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Éruption aux îles Tonga: Maurice sous la menace de pluies acides ?

23 janvier 2022, 15:30

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Éruption aux îles Tonga: Maurice sous la menace de pluies acides ?

L’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai dans les îles Tonga a créé une onde de choc à travers la planète. Même si le volcan se trouve à plus de 9 000 kilomètres, les effets sont parvenus jusqu’à nous. Même s’ils sont passés ina- perçus, ils pourraient menacer Maurice. Car lorsque le volcan sous-marin a explosé le 14 janvier, un nuage de fumée de 400 000 tonnes de particules, de cendres et autres gaz s’en est dégagé.

Ce nuage, justement, est ce qui menacerait les Mascareignes, dont Maurice, à cause des particules de dioxyde de nitrogène (NO2 ) et de dioxyde de soufre (SO2 ) qu’il contient. Depuis l’éruption, ce nuage de SO2 est visible sur les images satellites. Sur la plateforme windy.com, on voit que le nuage se dirige d’ouest en est dans l’atmosphère. Le satellite Sentinel 5P a pris des captures de ce nuage transitant sur l’Australie et se dirigeant vers Maurice.

L’océanographe et expert en environnement Vassen Kauppaymootoo souligne que ce nuage est potentiellement dangereux s’il y a une interaction avec la pluie puisque cela pourrait causer des pluies acides. Cela aurait des conséquences pour la faune et la flore, dit-il, mais rien n’indique que des pluies acides vont s’abattre sur Maurice et la région.

Toutefois, contrairement au volcan Pinatubo, dans le cas de Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, les satellites et les données recueillis n’ont détecté aucun niveau extrême de S02 . Un volcanologue du Michigan Technological University explique que la concentration de SO2 dans la stratosphère est de 0,4 téragramme (Tg) de dioxyde de soufre à une altitude de 30 km. De plus, lors de son passage sur l’Australie, la masse nuageuse de dioxyde de soufre s’est réduite. Cela s’est transformé en aérosol d’acide sulfurique qui se repand dans l’atmosphère.

Les images de la NASA montrent la présence d’acide sulfurique au-dessus de l’océan Indien.

En comparaison avec le volcan des Tonga, le volcan philippin Pinatubo a rejeté 17 millions de tonnes de soufre dans la stratosphère. Le nuage de particules à l’époque a engendré 20 Tg, soit vingt fois plus.

Au niveau de la station météo de Vacoas, un prévisionniste a vérifié des informations avant de venir aux nouvelles. Il confirme n’avoir rien décelé de dangereux au sujet du nuage de particules provenant du volcan du Tonga. Celui-ci transiterait par l’océan Indien, qui est particulièrement agité avec le développement des nuages orageux de deux perturbations tropicales.

Les autres effets visibles et invisibles

Quant aux effets du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai subis à Maurice le week-end de l’éruption, ils n’ont pas été ressentis et sont passés inaperçus. Si la détonation de l’éruption a été entendue jusqu’en Alaska, en France et ailleurs, chez nous, une fluctuation de la pression a été notée. En effet, la pression de l’atmosphère a grimpé avant de baisser rapidement. Ce qui implique que peut-être le son a voyagé dans nos parages, selon l’océanographe Vassen Kaupaymootoo.

De même, lorsque les états côtiers proches et lointains des îles Tonga ont donné l’alerte au tsunami, on aurait subi un raz-de-marée à peine perceptible. Même si les marégraphes n’ont rien enregistré d’alarmant, le niveau de l’eau est monté de quelques centimètres à travers le globe. À titre d’exemple, à La Réunion, à Pointe-des-Galets, précisément, on a enregistré des oscillations anormales de 14 cm dans la nuit du 15 au 16 janvier, selon la page Actu Météo 974. Cela a duré environ 10 heures.

Les volcans explosifs qui rejettent du soufre dans l’atmosphère sont censés faire baisser le niveau de température globalement, mais pas cette fois. Selon le New York Times, cette éruption aura des effets à court terme sur le climat, car les éruptions de Krakatau, en Indonésie, en 1883 et du Mont Pinatubo, aux Philippines, en 1991 ont permis de faire baisser la température d’un demi-degré globalement. De plus, ces deux volcans ont été actifs durant plusieurs jours, alors que l’activité de celui des Tonga a duré dix minutes. Cela a coupé ces îles du Pacifique du reste monde endommageant un câble sous-marin de fibre optique et aussi des infrastructures. L’aide humanitaire a été acheminée vers l’archipel, dans un premier temps par bateau, à cause de la présence de cendres dans l’atmosphère, puis par avion. L’opération se poursuit.

 

Le cas d’école du Mont Pinatubo en 1991

<p>Le Pinatubo est un stratovolcan actif situé dans l&rsquo;ouest de l&rsquo;île de Luçon aux Philippines, à moins d&rsquo;une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale, Manille. Considéré comme éteint et recouvert d&rsquo;une épaisse forêt tropicale habitée, le volcan se réveille en juin 1991, après 500 ans de sommeil. Cette éruption volcanique qui s&rsquo;achève le 2 septembre 1991 est l&rsquo;une des plus importantes du 20e siècle avec des conséquences à l&rsquo;échelle planétaire. Le volume de matériaux émis est estimé à 10 km3, dont une grande partie est éjectée dans l&rsquo;atmosphère, provoquant un refroidissement général d&rsquo;environ un demi-degré de moyenne. En effet, l&rsquo;acide sulfurique absorbe et réfléchit le rayonnement solaire, entraînant dans le cas du Pinatubo une diminution de la luminosité de l&rsquo;ordre de 10 % à la surface terrestre. Il se produit alors un refroidissement à l&rsquo;échelle mondiale : en 1992-1993, on estime la diminution de la température moyenne au sol entre 0,5 et 0,6 &deg;C dans l&rsquo;hémisphère Nord et 0,4 &deg;C sur tout le globe.</p>