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Débat politique: notre démocratie parlementaire en régression doit être réinventée

27 septembre 2021, 10:00

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Débat politique: notre démocratie parlementaire en régression doit être réinventée

Les insultes répétées du speaker contre un député de l’opposition, l’absence de débats parlementaires alors que sont prises des décisions graves liées à la gestion des crises sanitaire et économique, l’absence de débats autour des nominations des chairpersons et des Chief Executive Officers au sein des institutions et compagnies publiques et des organismes parapublics, la manifestation de la diaspora pour que Maurice s’écarte de la voie de l’autocratisation, la liberté de la presse et la liberté d’expression, le népotisme et le financement politique occulte, l’absence de transparence à pratiquement tous les niveaux sont autant de raisons et de critères qui doivent nous pousser à repenser notre démocratie parlementaire, notre Constitution et, partant, progresser vers une IIe République. Ce sont, en substance, les points de convergence entre Kailash Purryag, Jack Bizlall et Nad Sivaramen, réunis samedi soir, lors du débat organisé par la Mauritius Global Diaspora, et modéré par le légiste Covilen Narsinghen. 

La Mauritius Global Diaspora et la Vitiligo Society vont manifester samedi prochain à Londres, pour réclamer le départ du speaker Sooroojdev Phokeer de notre jadis auguste Assemblée nationale. «On ira jusqu’au bout pour que le Parlement soit débarrassé de ce speaker qui est une honte nationale», a dit Covilen Narsinghen. 

L’ancien président de la République et ancien speaker, Kailash Purryag, n’a pas, lui non plus, mâché ses mots contre Sooroojdev Phokeer. Il regrette le temps où les débats étaient civilisés et de bonne facture. «Avant, il y avait de grands démocrates. Aujourd’hui, il n’y a plus de volonté de transparence au Parlement. On y rend des réponses kilométriques pour ne pas répondre aux questions de l’opposition. Pourtant les règlements sont clairs. Les longues réponses doivent être circulées afin de ne pas gaspiller du temps en lisant ces réponses qui n’ont souvent rien à voir avec les questions posées. Le speaker ne fait rien pour que les standing orders et les principes d’Erskine May soient respectés», s’est emporté Kailash Purryag. 

Le syndicaliste et ancien parlementaire Jack Bizlall a abondé dans le même sens. «Il n’y a pas de débat possible. Le speaker doit partir. Phokeer set down the wrong track! On fait un travail dans ce sens avec les anciens parlementaires comme Alain Laridon, Bashir Khodabux, Armoogum Parsuramen, entre autres. C’est encourageant que la Mauritius Global Diaspora prenne le relais à Londres, pas loin de Westminister. Il faudrait que le mouvement gagne d’autres villes en France, en Italie, en Belgique…» 

Nad Sivaramen a rappelé que le gouvernement, quand il est à court d’arguments, traite les journalistes et les citoyens d’antipatriotes, «comme si la dynastie Jugnauth, élue avec 37 % de votes, avait le monopole du patriotisme». Selon lui, il est dommage que le législatif ait été «pris en otage» par l’exécutif ou plutôt le Prime Minister’s Office, parce que la présente Constitution donne tous les pouvoirs au Premier ministre, «qui est et se prend pour un monarque d’antan, à la fois Premier ministre et Leader of the House, donc celui qui rappelle ou ferme le Parlement tout en étant celui qui, comme chef de parti, nomme le speaker quand il ne les nomme pas ambassadeurs…» 

MM. Purryag, Bizlall et Sivaramen ont listé des propositions pour «mauricianiser la Constitution et rendre plus efficace le fonctionnement de l’Assemblée nationale» par rapport à ses prérogatives ou encore sa visibilité auprès des citoyens. Avec Covilen Narsinghen, ils ont passé en revue les clauses antidémocratiques de la Constitution que nous avons héritée de l’ancienne puissance coloniale britannique. Si nous voulons sauver la démocratie et rendre nos institutions indépendantes et libérer des compagnies comme Air Mauritius/Airport Holdings, Mauritius Telecom ou State Bank of Mauritius de l’emprise du MSM, il faut réadapter la Constitution aux aspirations et normes actuelles de démocratie et de bonne gouvernance. Sinon, on continuera à vivre sous une dictature, incarnée par un monarque à la tête d’un parti politique, ont maintenu les intervenants.