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Vaccin Novavax: accueil mitigé dans les Outre-mer

29 janvier 2022, 09:49

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Vaccin Novavax: accueil mitigé dans les Outre-mer

L'annonce faite par Emmanuel Macron de livrer en priorité le vaccin Novavax aux territoires ultramarins a suscité vendredi des réactions mitigées en Outre-mer où l'opposition à la vaccination contre le Covid reste vive sur fond de crise sociale.

Le Novavax, sans ARN messager, «ça change rien», a réagi auprès de l'AFP Guy Frédéric, président en Guyane de l'association Santé-respect pour tous, fortement mobilisée contre l'obligation vaccinale dans ce département où 60% des plus de douze ans ne sont pas ou pas totalement vaccinés.

«L'obligation vaccinale, c'est elle qui pose problème, pas le type de vaccin», estime-t-il, regrettant que «le gouvernement s'acharne à passer en force».

Si Sophie Charles, maire sans étiquette de Saint-Laurent du Maroni, salue "une bonne nouvelle", elle "craint fort que cela ne change rien".

Ce scepticisme est partagé en Guadeloupe, où la couverture vaccinale (deux doses) atteint 41,85% chez les plus de 12 ans.

«Nous ne voulons pas de Novavax, de Pfizer, de Moderna ni aucun autre, nous voulons qu'il y ait une prise en charge de santé en Guadeloupe, conforme, qui se colle à la réalité sanitaire de notre pays qui en terme de maladie, qui en terme de réponse publique en matière de santé», a déclaré à l'AFP Gaby Clavier, délégué syndical UTS UGTG du CHU de la Guadeloupe.

Interrogé sur le même sujet, le leader du collectif LKP, Elie Domota, a dénoncé un "mépris colonial le plus total". «On entend des choses qui tombent à la radio à la télé, mais nous ne sommes aucunement consultés, ni auditionnés, ni négociés sur quoi que ce soit», a-t-il déclaré à l'AFP.

Ces derniers mois, l'opposition au pass vaccinal et à l'obligation vaccinale des personnels soignants notamment, s'est traduite en Martinique et surtout en Guadeloupe par de grands mouvements sociaux, des barrages routiers, et des violences répétées.

«La méfiance est générale à propos de la vaccination et je dirais même des vaccins», a déclaré à l'AFP le député guadeloupéen Max Mathiasin (MoDem). Il faut selon lui "faire beaucoup de pédagogie" car "Novavax, c'est un nom qui ne dit pas grand-chose aux gens".

Le Novavax «enlève un argument assez bien orchestré jusqu'à maintenant par le collectif des organisations en lutte», estime pour sa part Ruddy Blonbou directeur du cabinet d'Ary Chalus, président de Région.

Premières livraisons fin février 

M. Macron a annoncé jeudi, en visio-conférence avec des élus des départements et collectivités d'outre-mer, que le Novavax serait en priorité proposé aux territoires ultramarins.

Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, avait écrit au ministre de la Santé Olivier Véran la semaine dernière pour réclamer des garanties d'approvisionnement de Nuvaxovid (le nom du vaccin) pour la Martinique où, selon l'ARS, 42,8% des plus de 12 ans ont pour l'heure reçu deux doses de vaccins contre le Covid.

«Nous voulons ces vaccins assez rapidement pour pouvoir permettre à la population d'être vaccinée sans crainte et sans peur», a souligné David Dinal, le président de la commission santé de la collectivité territoriale de Martinique.

Les premières livraisons en France du vaccin Novavax, qui vient de recevoir le feu vert des autorités sanitaires, auront lieu la dernière semaine de février, selon le ministère de la Santé qui estime recevoir «entre 1,1 et 1,2 million de doses» pour la première livraison puis «800 000 doses par semaine en mars».

En moins de 24 heures, «environ 500 personnes» ont réservé un rendez-vous pour recevoir une dose de Novavax en Guyane, a affirmé l'ARS de Guyane selon qui le nouveau vaccin pourrait "arriver entre les 22 et 28 février" dans ce département où, selon l'ARS, 40,7% des Guyanais de plus de 12 ans sont complètement vaccinés.

En Martinique, la CTM prévoit de réactiver des centres de vaccination éphémères qui avaient été mis en place ces derniers mois.