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86 ans du PTr: Parti courtisé en mal de repères

27 février 2022, 15:45

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86 ans du PTr: Parti courtisé en mal de repères

Mercredi 23 février, le Parti travailliste (PTr) célébrait ses 86 ans d’existence. En raison du protocole sanitaire en vigueur dans le pays, une cérémonie symbolique a été organisée, en l’absence du leader du parti, Navin Ramgoolam, qui est en convalescence, et de son président, Patrick Assirvaden, qui est en auto-isolement.

Toutefois, selon l’aveu même de ceux présents à la cérémonie de dépôt de gerbes ce jour-là, le PTr fait face actuellement à un déficit de crédibilité. Comme ils sont encore membres du parti, ils préfèrent garder l’anonymat, tout en confiant qu’ils attendent le bon moment pour parler à cœur ouvert aux dirigeants du parti. L’un d’eux nous a même fait remarquer que mercredi, les partisans du PTr ont eu droit à trois messages. Le premier, enregistré, de Patrick Assirvaden. Arvin Boolell a fait passer le sien sur sa page Facebook et l’autre, le plus important, était de Navin Ramgoolam. Ce membre du parti se demande comment en une telle occasion, il n’y pas eu une coordination entre les dirigeants et au lieu de trois messages, un seul aurait suffi; les trois y auraient apporté leur contribution.

Le seul qui a voulu commenter ces messages est Arvin Boolell. Selon lui, c’est bien qu’il y ait eu tous ces messages, car au final, c’est un appel lancé aux partisans du parti et cela a servi surtout à rappeler la contribution du parti au pays depuis sa création en 1936.

Un ancien président du parti trouve lui qu’aujourd’hui, certains au sein des rouges ne font pas la différence entre «the servants and the masters of the people».Il rappelle que les Anquetil, Rozemont Seeneevassen et autres Ramgoolam (sir Seewoosagur) pensaient avant tout à donner le pouvoir au peuple. Mais aujourd’hui, on veut prendre le pouvoir. «Certains pensent même à devenir Premier ministre au lieu de penser au parti.»

Notre interlocuteur soutient qu’aujourd’hui, à part Navin Ramgoolam, personne ne peut prendre d’initiatives. Il rappelle comment au début des années 90, le lendemain d’un meeting public, quand deux membres du parti ont manifesté contre une alliance, il a réuni un bureau politique du parti pour les expulser. L’un d’entre eux s’est excusé après.

En parlant des réunions du bureau politique (BP), un ancien ministre trouve que le parti est en quarantaine. «Nous savons bien que depuis deux ans, le pays est affecté par le Covid, mais ce n’est pas une raison de rester inefficaces sur le terrain. Le MMM réunit son BP chaque semaine. Le MSM vient de réunir son BP, il y a trois semaines. Le PMSD se rencontre sous le leadership de Xavier Duval de temps en temps. Même le Rassemblement mauricien de Nando Bodha a lancé des cellules dans deux circonscriptions de l’Est durant ce dernier mois. Le PTr ne peut lui pas tenir un BP et nous avons vu comment les 86 ans ont été célébrés…»

MMM: le club des cœurs brisés

Au sujet d’une éventuelle alliance ou d’un rassemblement de l’opposition, un parlementaire est d’avis que le plus vite on sera fixé, le mieux ce sera pour le parti. Car actuellement le PTr est comme un navire qui navigue en eaux troubles. Risque-t-il de finir comme le Wakashio? Les semaines se suivent et se ressemblent pour le MMM. Au cours des quatre dernières semaines, les mauves ont enregistré quatre démissions notam ment celles de Neera Seebarun, Jenny Adebiro, Yannick Catherine et Nitin Jeeha. Et le parti doit s’attendre à d’autres démissions dans les jours et semaines à venir. D’ailleur s, les dirigeants sont pré- parés, car pour eux, ce sont des émissaires du MSM qui sont à l’œuvre pour cette opération de débauchage. Le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, trouve en tout cas regrettable cette série de démissions. En ce qui concerne celle de Nitin Jeeha, il se dit attristé, d’autant que le MMM a «beaucoup fait pour lui»

Jagdish Haton, un ancien député du MMM, estime lui que tous les partis politiques ont passé ou passeront par la même situation que celle que traversent les mauves. « Le MSM et le PTr ont jadis connu des démissions et non des moindres. C’est temporaire et si demain le MMM est au pouvoir, allez voir combien d’anciens demanderont à effectuer leur come-back ou alors, ils s’éloigneront simplement de la politique active.» Il estime qu’un parti est certes fragilisé par des démissions, mais que quand les cadres sont toujours là, cela ne «cause pas trop de tort»