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National Empowerment Foundation: la monopolisation des contrats source de conflits

11 janvier 2022, 22:00

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National Empowerment Foundation: la monopolisation des contrats source de conflits

Y a-t-il eu maldonnes dans des contrats alloués par la NEF ? En tout cas, l’octroi de contrats de plus de Rs 70 millions à la même coopérative pour la fourniture d'articles scolaires à être distribués est la pomme de discorde qui a divisé le conseil d’administration de l’organisme et son ancien CEO Jean-François Chaumière. Tant et si bien que ce dernier a pris la porte de sortie.

Les langues commencent à se délier après le départ du Chief Executive Officer (CEO) Jean François Chaumière de la National Empowerment Foundation (NEF). Pressenti pour être le nouveau haut-commissaire de Maurice au Mozambique, ce dernier, avons-nous appris, a quitté son poste parce qu’il est entré en conflit avec le conseil d’administration de la NEF. Pendant son temps comme CEO ces derniers 18 mois, il n’était pas satisfait de la façon dont les contrats pour l’achat des fournitures scolaires étaient octroyés. D’autant que cette institution ne tombe pas sous la Public Procurement Act, ce qui fait que les contrats ne pouvaient pas être contestés.

Selon des documents dont nous disposons, c’est surtout une coopérative, la Triolet Noble Cooperative Society, qui raflait tous les contrats ces dernières années, que ce soit pour les cartables, chaussures, uniformes et chaussettes ou encore pour la papeterie. D’ailleurs, la NEF a distribué des fournitures scolaires à 17 000 enfants venant de familles vulnérables de Maurice en 2020. Cette année-là a été marquée par le début de la pandémie. Les années précédentes, le nombre d’enfants était plus élevé, comme en 2019, où 19 115 bénéficiaires ont reçu ce matériel.

Ainsi en 2019-2020, les contrats ont été alloués uniquement à Triolet Noble Cooperative Society pour un montant de Rs 73,3 millions. À Rodrigues, c’est Samoisy James Sy qui avait décroché un contrat.

Articles défectueux

Au niveau de la NEF, les avis divergeaient sur l’allocation des contrats. D’aucuns se demandaient comment une seule compagnie pouvait rafler tous ces contrats. Certains, dont l’ancien CEO, commençaient à avoir des doutes sur ce monopole. D’autant que certains articles étaient défectueux, comme ces chaussures dont ils ont refusé de prendre livraison.

En étudiant minutieusement d’autres dossiers, des officiers de la NEF sont tombés sur une liste concernant la rénovation de maisons de la National Housing Development Company (NHDC) destinées à des familles pauvres. Sur cette liste, ils ont découvert des matériaux pour un aquarium destiné à un bureau au bâtiment d’Air Mauritius où se trouvait jadis le bureau du ministre de l’Intégration sociale. Mais depuis que cette institution tombe sous le ministère de la Sécurité sociale, l’aquarium a voyagé d’un bâtiment à l’autre. À la NEF, comment une institution dont l’objectif est de venir en aide aux personnes les plus démunies a pu accepter une telle décoration pour un bureau laisse perplexe !

Ouvertement non satisfait de l’allocation des contrats, l’ancien CEO a tenté d'y mettre bon ordre. Alors, pour les années 2021-2022, sur cinq contrats alloués à Maurice, la société coopérative de Triolet n’en a obtenu que deux. Les trois autres ont été alloués à Knight Trading (cartables), Nivra Enterprise (uniformes et chaussettes) et Meg Entreprise (papeterie). C’est à partir de là qu’ont commencé les conflits entre le CEO et le conseil d’administration de la NEF.

Il nous revient que le Premier ministre, informé de ces conflits internes, a tranché. Comme il y avait un poste vacant de haut-commissaire au Mozambique, Jean-François Chaumière a été prié d’aller occuper ce poste.

Nous avons essayé de prendre contact avec le principal concerné et avec Raffick Sorefan, président du conseil d’administration de la NEF, mais sans succès.

Ravin Ramputh (Société Coopérative): «On nous doit encore de l’argent»

Ravin Ramputh, secrétaire de la Triolet Noble Cooperative Society, soutient d’abord que si sa coopérative a obtenu autant des contrats, c’est qu’elle est en mesure depuis des années de fournir toute une gamme de produits de qualité à un meilleur prix que les autres. Toutefois, il explique que pendant la pandémie, il a eu des soucis pour obtenir des chaussures de Chine à temps. «Il y avait d’autres marques et la NEF a refusé d’en prendre possession. Malgré cela, nous avons pu livrer une certaine quantité mais la NEF nous a retourné plusieurs paires. Cette institution nous doit environ Rs 690 000 et je suis en contact avec un avoué pour lui servir une mise en demeure.» Y a-t-il eu maldonne dans l’allocation des contrats par la NEF ? À cette question Ravin Ramputh affirme que tout a été fait dans la transparence et que personne ne peut pointer du doigt sa coopérative.