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Hausse du kérosène: Le prix des billets d’avion s’envolent

14 novembre 2021, 17:00

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Hausse du kérosène: Le prix des billets d’avion s’envolent

Le secteur aérien a été le plus impacté par la pandémie de Covid-19. Fermeture des frontières, avions cloués au sol, licenciement du personnel navigant et au sol… l’industrie a été à genoux pendant des mois avec des répercussions sur le secteur du voyage. Le prix du pétrole à la hausse sera-t-il un obstacle à la reprise ?

Les chiffres sont éloquents. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), en 2020, les compagnies aériennes du monde entier ont perdu $138 milliards. Selon les prévisions, les pertes seront réduites à $52 milliards cette année. En 2022, une perte de $12 milliards est prévue. De plus, l’ensemble des compagnies aériennes a accumulé 650 millions d’euros de dettes dues au Covid.

Du coup, à peine la reprise du trafic aérien avec la réouverture des frontières dans plusieurs pays, dont Maurice, le prix des billets d’avion devrait peser lourd sur le porte-monnaie des voyageurs dans les mois à venir, d’après les prévisions de l’IATA. En effet, lors d’une conférence de presse récente, son directeur Willie Walsh a affirmé que le prix du billet d’avion coûtera plus cher dans quelques mois. S’il reconnaît que le trafic aérien devrait se rétablir «à court et moyen termes (…) à mesure que les restrictions de déplacement seront supprimées» et que les compagnies aériennes sont aujourd’hui «plus optimistes quant à la reprise des voyages d’affaires», cette reprise sera lente. La faute est imputée non seulement à une explosion des taxes et redevances aéroportuaires mais également au prix du pétrole qui monte en flèche.

En effet, à fin octobre 2020, le cours du Brent était à Rs 1 598,4, soit $37 le baril ; un an plus tard, il se vend à plus de Rs 3 672, soit plus de $85. Si pour l’IATA, la hausse des prix du kérosène est «un indicateur positif», marquant la reprise économique, elle devrait se répercuter sur les prix des billets payés par les consommateurs car les compagnies aériennes ont subi d’énormes pertes au cours des derniers mois. Du coup, il sera impossible pour les compagnies aériennes d’absorber cette augmentation. Si le coût du carburant représente 20 % du prix d’un billet, il peut aller jusqu’à 35 % pour une compagnie low-cost, qui sera la plus impactée par une hausse du prix du pétrole.

Une majoration du prix du billet d’avion dans les prochains mois indique-t-elle une clientèle ciblée ? Le voyage sera-t-il réservé aux riches ? Les destinations les plus prisées seront-elles un luxe ? Caroline Chen, directrice d’Atom Travel, affiche son optimisme. «C’est possible que les compagnies aériennes n’appliquent pas les recommandations de l’IATA et qu’elles vont absorber la différence pour que le prix du billet n’augmente pas.» De son côté, Umarfarooq Omarjee, directeur d’Omarjee Holidays, estime que s’il y a une hausse du prix des billets, cela aura certainement une incidence sur les voyageurs. «Si par exemple, il y a une augmentation de 10 % sur une destination, le voyageur choisira une autre destination qui tombe dans son budget.» D’ailleurs, fait-il ressortir, les voyages sont préparés à l’avance. «Il y a des moments où il y a des fluctuations dans les prix. Les voyageurs sont habitués à ces fluctuations quand ils préparent leur voyage. Mais il faudra voir l’évolution après décembre.»

Selon lui, tant qu’il y aura plus de demandes que d’offres, les prix seront élevés. Cependant, il est d’avis qu’avec le nombre d’opérateurs aériens, les prix vont chuter car le voyageur fera face à une pléiade de choix. Quoiqu’en ce moment, les prix restent élevés à cause de la demande et de la haute saison. À titre d’exemple, un billet Maurice-Bruxelles sur Air Belgium commence à Rs 30 000. Il faut compter Rs 35 000 pour un vol sur Paris. «Nous sommes approximativement sur les mêmes prix de 2019 avant le Covid-19. Mais certaines destinations comme l’Asie et l’Australie ne sont pas encore disponibles. On attend la reprise de la Malaisie, Singapour et Hong-Kong.» Umarfarooq Omarjee estime toutefois qu’augmenter les prix des billets d’avion n’aidera pas l’industrie du voyage. «Actuellement, les personnes voyagent plus pour les loisirs. Les voyages d’affaires n’ont pas encore repris car les sociétés adoptent toujours le télétravail et les réunions en visioconférence. Certains pays imposent toujours des restrictions sanitaires.»

Et qu’en pense Ajmal Tincowree ? Le directeur de l’agence Shamal Travels estime que la hausse ne sera pas aussi conséquente. «Si les transporteurs augmentent les prix, ce sera sous forme d’une taxe mais elle sera temporaire. Cela ne va pas vraiment affecter les prix qu’on prévoit. Que ce soit pour les touristes ou les Mauriciens qui voyagent, la demande est très forte. Le prix ne sera pas un grand facteur pour décourager les gens.» Selon lui, les compagnies aériennes vont devoir ajuster leurs prix pour rester profitables et compétitives. «Ils vont devoir absorber un maximum dans l’attente de la relance de l’industrie qui est au plus bas. Les compagnies aériennes sont conscientes de cela. Elles vont garder l’augmentation à un niveau raisonnable.»

Ajmal Tincowree explique que la relance de l’industrie est basée sur les mêmes prix de 2019. Par exemple, pour profiter de la destination Europe, les prix varient entre Rs 35 000 et Rs 45 000. Un forfait complet d’une semaine à Dubaï varie entre Rs 45 000 et Rs 55 000. Finalement, pour un forfait complet en Turquie, il faut débourser entre Rs 55 000 et Rs 70 000. «Ce sont des prix compétitifs», lance-t-il. En tout cas, hausse du billet ou pas, l’industrie du voyage affiche déjà des jours meilleurs.