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Un an après la mort de Samuel Paty, hommage dans les écoles de France

15 octobre 2021, 18:07

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Un an après la mort de Samuel Paty, hommage dans les écoles de France

 

Les établissements scolaires de France vont rendre hommage sous différentes formes, vendredi, à Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. Samedi, sa famille sera reçue à l’Élysée par Emmanuel Macron.

À la veille de la date anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, tous les établissements scolaires de France vont rendre hommage sous différentes formes, vendredi 15 octobre, au professeur d’histoire-géographie tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Minute de silence, débats en classe, projection de documentaires autour de la laïcité... «Les établissements ont la liberté de s’organiser. Cela pourra prendre la forme d’échange, de discussion. C’est l’occasion de parler de la place du professeur, du savoir», a expliqué jeudi le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.

La commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, survenu il y a un an, «est l’occasion d’un temps de réflexion et d’échanges avec les élèves. Ce temps pourra notamment prendre la forme, à partir du cycle 3 [CM1, CM2, 6e] d’une séquence spécifique sur la construction de l’esprit critique, ainsi que sur le métier de professeur, son rôle et sa légitimité», selon le site Eduscol, qui fournit des contenus pédagogiques aux enseignants.

«Nous rendons hommage à Samuel Paty tous les jours en faisant vivre les valeurs de la République à l'école»

«Cela peut aussi se faire sous forme d’échange entre les professeurs et les élèves avec des questions-réponses. Cela peut aussi être un travail autour d’une exposition sur la liberté de la presse au CDI. Il y a plein de choses qui peuvent être faites et pas seulement le 15 octobre, parce que rendre hommage à Samuel Paty, c’est ce que nous faisons tous les jours en faisant notre métier d’enseignant et en faisant vivre les valeurs de l’école», affirme Sophie Venetitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, invitée de France 24 jeudi soir.

Le contenu de cette heure de cours dépendra aussi «de l’âge des élèves. Pour des élèves assez jeunes, ça sera plutôt des choses du type : 'Quelle est la place du professeur pour vous ?' (...) Plus l’élève est grand, plus c’est facile de parler d’esprit critique», précise le ministère, soulignant qu’«en général, c’est à partir du CP qu’on peut faire ce genre d’hommage».

«Vigilance totale» lors de cet hommage

En revanche, Jean-Michel Blanquer a déjà prévenu : si ces hommages venaient à être "perturbés", les élèves concernés seront "sanctionnés", a-t-il insisté au micro de RMC jeudi.

Le ministre a rappelé que de telles sanctions avaient dû être aussi appliquées l’année dernière, peu après l’assassinat. «Des problèmes, il y en a eu, mais au moins ils sont signalés. Ils sont aussi circonscrits. Quand on pense aux dizaines de milliers de lieux où cela a été fait, c’est évidemment un pourcentage très faible. Mais là où c’est fait, c’est signalé et sanctionné», a-t-il ajouté.

Mercredi déjà, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait appelé les préfets à une "vigilance totale" lors de cet hommage, et plus particulièrement «dans et aux abords des établissements scolaires».

C'est vrai que ce sont des sujets qui peuvent être compliqués à aborder, reconnaît Sophie Venetitay. Il ne faut pas nier qu’il y a des difficultés. Il ne faut pas les surestimer non plus. On constate que ces difficultés sont aussi liées à un débat public qui n’est pas très apaisé sur ces questions. Les élèves nous répètent ce qu’ils ont pu entendre dans des débats politiques qui sont loin d’être sereins. À nous de faire le travail pédagogique de déconstruction de ces discours, en prenant le temps nécessaire.

Des hommages plus institutionnels

Les hommages seront également nombreux en dehors du cercle scolaire. La grande mosquée de Paris a indiqué à l’AFP que son recteur et ses imams se recueilleront vendredi matin devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où enseignait Samuel Paty.

Samedi, «dans l’entrée même du ministère de l'Éducation, une plaque qui pour toujours rendra hommage à Samuel Paty sera inaugurée. Le Premier ministre viendra, ainsi que d’autres membres du gouvernement, avec les parents et la famille de Samuel Paty», a souligné Jean-Michel Blanquer. La famille sera ensuite reçue dans l’après-midi à l’Élysée par Emmanuel Macron.

 

En parallèle, un square Samuel-Paty sera également inauguré samedi face à la Sorbonne, lors d’une cérémonie que la mairie de Paris veut simple et recueillie.

Une histoire dessinée de la laïcité française

 

Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, 47 ans, avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d’origine tchétchène, tué peu de temps après par la police.

Le jeune homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d’avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Il avait pris connaissance de la polémique autour des caricatures avec une vidéo sur Internet de Brahim Chnina, père d’une collégienne.

L’adolescente, visée par une exclusion pour indiscipline, avait menti à son père : elle avait assuré avoir été sanctionnée pour s’être élevée contre la demande de Samuel Paty faite aux élèves musulmans, selon elle, de se signaler lors de ce cours.