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Etude post-Wakashio: des pertes de revenus de 71% pour certains ménages

13 décembre 2021, 20:30

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Etude post-Wakashio: des pertes de revenus de 71% pour certains ménages

Quel a été l’impact social du Covid-19 et de la marée noire provoquée par le MV Wakashio sur la côte sud-est de Maurice ? La Stanford School of Earth, Energy and Environmental Sciences et Dynamia, qui ont mené une étude conjointe, répondent à cette question dans un rapport intitulé «Social Impact Assessment of the compounding impacts of COVID-19 and the Wakashio oil spill». C’est le premier d’une série de documents que compte lancer l’équipe de recherches sur des thèmes associés aux impacts sociaux liés à la marée noire. L’objectif de cette étude est de fournir une première compréhension de la situation socio-économique et des besoins des villages de la région.

Pour rappel, le 25 juillet 2020, le vraquier japonais MV Wakashio battant pavillon panaméen s’est drossé sur les récifs à Pointe-d’Esny, déversant environ 1 000 tonnes de Very Low Sulphur Fuel Oil (VLSFO) le long de 30 km du littoral le 6 août. Ce nouveau type de fioul à faible teneur en soufre a été mandaté par l’International Maritime Organisation (IMO) en 2020 afin de réduire la pollution de l’air. L’incident s’est produit alors que l’île subissait et subit toujours les impacts de la pandémie de Covid-19.

Le rapport fait ressortir qu’avec des frontières fermées dans le monde entier et des règles de quarantaine très strictes pour l’entrée à Maurice en 2020, le Covid-19 a affecté de manière disproportionnée le secteur du tourisme et toutes les entreprises directement et indirectement dépendantes. La marée noire du MV Wakashio a, de son côté, entraîné la fermeture du lagon, des plages et des activités de pêche entre les villages de Le Bouchon et de Trou-d’Eau-Douce d’août à décembre 2020, affectant gravement les communautés côtières qui étaient auparavant actives dans les secteurs de la pêche et du tourisme.

Pour réaliser cette étude, 792 ménages ont été identifiés dans les régions affectées. Si 564 provenaient de la région touchée par la marée noire sur la côte sud-est, 228 provenaient des régions à l’ouest et au nord de l’île. Ces sites de référence sont issus des communautés qui dépendent fortement du tourisme et de la pêche artisanale et qui n’ont été impactés que par le Covid-19. Selon les résultats préliminaires du rapport, les sites touchés par les déversements du fioul sont les plus affectés par les deux événements. Ils ont touché de manière disproportionnée les communautés côtières les plus vulnérables qui dépendaient des secteurs de la pêche et du tourisme.

Les résultats indiquent également qu’après le confinement (mars-juin 2020), les sites de référence et de déversement d’hydrocarbures ont subi une réduction des revenus des diminuer, en moyenne de – 40,5 % pour les sites de référence et de – 47,5% pour les sites de déversement. Ceux impliqués dans le travail saisonnier, la pêche et le glanage ont vu une baisse des revenus de leur ménage allant jusqu’à 71% dans les sites affectés par la marée noire, tandis que les sites du littoral nord et ouest de l’île ont commencé à se remettre des effets du Covid-19 de juin à décembre 2020.

En revanche, les sites affectés par la marée noire démontrent que les personnes vulnérables dans cette zone auront probablement du mal à se rétablir financièrement. Si la reprise pour certains peut être rapide une fois l’économie ouverte, la voie de la reprise sera probablement plus complexe pour d’autres qui ont accumulé des dettes, épuisé leurs écono- mies personnelles et vendu des actifs productifs tels que des bateaux. En termes d’impacts économiques du Covid-19 sur les ménages, les sites de référence ont montré une diminution de seulement 1% du nombre de salariés par ménage après la période de confinement de 2020, cette proportion restant stable jusqu’en novembre 2020. Les sites affectés par le déversement d’hydrocarbure ont vu leur nombre de revenus des ménages diminué de 3 % et se rétablir de 1 % après la marée noire. Le faible pourcentage de baisse des revenus par ménage peut être attribué aux solides politiques de protection sociale de Maurice ainsi qu’aux diverses formes d’aide gouvernementale mises en place en réponse à la pandémie et à la marée noire.

Perte de revenus 

Cependant, ces difficultés économiques ont affecté la capacité des familles à acheter des produits alimentaires de base, à payer les dépenses du ménage et à couvrir les dépenses d’entreprise. Les résultats ont également montré que les difficultés économiques ont été exacerbées par la marée noire, car le confinement du Covid-19 en 2020 avait déjà entraîné une perte de revenus des ménages. Plusieurs autres impacts sociaux ont également été notés : des problèmes de santé physique et mentale sont apparus, causés par une anxiété et une dépression accrues en raison de la pandémie, une exposition physique au fioul et des sentiments accrus de colère en raison de la marée noire.

En termes d’impact sur les activités économiques, la plupart des personnes employées dans le secteur du tourisme sur la côte sud-est ne pourraient pas bénéficier du tourisme domestique comme ceux du reste de l’île. De nombreux établissements «Bed and Breakfast» et restaurants ont noté qu’ils risquaient de fermer leurs entreprises dans les mois qui suivent. Sur tous les sites, les entreprises commerciales ont souffert, car le pouvoir d’achat des habitants a considérablement diminué.

En outre, bien que les pêcheurs enregistrés et les demandeurs de cartes d’enregistrement aient reçu une compensation mensuelle de Rs 10 200 (environ 250 USD), ainsi qu’une indemnité de mauvais temps, de nombreux ménages ont exprimé des difficultés économiques. Le programme de soutien exclut les pêcheurs non enregistrés (qui n’ont aucun dossier de demande d’enregistrement). Finalement, le rapport note que les femmes sont les plus durement touchées par le Covid-19 et la marée noire. Les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur de la pêche sont devenus évidents. À Maurice, sur les 1 902 pêcheurs enregistrés, seulement 35 sont des femmes. Et sur ces 35, plus de 50 % résident dans la région touchée par la marée noire.