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La semaine décryptée

2 janvier 2022, 15:30

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La semaine décryptée

Lundi 27 décembre

Quand on efface l’histoire…

Ils ont été de nombreux ces Mauriciens à avoir participé aux efforts de guerre des Européens pendant la dernière grande guerre mondiale et aussi aidé à la reconstruction par la suite.

Dans le langage populaire, ces Mauriciens étaient connus comme des «pionniers» et ils avaient bien des histoires à raconter sur leur aventure étrangère. Quand ils sont rentrés au pays, ils furent recrutés dans divers services gouvernementaux. Certains Mauriciens prirent part dans les combats, dont Amédée Maingard, Maurice et Raymond Rault ainsi qu’Harold Walter, qui devaient ensuite occuper des postes de grandes responsabilités au niveau national.

Au fil des années, les «pionniers» devaient disparaître l’un après l’autre et, dans bien des familles, on n’entendit plus des aînés tout excités vanter la débrouillardise mauricienne en terre étrangère. Le gouvernement colonial et postindépendance assura une pension à ces anciens combattants à travers des fonds recueillis par la loterie verte. Un siège fuit aussi maintenu dans un bâtiment colonial à Port-Louis à l’intention des «ex-pionniers».

L’express du lundi 27 décembre annonce que ce siège historique sera démoli. Dans un pays civilisé, on aurait tout tenté pour sauver ce trésor historique. Mais pas à Maurice où nous avons depuis trois décennies adopté une politique différente. On dirait qu’on chercherait à effacer systématiquement certains pans de l’histoire mauricienne pour faire de la place à la contribution des nouveaux maîtres. Les cérémonies de pose de première pierre, par- fois deux fois pour le même projet, et les inaugurations à répétition sont destinées à prouver qu’on construit une société nouvelle.

Mardi 28 décembre

Maurice en âne de Buridan

Dans un conflit diplomatique et stratégique, qui Maurice choisirait entre l’Inde et la Chine ? C’est l’histoire de l’âne de Buridan qui se joue à Maurice. Cet âne ne pouvant choisir entre deux bottes de foin placées à égale distance de lui finit par mourir de faim.

Mais c’est mal connaître le gouvernement mauricien qui mourrait de faim, étant incapable de choisir entre l’Inde et la Chine. Selon l’express du mardi 28 décembre, Maurice n’est pas (encore ?) signataire du projet grandiose des Chinois appelé la Route de la soie ou la Belt and Road Initiative (BRI). Ce projet vise en premier à marginaliser l’Inde car la Chine propose un système de connexion terrestre et maritime entre l’Asie et l’Europe, tout en contournant son grand voisin.

Que 142 pays aient souscrit à cette initiative ne devrait surprendre personne parce que dans les pays sous-développés, on adore traiter avec les Chinois, qui construisent aé- roports, ports et bâtiments dans un esprit d’assistance qui n’existe plus en Europe ou aux États-Unis. On aime aussi traiter avec un pays, qui pratique une politique de discrétion totale alors que dans le monde occidental, des médias dénoncent systématiquement toute initiative scandaleuse de leur gouvernement.

Contrairement à l’âne de Buridan, quand il s’agit de busi- ness dans la plus grande discrétion, Maurice choisit toujours la Chine. Le projet Safe City à coups de Rs 19 milliards et le stade de Côte-d’Or, dont le coût passa de Rs 1 milliard à Rs 5 milliards, en sont des exemples frappants. Mais sur des questions stratégiques, militaires et diplomatiques, c’est Bharat Mata qui l’emporte sans conteste.

Soulignons, dans l’article de l’express, une déclaration de Kee Chong Li Kwong Wing, président de l’Amicale Maurice-Chine, selon laquelle les îles Fidji, Suriname et la Guyane ont signé la Route de la soie chinoise. Il s’agit là d’une belle démonstration de ce qu’on appelle le «communalisme scientifique». En effet, l’ancien député du MMM entend dire que comme Maurice, Fidji, Suriname et la Guyane comprennent eux aussi une importante composante de descendants de coolies indiens, alors pourquoi Port Louis ne devrait-il pas suivre la même tendance. Il donne l’explication : Maurice est devenu un satellite de l’Inde. Rappelons que Kee Chong Li Kwong Wing fut nommé chairman de la State Bank, qui est très active en Inde, par les Jugnauth après les élections de 2014.

Mercredi 29décembre

Le «tir-lamores» de l’année

La MBC a diffusé dans son intégralité le message de Noël du cardinal Maurice Piat dans la soirée du mercredi 29 décembre. Une vive controverse a éclaté dans la soirée du samedi 25 décembre quand la MBC prit la décision de censurer une partie du message du chef de l’Église catholique.

Cette décision provoqua un tollé général et nombreuses furent les condamnations de la station de télévision nationale totalement contrôlée par le parti au pouvoir, en violation de la MBC Act. Cinq jours après, face au déluge de réactions négatives, la MBC finit par céder pour passer le message, tel quel, sans le moindre editing.

D’après certaines indications, la décision de censurer aurait été prise dans un excès de zèle par un technicien nullement rompu aux complexités de la société mauricienne. En fin de compte, la MBC a offert à la population le plus beau spectacle de tire-calson ou plutôt de tire-lamores de l’année 2021.

Jeudi 30 décembre

Les alliés objectifs de PKJ

Des alliés objectifs de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) et du MSM sont montés sur le plateau et l’express du jour leur consacre un article. Cette nouvelle entité poli- tique née sous le ciel mauricien s’appelle l’Alliance pour la solidarité. À vrai dire, trois groupes se sont combinés pour créer cette nouvelle force : le Groupe de ré- flexion Emmanuel Anquetil (GREA), Linion Sitwayin et 100 % Citoyens. Les dirigeants de la nouvelle alliance sont Bruneau Laurette, Rama Valayden et Dev Sunnasy. L’avocat Sanjeev Teeluckdharry en fait aussi partie.

Puisque cette nouvelle force politique va forcément chasser sur le terrain traditionnel du MMM, ce développement joue objectivement en faveur du MSM et de son leader. En effet, avec le système électoral que connaît le pays, une fragmentation de l’opposition aiderait le MSM à se maintenir au pouvoir et augmenterait ses chances de remporter les prochaines élections générales.

Vendredi 31 décembre

Moins de pétarades…

Le réveillon du 31 décembre 2011 a été marqué par moins de pétarades et de feux d’artifice que les années précédentes. Plusieurs raisons sont avancées pour ex- pliquer ce phénomène. On croit que les Mauriciens ont été affectés par une érosion de leur pouvoir d’achat en raison de la dévaluation programmée de la roupie. Ce qui fait qu’on a été réticents à «brûler» son argent dans des pétards qui coûtent définitivement plus cher que jamais.

Une autre explication serait que les Mauriciens ont fait preuve de solidarité envers les compatriotes sévèrement touchés par des fatalités résultant du Covid-19. D’autres avancent que les difficultés résultant du boycott de notre port par des compagnies maritimes ont perturbé l’importation de pétards de plusieurs commerçants. En effet, la mauvaise gestion des activités portuaires et la baisse de productivité dans ce secteur ont poussé des compagnies maritimes à débarquer des conteneurs destinés à Maurice dans d’autres ports de la région.

***

Mais l’espoir est permis. Pascal Tsin est le Mauricien de l’année 2021 de l’express. Ingénieur en électronique, acteur incontournable de la grande distribution, il nous montre la voie du développement durable et contribue à faire progresser le pays dans la lutte contre le changement climatique en misant sur les énergies renouvelables. Il a aussi compris que la solidarité doit être centrale et que l’exclusion des groupes vulnérables doit être combattue sur tous les fronts. Merci Pascal Tsin !