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Débauchage: le MSM active la machine à calculer

14 février 2022, 22:00

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Débauchage: le MSM active la machine à calculer

Après la surprenante démission de Jenny Adebiro du Mouvement militant mauricien (MMM) la semaine dernière, l’opposition risque de connaître d’autres défections pendant les prochaines semaines. Déjà, plusieurs membres du MMM ont fait comprendre à leur hiérarchie que des émissaires du Mouvement socialiste militant (MSM) les ont contactés pour qu’ils quittent le navire mauve. Rajesh Bhagwan, le secrétaire général du MMM, le confirme. «C’est le ‘money politics’. Ils identifient certaines personnes qui ont des dettes auprès des banques proches du gouvernement ou qui ont un proche dans la fonction publique pour mettre la pression sur elles. Sinon, quelques émissaires du gouvernement les contactent pour leur dire que Pravind Jugnauth souhaite parler avec eux. C’est ainsi que le gouvernement débauche, en faisant des promesses alléchantes aussi. Ceux qui sont venus vers la direction ne comptent pas partir. D’ailleurs, le départ de Jenny Adebiro, qui est considéré comme une haute trahison, a renforcé la solidarité au sein du MMM. Ceux qui ont quitté le parti ne doivent pas oublier que la roue tourne. Attention au retour de manivelle», prévient-il. 

Un autre membre du MMM, qui n’a pas été autorisé à parler à la presse, confirme ce débauchage. Il appréhende d’autres démissions prochainement car, dit-il, des émissaires du MSM sont en contact avec d’autres militants, notamment ceux ayant un certain profil. «L’exercice a commencé par Gayatree Dayal. Regardez le profil de ceux ayant intégré le MSM lors de son dernier bureau politique. Ils ont pratiquement le même profil. Tout le plan des Oranges est calculé sur une base ethnique. Désormais, ils pêchent ceux ayant un profil particulier», analyse-t-il. D’ailleurs, l’express a eu la même information : le MSM est en quête de membres issus de deux communautés qui ne font pas partie de leur électorat. 

Jenny Adebiro a claqué la porte du MMM invitée à le faire par le MSM via Neera Seebarun.

D’après certaines informations, l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury, qui lui-même s’est désolidarisé du Parti travailliste pour se rapprocher du MSM, est derrière des défections. Dans le cas de Jenny Adebiro, apprendon, le MSM aurait envoyé Neera Seebarun, l’ancien membre du MMM qui a claqué la porte de ce parti le 31 janvier, comme émissaire pour convaincre son amie de lui emboîter le pas. Nous avons contacté Rakesh Gooljaury pour confirmer s’il est vraiment derrière ces défections et pour lui donner l’occasion de s’exprimer. Il n’a pas répondu à nos appels et il n’est pas revenu vers nous, bien qu’il ait pris connaissance de notre message. Dans le cas de Neera Seebarun, elle nous a fait comprendre poliment qu’elle ne souhaite pas faire de commentaire. 

Battu aux législatives de 2019, Atma Bumma a annoncé son ralliement au parti soleil, jeudi.

Le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) suit également toute cette affaire de près. Le député Salim Abbas Mamode, élu sous la bannière bleue, siège désormais avec les élus du gouvernement alors que l’ex-trésorier du PMSD, Roshan Seetohul, a adhéré au MSM la semaine dernière. «À ma connaissance, je ne sais pas s’ils (NdlR, le MSM) ont contacté des membres du PMSD, mais ils s’adonnent au ‘money politics’ pour recruter», maintient Mahmad Kodabaccus, le secrétaire général du PMSD. 

Roshan Seetohul, ancien trésorier du PMSD, a intégré le MSM la semaine dernière.

Quant à Pratibha Bholah, expulsée du PTr il y a deux ans, elle est revenue au bercail MSM, samedi 5 février. 

Pratibha Bholah vient aussi d’adhérer (à nouveau) au MSM après un passage au PTr.

Rajesh Bhagwan affirme que toute cette opération consiste uniquement à détourner l’attention des scandales qui secouent le gouvernement et pour faire croire à la population qu’il est fort. «Si Pravind Jugnauth est si fort, qu’il ait le courage d’organiser des élections municipales…» 

Commentant les défections au sein du MMM, un député du MSM affirme que le départ de Jenny Adebiro n’est pas choquant. «Elle l’a appris à l’école du MMM avec Paul Bérenger. Celui-ci avait bien quitté Anerood Jugnauth en 2014 pour Navin Ramgoolam. L’opposition a tort de parler de ‘money politics’. Quand Joe Lesjongard ou Sekar Naidu avaient intégré le MMM, il n’était pas question de ‘money politics.’ D’ailleurs, le MMM avait même accusé le PTr d’utiliser son argent pour acheter des députés.»