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Samlo: entre bouffée d’oxygène et contrats à couper le souffle

27 novembre 2021, 22:37

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Samlo: entre bouffée d’oxygène et contrats à couper le souffle

 

Comment se fabrique l’oxygène médical ? Ce gaz si précieux qui peut sauver des vies. A tel point que le ministère de la Santé a fait appel à La Réunion pour pallier les besoins, face à la hausse des cas sévères de Covid-19. La question est posée à Rajiv Gowreesoo, CEO de Samlo Group. Une question avec une demande appuyée pour visiter l’usine à Midlands où Samlo produit l’indispensable gaz.

Sauf que dans son bureau portlouisien, Rajiv Gowressoo oppose une fin de non-recevoir. Il explique que «comme l’usine tourne en ce moment 24h/24h, je ne peux pas déranger l’équipe et lui dire de se tenir prête pour recevoir la visite de journalistes».

Lot de consolation : lui qui dit d’emblée, «je ne suis pas un technicien», détaille le procédé de fabrication que nous ne verrons pas in situ. La pièce maîtresse, explique Rajiv Gowreesoo, est l’Air Separation Unit (ASU). On prend de l’air ambiant qui a 20 % d’oxygène. «A l’aide de ‘consumables’, la teneur en oxygène de cet air traité passe à 99,9 %.»

L’acquisition de l’ASU a été pour Samlo Group un «investissement massif». Combien ? Rajiv Gowressoo répond d’abord : «Li inpe enorm.» Avant de lâcher que cela a tourné autour d’une «cinquantaine de millions». L’entreprise a acquis son ASU de la société indienne Sanghi Overseas, indique le CEO. «Nous respectons toutes les normes internationales. Il y a régulièrement des techniciens qui viennent de l’Inde pour assurer la maintenance de l’appareil, tout comme la formation du personnel, à chaque amélioration ou changement dans la configuration des équipements.»

Combien de temps prend la fabrication d’un cylindre ? «Li kontigne sa», répond le CEO. «C’est comme un robinet.» Il précise : «Remplir dix cylindres prend une heure.» Chaque cylindre a une capacité de «300 pieds cubes».

Samlo Group, qui s’est fait un nom dans la ferraille, se lance dans la production d’oxygène «à partir de 2007», rappelle Rajiv Gowressoo. Au départ, c’est de l’oxygène industriel, qui sert à souder ou à découper du métal.

«En 2015, nous avons vu qu’il y avait un marché pour l’oxygène médical. Nou dir kifer non ? Pourquoi ne pas aussi produire cet autre type d’oxygène ?» Des équipements viennent renforcer les installations existantes. «La même usine fabrique à la fois du gaz industriel et de l’oxygène médical. Ce sont les mêmes équipements avec deux procédés différents et deux sorties séparées. Chaque gaz a ses propres spécifications que nous devons respecter.» C’est le même air, mais qui, une fois traité avec des composants spécifiques, est transformé soit en gaz industriel soit en oxygène médical.

Interrogé sur le personnel de l’usine, Rajiv Gowreesoo explique qu’il s’agit d’une main-d’oeuvre indienne qualifiée. «Pour l’instant, il n’y a qu’un ou deux Mauriciens qui peuvent faire ce travail, mais ils n’ont pas la formation requise.»

Chez Samlo, la main-d’oeuvre locale sert à assurer la distribution des cylindres d’oxygène par camion. «Il y a cinq camions avec quatre à cinq personnes par camion, en plus du chauffeur.» Combien de personnes travaillent dans cette usine à gaz ? «Dix personnes par rotation et il y a deux équipes.»

«Aujourd’hui, les compétiteurs sont devenus des amis»

«Aujourd’hui, les compétiteurs sont devenus des amis. Il nous faut travailler ensemble pour sauver le pays. L’oxygène c’est la vie.» Réponse de Rajiv Gowressoo quand on lui demande si la collaboration avec Gaz Carbonique et Les Gaz Industriels se passe bien. Les deux autres sociétés ont répondu favorablement à l’appel des autorités pour fournir elles aussi de l’oxygène médical.

«Si j’avais été dans la position où se trouvent Gaz Carbonique et Les Gaz Industriels, Samlo aussi aurait tout fait pour aider. Il faut contribuer à sauver des vies. Nous devons protéger le produit fabriqué à Maurice. Pourquoi faire venir la même chose de l’étranger ?»

Enfin, Rajiv Gowressoo tient à souligner que les contrats de fourniture d’oxygène médical sont en règle. «Si j’ai suivi toutes les procédures, où est la protection ?» Selon lui, le premier contrat de Samlo en 2016, «c’est du passé. Cela n’a rien à avoir avec le contrat de 2018-2020, ni le contrat de 2020-2022». La commande ayant duré deux ans dans les trois cas.

En 2016, l’allocation contestée du contrat passe devant l’Independent Review Panel. «Les compétiteurs ont dit que nous n’avions pas d’expérience. Peut-être qu’à ce moment-là, ils avaient raison. Mais dans les spécifications de l’appel d’offres, l’expérience n’était pas mentionnée.»