence de passage des bateaux qui est un problème persistant, lourd de conséquences.

Le secteur des exportations est appelé à jouer un rôle important pour atteindre nos objectifs de croissance. En effet, la BoM prévoit que la croissance du PIB pour 2022 devrait se situer entre 7 % et 8 %, misant sur la performance du secteur des exportations et du tourisme. Or, outre les facteurs exogènes dont la crise opposant l’Ouest à l’Est, la situation au niveau de la logistique ne joue pas en faveur de nos exportations depuis la pandémie, avec l’irrégularité de la fréquence de passage des bateaux qui est un problème persistant, lourd de conséquences.

Lawrence Wong, CEO de La Trobe Ltd, disait, lui, dans l’édition de l’express, mercredi, que le manque de fréquence de départ des exportations est inquiétant et que dans la région, les bateaux sont de plus en plus rares.

Quelles sont les conséquences de cette situation ? Nous, consommateurs, nous retrouvons avec des produits de qualité moindre, quand nous recevons nos produits avant leur date de péremption et nos exportateurs risquent, eux, de perdre leur part de marché, certains clients préférant passer commande ailleurs que chez nous pour éviter les coûts excessifs et pour recevoir leurs produits dans les temps.

Pour commencer, il est à savoir que nous ne sommes desservis que par trois lignes maritimes à ce jour, soit la MSC, Maersk and CMACGM, ce qui évidemment réduit notre marge de manœuvre. Dans le même contexte, le manque d’efficience et le niveau de productivité de notre port plus d’une fois décriés ne nous aideront certainement pas à attirer de nouvelles lignes maritimes à mouiller dans notre port, ces compagnies préférant s’installer dans des hubs tels que Dubaï. Quelle est la situation actuelle ?

Les problèmes s’accentuent

«Au départ de l’Asie, la fréquence d’arrivée doit être d’au moins une fois par semaine. Or en ce moment, nous n’avons un bateau qu’environ deux ou trois fois par mois. Les containers restent donc bloqués. Il nous faudrait plus de lignes maritimes, mais le coût pour un bateau d’accoster à Port-Louis est trop élevé comparé à d’autres ports de la région. Notre productivité est trop faible comparée au port de l’île de la Réunion ou de Tamatave à Madagascar. Ces problèmes existent depuis longtemps mais ils s’accentuent. On parle d’augmenter nos exportations, c’est très bien, mais sans bateau, que voulez-vous exporter ?» dit le porte-parole de l’Association professionnelle des transitaires, Yousouf Delbar.

Laissons parler les chiffres. Pour 2021, nos exportations s’élevaient à Rs 82 milliards et il faut le dire, l’état de notre logistique n’est pas un encouragement à mieux faire. «C’est une situation chaotique qui dure depuis l’année dernière, il faut rappeler qu’en août dernier il n’y avait pas de bateau pendant cinq semaines pour nos exportations vers l’Afrique du Sud. C’est toute la chaîne d’approvisionnement qui est chamboulée actuellement, le monde entier en souffre et nous ne dépendons que de trois lignes maritimes. C’est une situation dangereuse car nous importons beaucoup aussi. C’est tout le commerce qui est en difficulté et le consommateur est aussi affecté», prévient Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice générale de la Mauritius Export Association (MEXA).

Quel est l’impact de ces problèmes de logistiques sur nos exportations ? Des commandes restent bloquées car il n’y a pas de bateau pour les envoyer et nous tardons aussi à recevoir nos matières premières pour la production locale. «La logistique est une grande source d’inquiétudes. Souvent, les exportateurs se retrouvent dans l’obligation d’envoyer leurs marchandises par avion qui coûte trois à quatre fois plus cher pour respecter leurs engagements. Cela ne vaut même pas la peine d’exporter quand on calcule les coûts additionnels. À ce rythme nous risquons de perdre nos clients en Europe, certains préfèrant la Turquie ou d’autres marchés pour éviter les coûts supplémentaires et les problèmes de logistiques liés à notre destination.» Pour Lilowtee Rajmun-Joosery, il est grand temps que Maurice ait une indépendance maritime, encore plus dans le contexte actuel. «Maurice doit avoir son propre bateau pour nous connecter aux ports de la région.»

En effet, dans un document soumis aux autorités en février dernier, la MEXA recommande que Maurice ait un National Regional Feeder Vessel afin d’améliorer notre connectivité maritime, ce qui nous permettra aussi de réduire les coûts, à commencer par les coûts de fret, et permettra aussi de générer des revenus supplémentaires au pays en renforçant la compétitivité de nos exportations et importations.

Finalement, face à un taux d’inflation de 9 % actuellement, il nous faut penser sur le long terme si nous voulons vraiment sortir de la crise économique.