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Courses hippiques: «eski zafer la pou largué ?»

23 mars 2022, 21:00

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Courses hippiques: «eski zafer la pou largué ?»

Le Mauritius Turf Club (MTC) ne lâche pas la bride à sa filiale, la MTC Sports & Leisure Limited (MTCSL). Les tractations pour basculer les Rs 63 millions de dépenses sur ses comptes pour la période de janvier à mai 2021, les responsabilités concernant le transfert de la pension des employés des deux «camps», de même que le quantum de cette pension ainsi que des négociations très pointilleuses sur les «rental agreements» entre le bailleur de fonds qu’est le MTC et le locataire qu’est la MTCSL, sont autant de sujets techniques fâcheux entre les deux parties. Si bien que l’acting CEO de la MTCSL, Jérome Tuckmansing, a décidé de claquer la porte. Mais pourquoi cette guéguerre fratricide perdure-t-elle ? 

«Kan zafer-la largé?» Cette question est sans cesse dans les stalles de départ au Champ-de-Mars, tant l’incertitude plane sur l’industrie hippique. La Horse Racing Division (HRD) a donné le ton récemment, en balayant certaines demandes du MTC-MTCSL, jugées «ultra vires», du moins concernant ses prérogatives. À la place, le régulateur des courses a sommé les deux parties de remplir les conditions relatives à leur demande de permis de racing organiser. 

Reste que le MTC et la MTCSL n’arrivent pas à s’entendre sur certaines décisions. On croit toutefois comprendre que la dernière citée espère un début de la saison immédiat, pour ne pas faillir à ses responsabilités en tant qu’entité publique, tout comme le MTC, qui, explique un officiel, «vote pour commencer la saison des courses dans un environnement économiquement viable». En revanche, en tant qu’actionnaire – et le seul, de la MTCSL –, le MTC se doit de réfléchir dans «l’intérêt de ses membres». D’où sa fermeté face à ce qui pourrait passer pour de «l’empressement» de la part du management de la MTCSL. 

Un officiel du MTC est par ailleurs d’avis que le basculement des dépenses de Rs 63 M dans les comptes de la MTCSL est «juste», celle-ci ayant «réceptionné tous les revenus de l’industrie en 2021». Du coup, toujours selon cet officiel, «c’est à la MTCSL d’absorber les coûts d’opérations de 2021, plus précisément ceux entre les mois ‘morts’ de janvier et mai 2021». 

De plus, poursuit notre interlocuteur, le MTC n’était plus détenteur d’un permis de horse racing organiser depuis le 31 décembre 2020. Le club n’était notamment plus habilité de par la loi à l’être, vu son statut social d’association. Il penche plutôt, dit-il, pour une entente avec le gouvernement afin d’assurer «l’écosystème» économique et financier de l’industrie hippique pour la saison 2022. 

Au sujet de la pension, on déclare, au MTC, que la grande majorité des employés ont été transférés du MTC à la MTCSL, et qu’il était tout à fait «normal» que la provision au sujet de la pension se fasse tôt ou tard chez la MTCSL, «tout en respectant les lois en vigueur». L’officiel a ajouté que le MTC «s’est même porté garant pour que le paiement des pensions présentes et futures des employés soit honoré, quitte à devoir vendre ses biens immobiliers». 

Il ressort aussi que le MTC éprouvait une certaine difficulté à évaluer des infrastructures ou services. «Le prix que proposait la MTCSL pour un box à Floréal, par exemple, était en dessous du prix du marché», a avancé un ancien administrateur, proche du président Giraud. «Est-ce dans l’intérêt du MTC de pratiquer un prix en deçà de ce qui se fait juste à côté au club hippique ?», argue-t-on. 

Mais n’est-ce pas le rôle du MTC de protéger sa filiale et ainsi veiller à lui garantir une entente juste et équitable ? À cette question, notre source au MTC se dit «à 100 % d’accord», tout en exprimant des réserves sur l’article 31 de la Gambling Regulatory Authority Act. 

Dans une correspondance de la HRD, adressée à l’acting CEO de la MTCSL, il est écrit que «your 100 % sole shareholder, the MTC, will have to comply with all the statutory obligations imposed on a horse racing organizer under this section 31 and any other relevant section of the Act, if it wants to hold more than 50 % shareholding in the MTCSL as the horse racing organizer». On peut lire plus loin qu’«in case of non-compliance of your shareholder, MTC, of the above obligations, the HRD may direct the MTC to divest its shareholding in MTCSL so that it hold not more than 50 % of the shares of MTCSL». 

C’est sans équivoque. La HRD est habilitée à faire en sorte que le MTC cède ses actions au sein de la MTCSL. Ce qui «inquiète» au plus point certains au MTC, qui évoquent, au passage, l’article 8 de la Constitution, qui traite du droit à la propriété. En effet, pour un officiel du MTC, «[on] doit être le plus juste en ce qui concerne les locations à la MTCSL. Car, qui sait, demain [on] pourrait être forcé de céder les parts du MTC à une tierce personne ou entité». En d’autres mots, «trop de largesses au niveau des négociations au profit de la MTCSL au détriment du MTC pourraient profiter à une tierce personne dans le futur», ajoute-t-on. 

Pour un administrateur du MTC, «ce qui pourrait s’apparenter à de la défiance de la part du MTC à l’encontre de la MTCSL est plutôt une approche prudente, dans l’intérêt du bien commun».