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Jean-Michel Giraud: «J’ai rencontré Lee Shim deux ou trois fois»

13 février 2022, 18:00

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Jean-Michel Giraud: «J’ai rencontré Lee Shim deux ou trois fois»

Nous sommes allés jouer «away». Non seulement dans la forme – cette interview s’est tenue au Mauritius Turf Club (MTC) – mais aussi dans le fond, car cette semaine on s’est aventuré sur un terrain qu’on maîtrise moins : les courses hippiques. Même ceux qui n’y connaissent rien sentent qu’il y a quelque chose d’intérêt national qui s’y trame. Le Président du Mauritius Turf Club peut-il nous expliquer, à nous incultes hippiques, ce qui se passe ? Face à l’express, home ou away, Jean-Michel Giraud doit, pour convaincre, passer notre test de crédibilité.

Pour le citoyen qui n’est pas forcément turfiste et qui ne s’intéresse pas à l’hippisme, on a compris par la virulence des échanges entre le MTC et le gouvernement, que votre différend est devenu une affaire d’État. Excusez notre manque de connaissance, mais pourquoi une histoire de régulation de l’hippisme est-elle devenue d’intérêt national ?

Les courses, c’est l’activité la plus populaire à Maurice. Je me souviens qu’à un moment, la MBC nous a fait sa- voir que 300 000 personnes regardent les courses tous les samedis et dimanches. Ça passionne les Mauriciens, donc quelque part, ça intéresse nos hommes politiques. Mais au-delà des passionnés, c’est une activité économique très importante. Officiellement, c’est une industrie qui génère Rs 5 à 6 milliards par an. Je comprends que les autorités gouvernementales s’y intéressent.

Comment en est-on arrivé à une situation de guerre ouverte, au point où le Premier ministre vous accuse de gérer les trésors de guerre du MMM ?

Vous savez, je n’étais plus concerné par les activités hippiques. Après avoir été à six reprises président du MTC, pendant 10 ans ou plus, je n’ai pas mis les pieds au Champ-de-Mars. Un certain nombre de personnes, dont des employés du Mauritius Turf Club, sont venues me voir chez moi, pour me demander de donner un coup de main car l’industrie est en péril. J’ai accepté en me disant que cela allait être ma dernière contribution à la société mauricienne. J’ai fait un état des lieux avec mes collègues et ce que nous avons vu était pitoyable. Le principal problème de l’industrie – ce n’est pas le seul – était et est le pari clandestin. J’ai eu le malheur de demander à la Gambling Regulatory Authority (GRA) de travailler avec nous pour au moins diminuer le volume des paris clandestins. Contrairement à ce que vous venez de dire, je n’ai jamais déclaré la guerre à qui que ce soit. Je cherchais simplement l’aide de l’autorité des jeux, pour qu’on mette de l’ordre dans les paris clandestins, et je pense que cela a gêné beaucoup de personnes.

Êtes-vous en train de nous dire que vous soupçonnez la GRA de tolérer, voire d’encourager les paris clandestins ?

Je ne dirai pas cela. Il y a un certain nombre de lois qui ont été votées et qui clairement, encouragent les paris clandestins.

Ah bon ?

En 2019, on a interdit les bookmakers hors Champ-deMars. Mais vous croyez que les gens à la campagne ont arrêté de jouer ?

Ils jouent chez les deux totalisors et chez SMS Pariaz, non ?

Oui. Ou bien ils jouent chez certains bookmakers qui n’ont plus de permis et qui opèrent toujours clandestinement. Certains joueurs ne veulent pas jouer chez SMS Pariaz ou chez les Tote. Ils ont leur habitude de jeu chez les bookmakers. C’est une décision qu’on n’a jamais comprise. Mauritius Turf Club Sports & Leisure Ltd (MTCSL) a vainement demandé à la GRA de rétablir certains bookmakers off course.

Mais on est dans la logique de combattre la «nasyon zugader» n’est-ce pas ? Vous vous souvenez de cette posture de Vishnu Lutchmeenaraidoo (ministre des Finances de sir Anerood Jugnauth en 2014- 2015) ? Dans le périmètre de ces «bookmakers», il y avait des attroupements, et un peu plus loin des mineurs qui pouvaient devenir la proie du jeu. N’était-ce pas un phénomène qu’il fallait combattre ?

Je crois qu’il n’y avait que huit bookmakers hors du Champ-de-Mars. Combien de casinos vous avez dans toute l’île ? Même au Champ-de-Mars il y a désormais un casino. Et les guichets de SMS Pariaz ? Vous en avez à chaque coin de rue. Pourquoi arrêter les bookmakers ? Ça c’est le premier exemple des mesures qui encouragent le pari clandestin. L’autre mesure c’est la hausse de la betting tax à deux reprises en deux ans. On est passé de 10 % à 14 %.

«On m’accuse d’être proche de Navin ou de Paul là ? (…)Si sir Anerood était de ce monde, on aurait pu dire que j’ai été proche de lui.»

On est dans la même catégorie que l’alcool et la cigarette. On taxe ce qui est mauvais pour la société…

Tous les pays qui ont baissé la taxe sur les paris ont augmenté leurs revenus. Aux 14 % ajoutez les 4,5 % qui doivent revenir au turf. Cela vous fait 18,.5 %. Un bookmaker clandestin, non seulement il n’a pas à payer 18,5 %, il réclame 5 % aux parieurs. C’est le beau business. La hausse de la betting tax n’a pas diminué l’ardeur des joueurs. Ça les a simplement poussés vers les bookmakers clandestins. Vous savez que les bookmakers qui n’ont pas opéré durant toute la saison dernière n’ont fait aucune représentation pour faire part de leurs difficultés ? (Il nous regarde du coin de l’oeil en levant le menton, comme pour nous inviter à le relancer sur son insinuation)

Donc, ils ne sont pas en difficulté ? Ils ont opéré illégalement c’est ça ?

Vous en déduisez ce que vous voulez.

Mais il y a tout un écosystème qui combat le pari illégal. La brigade des jeux, la Financial Intelligence Unit, etc…

Tout ce que je peux vous dire, c’est que le business du pari clandestin n’aura jamais été aussi florissant. Et ma frustration c’est que le MTC et MTCSL vont finir l’année avec Rs 60 millions de pertes. D’accord, le Covid y a contribué. Mais même avec le Covid, on n’aurait pas dû perdre cet argent. On a perdu Rs 15 millions l’année précédente alors que les courses n’étaient pas à huis clos.

Parce que vos revenus ne proviennent presqu’exclusivement d’une part du gâteau du jeu légal…

Exact. On génère un peu d’argent à partir de la location des loges, des stands, la vente de notre magazine Race Time, les entrées au Champ-de-Mars. L’essentiel provient des paris. Or, avec les paris illégaux, nous perdons beaucoup. Et nous sommes les organisateurs des courses. C’est nous qui assurons que ce sport se tienne dans les conditions optimales.

Il y a eu ensuite les amendements légaux dans le «Finance Bill». Ce qui vous a poussé à dire que le gouvernement veut contrôler l’industrie. Quelle est la motivation du gouvernement, si ce n’est assainir toute l’industrie ?

Ça ne date pas de l’année dernière. C’est un mouvement qui a commencé il y a quelques années, et au fur et à mesure, le MTC a perdu un certain nombre de ses prérogatives. En 2020, ils nous ont obligés – sans consultation avec le Turf Club – à fonctionner comme une compagnie publique ; et ça, je ne comprends pas. Leur prétexte c’était pour qu’on se conforme aux lois sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Or, l’essentiel de nos revenus est contrôlé par la GRA et la Mauritius Revenue Authority (MRA). Avant même que nous prenions connaissance de nos revenus à la fin d’une journée de courses, la GRA et le MRA le savent déjà car ils sont reliés aux serveurs des bookmakers. S’il y a donc une organisation à Maurice qui ne peut pas financer le terrorisme et blanchir de l’argent, c’est le MTC.

Mais sur ce point, excusez-moi, même si je suis complètement ignorant de la chose hippique, j’ai fait un peu de «homework». C’est ce que préconise le rapport Parry (NdlR, une commission d’enquête sur les courses). Je vous lis un extrait du paragraphe 30. «Such a change would bring greater rigour and accountability into running the club by making it subject to Company Law». Rapport Parry !

On aurait pu être une compagnie privée ! Parry n’exige pas qu’on soit une compagnie publique. Ça change tout. Du coup, tous les directeurs de la compagnie publique doivent avoir un personal management licence que doit leur octroyer la GRA. Vous ne voyez toujours pas ? Tous les bookmakers fonctionnent comme des compagnies privées. Pourquoi eux et pas nous ? Je ne comprends pas. Une compagnie privée a aussi des comptes à rendre. Au final, c’est la GRA qui décide qui peut et qui ne peut pas siéger sur le board de MTCSL. Les deux totalisors fonctionnent comme une compagnie publique, c’était leur souhait. Mais SMS Pariaz et les autres bookmakers sont des compagnies privées.

Venons-en à SMS Pariaz. Cette compagnie a été la seule à pouvoir offrir le «fixed odd betting» la saison dernière. Est-ce qu’il y a, comme il le semble, un différend entre le MTC et cette compagnie ?

Non, entre SMS Pariaz et nous il n’y a pas de problème. SMS Pariaz «proper» ein, il n’y a pas de…

(On l’interrompt) Pourquoi, il y a un SMS Pariaz «improper» ?

Non ce n’est pas ce que je veux dire. SMS Pariaz opère à travers l’île et je n’ai aucun problème avec SMS Pariaz…

Allons-y franchement maintenant Jean-Michel Giraud. Il y a un nom que vous ne citez jamais dans vos interviews. Ce nom est largement associé à SMS Pariaz même si officiellement il n’apparaît pas dans l’actionnariat. Ce nom est aussi cité dans la sphère politique comme financier du MSM, par les Rama Valayden et Roshi Bhadain. C’est celui de Jean Michel Lee Shim. Il se chuchote qu’il a acheté 60 chevaux, mais jamais personne n’a pu le prouver. Êtes-vous dans le camp de Valayden et de Bhadain qui accusent M. Lee Shim de tous les maux ?

(Il recule sur sa chaise en poussant un très long soupir et en prenant le temps d’une longue réflexion). J’ai rencontré M. Lee Shim deux ou trois fois dans ma vie et je ne le connais pas plus que cela. Il y a une série d’hommes politiques qui ont dit au Parlement et ailleurs qu’il y a un organisateur de paris qui avait acheté plusieurs dizaines de chevaux. Nous au MTC auparavant et au MTCSL maintenant, quand nous avons fait l’enregistrement des propriétaires, le nom de cet organisateur de paris est apparu uniquement chez l’écurie Maingard, pas ailleurs. Maintenant, si Messieurs Valayden, Boolell, Quirin, etc. ont parlé sur ce sujet, ils ont dû avoir obtenu des informations. Encore une fois, je crois que c’est à la GRA d’enquêter dessus. Ç’aurait été peut-être bien pour tout le monde pour qu’il y ait une enquête en bonne et due forme dessus.

Je conçois votre précaution à ne diffamer personne. Faute de preuves, vous ne vous mouillez pas. Mais en tant président du MTC, vous avez des oreilles dans tout le club. Ma question est donc la suivante : est-ce que M. Lee Shim est un problème pour l’industrie hippique aujourd’hui ou est-ce que tout ce qu’on entend ce ne sont sont que des fabulations?

J’entends aussi plein de choses. Si j’entends, et si ces bruits vous sont parvenus, les autorités doivent égale- ment les entendre. Je pense qu’il serait bien qu’il y ait une enquête pour rassurer tout le monde ou pour blanchir le nom de la personne s’il le faut ou pour entrer des affaires contre la personne que vous citez ou même d’autres personnes qui auraient des activités à la limite de la légalité dans cette industrie. Mon souhait personnel serait qu’il y ait une enquête en bonne et due forme, ne serait-ce uniquement sur ce qui a été dit au Parlement.

Mais vous n’êtes pas dupe. Si ce dont on l’accuse est vrai, et s’il est vraiment un financier du MSM, alors qu’on voit l’avènement de la «Horse Racing Division» qui fera que le gouvernement contrôlera encore plus les courses, pour citer Coelho, «tout l’univers conspire» en faveur de M. Lee Shim. Vous faites preuve de naïveté en demandant une enquête sur lui.

Écoutez, qu’on s’attaque au moins aux paris clandestins.

Mais vous tournez en rond. Vous dites que vos différends avec la GRA ont commencé quand vous l’avez sollicitée pour lutter contre les paris clandestins. Maintenant quand on parle de Lee Shim, vous y revenez. On dirait que vous êtes impuissants face au système qui s’est supposément mis en place…

Mais je ne suis habilité à mener des enquêtes moi ! Il y a une police des jeux non ? Il y a une police des jeux ou pas ? Maintenant s’il n’y a pas assez de formation, qu’on fasse venir des étrangers pour les aider. Le MTC serait prêt à financer une aide étrangère pour la police des jeux.

Ça ne fait aucun sens. Vous êtes toujours en train de demander au gouvernement que vous accusez de tolérer et d’encourager le pari clandestin d’enquêter…

Peut-être qu’il le fait de manière inconsciente. Laissez-moi rêver (il esquisse un sourire narquois). Je ne suis pas en guerre contre l’État moi. Ni contre la GRA. Je leur dis, allons s’asseoir et parler. C’est connu : la plupart des gros gamblers ne jouent pas dans le circuit officiel.

Mais la lutte contre les paris clandestins ne passe-t-elle pas par l’assainissement de la conduite des courses, ce que le gouvernement est en train de faire avec la «Horse Racing Division» ?

Qu’est-ce que vous voulez dire ?

L’histoire regorge de soupçons de courses arrangées. Maurice étant un petit pays, la culture du «tuyau» semble très ancrée et elle est liée aux courses arrangées. On a tous un cousin, un oncle, un voisin, un ami qui est parenté ou ami à un palefrenier, propriétaire, jockey, etc. qui a entendu parler d’une course arrangée. Quand l’État vient créer une «Horseracing Division» avec des professionnels étrangers qui superviseraient les courses à la place des commissaires du MTC, c’est un début d’assainissement non ?

Pourquoi ? Parce que vous avez nommé deux stipes (NdlR, commissaire des courses) étrangers ? Vous oubliez que pendant de nombreuses années, il y a eu des commissaires étrangers ici ? Moi j’ai déjà dû à renvoyer un stipe étranger chez lui parce qu’il mangeait et buvait avec les jockeys. Avoir un stipe étranger n’est pas un élément rassurant. J’ai beaucoup plus confiance en Stéphane de Chalain et Alain Rousset qu’en un certain nombre d’étrangers. Je ne trouve pas que ce soit nécessairement rassurant. Je ne connais pas les stipes qui ont été choisis, mais je connais de très bons commissaires mauriciens.

Mais ça aussi c’est une recommandation du rapport Parry, n’est-ce pas ?

Que quoi ?

Qu’il y ait une «Horse Racing Division»…

(Il nous laisse le temps de consulter nos notes)

Voilà, je le cite. «The commission feels strong- ly that there is an urgent need to remove the regulatory and governance reponsibilities from the MTC and, instead create a separate organisation, the Mauritius Horseracing Authority (MHA) which would be a new independent statutory body to oversee the regulaion and governance of horse racing in Mauritius (…) The need for separation of powers between the MTC and MHA…»

Alors expliquez-moi comment la Horse Racing Division que nous impose la GRA est indépendante telle que Parry l’a décrite. Auparavant, les commissaires enquêtaient, et sanctionnaient, et l’instance d’appel était à la GRA. À présent, les stipes et l’instance d’appel tomberont tout deux sous la HRD. Kot lindépandans ki Misie Parry ti pe koze ladan la ? L’État nomme les gars de la GRA, qui nomme la HRD qui nomme les commissaires et l’instance d’appel. Les courses sont nationalisées (il espace les syllabes pour insister sur le mot nationalisées). Tout est entre les mains de l’État. Tout ! Le rôle du MTCSL aujourd’hui c’est quoi ? De distribuer les stakesmoney (NdlR, argent des sponsors des courses qui est réparti entre les écuries dépendant de leur classement à l’issue de la course) et de s’assurer que les infrastructures, soit la piste, les stalles de départ, et la photo-finish, soient en état. Voilà à quoi est réduit le MTC avec ses 200 ans d’histoire.

Cette politisation des courses, M. Giraud, ce n’est pas vous qui l’avez un peu recherchée ? Navin Ramgoolam a dit que c’est vous qui êtes allé le voir pour lui demander une commission d’enquête sur les courses...

Vous vous êtes documenté à ce que je vois…

C’est mon métier…

Que je conçois.

Donc si Pravind Jugnauth met son nez dans les affaires hippiques, c’est un peu à cause de vous…

Que l’État s’intéresse à l’industrie, c’est obligatoire. On ne peut pas fonctionner sans contrôle. Mais entre opérer sous une autorité et être totalement dicté par cette autorité, il y a une grande nuance.

Pourquoi l’État agit-il de la sorte ?

Je n’ai pas envie de vous dire mon opinion. Mais cela ne profite ni au turfiste, ni au MTC, et ni à l’État lui-même. L’État aurait beaucoup plus à gagner à collaborer avec le MTC et MTCSL. L’État s’est engagé sans consultation dans tout cela.

Pravind Jugnauth a dénoncé le fait que vous soyez proche de Bérenger. Ce n’est pas votre couleur politique qui pose problème ?

On m’accuse d’être proche de Navin ou de Paul là ?

Peut-être des deux.

Si sir Anerood était de ce monde, on aurait pu dire que j’ai été proche de lui. Quand vous avez été à la tête d’une grosse entreprise (NdlR, il a pendant longtemps été le numéro 1 du groupe UBP), vous connaissez tous ceux qui sont à la tête de l’État. Mais je n’ai jamais été le financier de tel ou tel parti politique. L’entreprise que je dirigeais finançait tous les partis politiques. Et cela de façon économe. Je ne parle pas d’un paquet d’argent. Et tout est dans les comptes officiels comme toutes les compagnies à Maurice. Et on n’attendait jamais rien en retour. Celui qui dit que j’ai été le financier d’un parti politique dit une contre-vérité.

Vous êtes l’ami de Bérenger ou pas ?

Écoutez, Bérenger je le connais depuis 30 ou 40 ans. Il y a eu des moments où on était très, très proche oui. Je connais bien Navin Ramgoolam, Arvin Boolell et tant d’autres.

Et Pravind Jugnauth ?

Quand j’ai été élu président du MTC, je lui ai demandé de me recevoir. Il n’a pas voulu, contrairement à tous les Premier ministres qui étaient en poste durant mes précédents mandats, dont le père de Pravind ! Ils estiment que je suis à la tête d’une industrie importante et que j’ai des choses à leur dire. Pravind Jugnauth n’a pas voulu me recevoir.

Je vous fais mon scénario à moi. L’État n’a rien à faire de vous. Il est en train de réduire le MTC à néant. Même les infrastructures que vous gérez pour les courses deviendront obsolètes avec un nouvel hippodrome à Côte-d’Or. La loge où nous sommes ne sera qu’un bureau que vous louerez à Port-Louis…

Oui, j’ai entendu parler de Côte-d’Or et ce ne serait pas idéal. Il y pleut 400 jours par an. Allez faire un hippodrome à Curepipe tant qu’on y est ! Si c’est ce que veut l’État, je leur souhaite bonne chance. Que voulez-vous que je fasse ? Sinon, le MTC a aussi un projet d’hippodrome.

Où ? À Médine, au profit de vos amis ?

Écoutez, je n’ai absolument aucun lien d’amitié, lien financier, ou de lien de parenté avec Médine. Je n’ai jamais travaillé pour Médine. Un hippodrome dans l’Ouest serait idéal à cause du climat et du réseau routier. Mais le Nord est aussi une option.

Pour en revenir à la situation du MTC, je vous donne mon avis : l’État est en train de vous rendre obsolète. «Abé ferme zafer-la !»

J’ai été élu par les membres du club et j’ai un mandat. Le club dispose d’actifs que nous louons à MTCSL, et qu’il faut rentabiliser. J’ai des avenues pour le faire.

Malgré le contrôle de l’État sur les courses ?

Malgré ça, oui. J’espère toujours avoir la collaboration de l’État, de la brigade des jeux, la GRA, la Horse Racing Division à un moment donné, pour lutter contre les paris illégaux. C’est cela qui va générer de l’argent pour le MTC et l’État.

L’État montre clairement ses intentions de vous écarter, vous dénoncez une étatisation des courses et vous avez encore espoir d’obtenir la collaboration de l’État. On dirait que vous aimez jouer au naïf…

Laissez-moi au moins rêver. Tôt ou tard, ils vont venir à la même table et on va discuter entre partenaires.