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Bleus: Deschamps à Marseille, grand amour et désamour

23 mars 2022, 13:27

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Bleus: Deschamps à Marseille, grand amour et désamour

L'historique Ligue des champions brandie à Munich, six trophées en tant qu'entraîneur, mais aussi la fameuse banderole «Deschamps et tes joueurs, cassez-vous !»: joueur ou coach, Didier Deschamps a tout vécu à Marseille, où il revient vendredi avec les Bleus affronter la Côte d'Ivoire.

En cinq saisons comme joueur, dont une en prêt à Bordeaux, et trois comme entraîneur, «DD» a été de tous les succès de l'OM depuis plus de 30 ans et pour l'immense majorité des Marseillais, il est «le grand Didier Deschamps». Mais il a aussi quitté la ville épuisé et marqué par une dernière saison extrêmement pénible en tant qu'entraîneur.

Sur le terrain, le Basque a gagné les titres de 1990 et 1992, ainsi que celui annulé en 1993, et, bien sûr, la Ligue des champions 1993, première Coupe d'Europe des clubs du football français.

Sur le banc, de 2009 à 2012, il a ajouté au palmarès de l'OM un nouveau titre de champion (2010), trois Coupes de la Ligue et deux Trophées des champions. Entre Deschamps joueur et Deschamps entraîneur, l'OM n'a rien gagné pendant 17 ans. Et depuis son départ il y a dix ans, il n'a rien gagné non plus.

«L'héritage de Deschamps à Marseille, c'est celui de la victoire, de la gagne. Il est le capitaine de l'équipe de 1993, l'entraîneur de celle de 2010, la victoire c'est sa marque de fabrique. Son bilan est clair et net. On a aimé cette période parce qu'on gagnait», a expliqué à l'AFP Christian Cataldo, patron des Dodgers, l'un des principaux groupes de supporters de l'OM, dont Deschamps est le parrain depuis sa création.

«amoché physiquement»

Lui aussi interrogé par l'AFP, le journaliste du quotidien La Provence Mario Albano, qui suit l'OM depuis 40 ans, juge également que Deschamps «fait partie de la légende de ce club».

«Ca n'est même pas discutable ou subjectif, c'est un fait avéré et incontestable», assure celui qui publie le mois prochain «Grandes Finales de Marseille», un livre où Deschamps tient forcément une belle place.

«Même s'il n'est pas un des plus grands joueurs, ou l'un des plus spectaculaires, il est quand même extrêmement important. Etre le premier capitaine d'un club français à brandir une Coupe d'Europe, ça n'est pas innocent», explique Albano.

«Qu'est-ce que tu veux de plus ?», abonde Christian Cataldo. «Il est incontestable qu'il est très haut dans l'histoire de l'OM. Il y a du monde dans l'histoire de ce club, des grands présidents, des grands entraîneurs, de très grands joueurs. Et Deschamps y est», ajoute le supporter du Virage Nord.

C'est dans le virage d'en face, le Virage Sud, que l'histoire de Deschamps à Marseille a en revanche connu son point le plus bas.

Le 28 mars 2012, l'OM dispute un quart de finale de Ligue des champions contre le Bayern Munich. L'affiche est immense mais la saison a été pénible, marquée par la guerre entre Deschamps et José Anigo, directeur sportif auquel il n'adresse plus la parole. Dans le virage, plusieurs banderoles sont déployées, dont la plus célèbre: «Deschamps et tes joueurs, cassez vous !».

«Dieu vivant»

Deschamps partira effectivement à la fin de la saison, «très fatigué et amoché physiquement», comme il le dira quelques années plus tard.

«Il forçait sur les bonbons Haribo», sourit Mario Albano. «Il voulait tout contrôler, il était devenu un peu parano. Mais il a dû trouver ça totalement injuste. Il ne veut pas trop en parler, c'est quand même une blessure», ajoute-t-il.

Au bout du compte, l'impression est brouillée. Le palmarès de Deschamps à Marseille est sans équivalent, mais pas sa cote d'amour. «Deschamps n'est pas un héros populaire comme Boli», reconnaît Mario Albano, qui juge que «le sentiment et les manifestations du public à son endroit sont un symbole de la versatilité du public marseillais».

«Il y a à Marseille une envie permanente de changement. Au bout d'un moment les gens en ont marre et ils veulent voir de nouvelles têtes», explique le journaliste de La Provence. «Mais s'il était parti après la première année, ou même la deuxième, il serait un Dieu vivant.»