Publicité

Portrait │ Pascal Tsin: Mauricien de l’année

31 décembre 2021, 10:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Portrait │ Pascal Tsin: Mauricien de l’année

Ingénieur en électronique formé à Mc Gill au Canada, figure incontournable de la grande distribution, c’est l’homme de tous les chantiers. Regard résolument tourné vers l’avenir et grand adepte du développement durable, il pilote avec passion plusieurs projets d’envergure liés aux énergies renouvelables, recyclage des déchets, économie circulaire, inclusion sociale des classes vulnérables et encadrement de la petite enfance, développement foncier, mécénat et culture. Pour toutes ces raisons, ce digne fils de «Madame Laurent», bientôt sexagénaire, est notre Mauricien de l’année 2021. Portrait retenu d’un lauréat réservé.

Silhouette svelte, le pas pressé, l’homme s’habille simplement et ne parle pas beaucoup. Il est visiblement discret. Mais si vous lui posez une question sur l’énergie solaire ou le recyclage des déchets, il pourrait vous parler pendant des heures avec des yeux qui pétillent. 

Ingénieur de formation, Pascal Tsin se tient au courant des dernières innovations et tente de les adapter au contexte mauricien. «Chaque jour, chaque seconde, chaque individu produit des déchets. Les déchets, c’est l’homme qui les a inventés. L’homme est la seule espèce au monde qui vit toute sa vie avec des déchets. C’est pour cela qu’il est important de mettre en oeuvre des actions de recyclage», explique-t-il. 

Pascal Tsin n’est pas un homme de discours. Il est dans l’action au quotidien et les chiffres sont éloquents. Depuis ces dernières années, Pascal Tsin et son groupe Super U ont compacté plus de 1 000 000 kg de carton, converti plusieurs tonnes de déchets organiques en compost, recyclé des milliers de kilos de plastique, de verre et de canettes en aluminium dans le Nord, l’Est et l’Ouest. 

Pascal Tsin est très attaché à sa famille, sa mère, sa soeur, son frère, ainsi que ses trois enfants et sa femme Dorine (son roc !), tous connus pour leur simplicité – une sorte de «trademark» de la famille Tsin.

Depuis 2013, son initiative Bioil a collecté d’impressionnants kilos d’huiles usagées et des centaines et des centaines de vieilles piles électriques. À l’instar de la réduction de l’utilisation d’emballages en plastique ou autres dans ses hypermarchés, Pascal Tsin mobilise ses troupes et ses clients pour plusieurs initiatives en faveur de l’environnement. 

Autre facette du personnage : la lutte contre l’exclusion, une mission qu’il porte en lui. Il a vu sa mère, Cecile Tsin Sa Ah Vi, plus connue dans le Nord comme Madame Laurent, à l’oeuvre matin, midi et soir. Par la seule force de ses poignets, dans la boutique familiale, elle va devenir commerçante par la force des choses, et forger le destin de sa famille. «Ma maman n’a jamais connu son père car celui-ci est mort lorsque sa mère était enceinte d’elle de sept mois. Elle était fille unique. Mon père aussi était fils unique et il est mort quand j’avais dix ans. J’ai un frère et une soeur et comme on est une petite famille, chacun a son rôle…» 

Hommage à la nature 

Pascal Tsin a ainsi compris, dès son jeune âge, qu’il faut encadrer les mères de famille, qui peuvent accomplir alors des miracles, et soulever des montagnes. Il a ainsi mis gratuitement des crèches et écoles maternelles à la disposition des mères qui doivent travailler. «Pascal Tsin croit fermement dans ce qu’il entreprend. Il est en partenariat avec nous depuis 2012 et se focalise sur la petite enfance, soit des enfants vulnérables de 0-8 ans. Nous avons plus d’une trentaine d’enfants par crèche, dans le Nord, l’Est et l’Ouest. Nous avons aussi une liste d’attente permanente pour les écoles maternelles. Je dois vous dire que Pascal Tsin dépasse de loin le cadre du CSR. Il nous donne des emplacements de choix dans des centres commerciaux qu’il aurait bien pu louer à prix fort», souligne Patricia Yue, Assistant Director à Terre de Paix. Elle ajoute que Pascal Tsin réserve des espaces pour les sportifs les week-ends et met aussi gracieusement des salles pour des manifestations culturelles. Figure également parmi ses projets d’envergure : l’accès aux personnes autrement capables. 

Nous sommes en décembre 2020. Pascal Tsin, casque de constructeur vissé sur la tête, vérifie les derniers travaux de l’immense chantier Coeur Cap Tamarin. Il a le sens écologique et le goût du travail bien fait. Sur un mur, des morceaux de tôle qui vont prendre la rouille avec le soleil et l’air marin de l’Ouest, le hublot d’une vieille machine qui devient l’oeil d’un poisson géant, des bouchons et des bouteilles en plastique assemblés en une oeuvre d’art, des planches de surf. Pour ce projet de Rs 1,2 milliard, Pascal Tsin a voulu rendre un hommage à la nature. «Dès le début, nous avons voulu un design intégré où l’architecture, l’interior design et le graphic design ont été réfléchis pour faire partie d’un tout. Notre concept s’inspire de la baie de Tamarin, du vibes baba cool et du happy village de Cap Tamarin», nous explique Mary Fok, architecte chez Morphos Architects. 

Si l’ingénieur Pascal Tsin a su inculquer au sein du groupe U les valeurs liées aux énergies renouvelables et au recyclage des déchets, il a cette fois-ci insisté pour que cela se reflète non seulement dans la construction et le design architectural, mais également dans le look. «Les bouteilles et les bouchons en plastique dessinent les paysages tels que la montagne de la Tourelle et les Salines. On a aussi utilisé des objets jetés pour les recycler et ainsi fabriquer un poisson. L’art rejoint le combat pour un environnement sain», fait ressortir Yusuf Moreea, responsable des projets liés aux fresques murales. 

Après avoir conquis le Nord, l’Est et l’Ouest, cap sur le Sud, une région qui est restée, au grand dam de ses habitants, à l’abri des regards du développement. Pascal Tsin et Jamie Rountree, grand propriétaire foncier et propriétaire d’une galerie d’art en Angleterre, fignolent un important projet immobilier à Rivière-des-Anguilles, qui pourrait changer non seulement le village, mais toute cette partie du Sud. Les autorités (l’Economic Development Board, entre autres) ont accueilli avec enthousiasme ce projet novateur. 

Pascal Tsin et Jamie Rountree précisent que leur projet sera principalement axé sur l’adhésion des habitants des divers villages du Sud aux activités que générera ce développement qui se veut durable, tout en contribuant à créer de l’emploi et à améliorer leur qualité de vie. «Pascal and I met for the first time on a whatsApp video call during the pandemic via one mutual and very close friend. We have been speaking on the phone since, and then finally met up in person when I was able to fly to Mauritius after it opened up in October. This is the new Mauritius, and indeed the new world, where flexibility and technology are both key in decision- making. Pascal Tsin, in my opinion, represents what could be the future of Mauritius. He is a brilliant businessman, understanding the needs of an area and integrating with existing structures to create growth for all concerned. He has incredible vision especially in the area of environmental sustainability for his businesses in the long term. His strategies are eco-friendly and the focus is on self-sustained energy efficiency, whether it be by utilising a solar farm on the roof of Super U buildings, or by converting organic waste from the supermarkets into compost, that can be used to help grow future crops. This thinking is surely the future for big business in Mauritius and will help to build a better environment for people to thrive in…» confie Jamie Rountree à l’express. 

Derrière les projets du groupe Super U, il y a la ténacité d’un Mauricien qui ne baisse jamais les bras, quels que soient les challenges en face de lui ou de son pays. Alors que plusieurs gros groupes du privé souffrent actuellement d’un contexte économique difficile et font appel à l’aide gouvernementale pour sauver des milliers d’emplois, le CEO de Super U, lui, court dans tous les sens sur ses nombreux chantiers. Il nous disait, une fois, qu’il trouve «dommage que l’État et le secteur privé n’arrivent pas à se serrer les coudes, surtout à un moment où les défis qui nous guettent sont énormes». Sa crainte : «Qu’on aborde une ère où beaucoup de nos jeunes seront déçus par le manque d’opportunités.»

 

De la petite boutique raquette 

<p>L&rsquo;histoire commence en 1911 avec l&rsquo;arrivée, en provenance de la province chinoise du Guangdong, d&rsquo;Antoine Tsia Lip Ken dans le village de Grand-Baie. Il y construit seul et de ses mains la boutique Grand Bay Store. C&rsquo;est la première pierre d&rsquo;une entreprise familiale, qui se poursuit avec la petite boutique Raquette ouverte en 1935. En 1959, Antoine Tsia Lip Ken, après avoir ouvert son second commerce, achète le terrain d&rsquo;en face et fait construire l&rsquo;actuel Grand Bay Store qu&rsquo;il ouvre en 1960. Son fils, Laurent Tsin Sa Ah-Vi, gère la boutique jusqu&rsquo;à sa mort soudaine en 1972. La veuve de Laurent se retrouve seule à gérer la boutique. Le retour d&rsquo;études de son fils, Pascal Tsin, en 1984, marquera le début de projets de développement novateurs. Ils obtiennent l&rsquo;enseigne Super U en 1998. Le magasin ouvre ses portes en 2000. Depuis, Pascal Tsin et sa famille ont su adapter le modèle de la grande distribution française à la clientèle mauricienne et internationale de l&rsquo;île. En parallèle, ils montrent la voie du développement durable&hellip;</p>

<div style="text-align:center">
	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/photovoltaique_sur_la_toiture_du_super_u_de_flacq.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>L&rsquo;ingénieur fait découvrir aux membres du gouvernement sa ferme photovoltaïque sur la toiture du Super U de Flacq, en décembre 2015.</strong></figcaption>
	</figure>
</div>

<p>&nbsp;</p>