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Affaire Goburdhun: qui a autorisé le haut-commissaire à transférer la chancellerie de Kuala Lumpur ?

16 mars 2022, 20:00

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Affaire Goburdhun: qui a autorisé le haut-commissaire à transférer la chancellerie de Kuala Lumpur ?

L’affaire a commencé à la suite de trois tentatives de Parliamentary Questions (PQ) de Rajesh Bhagwan en 2021 concernant Jagdish Goburdhun, le haut-commissaire de Maurice à Kuala Lumpur. On ne sait pas si l’ICAC a débuté son enquête après ces PQ, non posées, il est vrai, ou si c’est après la déposition du haut-commissaire Goburdhun lui-même contre le secrétaire de l’ambassade de Maurice en Malaisie. Le haut-commissaire reprocherait à ce dernier d’avoir maintenu la chancellerie dans le bâtiment, occupé depuis 20 ans, malgré le prix du loyer, et qui était le double du prix du marché. Le ministère des Affaires étrangères a aussi fait barrage. Cependant, Goburdhun a pris l’initiative de bouger l’ambassade quand même, en violant présumément par la même occasion toutes les procédures établies.

Toutefois, en juillet 2021, Goburdhun avait avancé une autre raison pour déménager. Qui était que l’actuel emplacement se trouve dans un immeuble occupé par 50 compagnies et qu’après plusieurs lockdowns en raison du Covid, le personnel a dû travailler à domicile car l’ambassadeur avait fermé le bureau pour des raisons de sécurité.

Ce n’est pas fini. Jagdish Goburdhun cite maintenant une troisième raison : l’emplacement précédent était délabré. «En fait, Goburdhun nous a donné 12 raisons», nous dit une source au ministère des Affaires étrangères. On ne sait pas si c’est une boutade ou si Goburdhun a réellement donné 12 raisons, mais à différentes personnes et à différents moments.

Cinq fonctionnaires aux Affaires étrangères ont été entendus par les enquêteurs de l’ICAC qui ont, comme ils en ont l’habitude, déjà procédé à la saisie de tous les documents relatifs à cette affaire. L’ICAC ne nous a pas confirmé s’il existe une plainte contre Goburdhun ou contre le haut fonctionnaire dans l’affaire du transfert du bâtiment.

Ce qui est troublant dans cette affaire, c’est que Goburdhun aurait affirmé à l’ICAC qu’il avait obtenu l’autorisation de déménager la chancellerie «from higher quarters» mais sans citer de nom. Qui est ou sont ces higher quarters ? Le ministre Ganoo ? Ce dernier s’est réfugié dans un silence «diplomatique», si l’on peut dire. Est-ce que Goburdhun veut faire croire que c’est quelqu’un situé au plus haut niveau ? «Le fait qu’aucun nom ne soit cité, même dans le dossier remis à l’ICAC, est révélateur», nous dit un fonctionnaire. A-t-on court-circuité le ministre Alan Ganoo et les hauts fonctionnaires qui avaient, rappelonsle, demandé à Goburdhun «to stay all actions» relatives à ce déménagement ?

Le problème, nous dit un haut fonctionnaire, c’est que «lorsque quelqu’un parle de higher quarters, personne ne pose plus de questions». Un genre de code utilisé à cette fin normalement, nous dit-on.