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La semaine décryptée

26 septembre 2021, 18:00

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La semaine décryptée

Lundi 20 septembre

La Santé à l’ère du bateau à voile

Le ministère de la Santé s’agrippe-t-il encore à une technologie inventée en 1895, soit il y a 126 ans ? S’agit-il d’une affaire de commissions ?

C’est ce que pouvait faire comprendre un article publié dans l’express du lundi 20 septembre où il est question d’un budget de Rs 900 millions pour l’achat d’équipements et d’intrants complètement dépassés par les technologies de l’information. En effet, le ministère a lancé un tender pour l’achat de scanners à rayons X pour les cinq hôpitaux du pays au coût de Rs 130 millions. Puis le ministère y a ajouté l’approvisionnement en films pour les huit ans à venir.

La technologie de caméras à rayons X et de films remonte à 1895 quand le physiciste allemand Wilhelm Roentgen (en médaillon) inventa cette fameuse machine. Avec les technologies de l’information, les examens sont faits électroniquement et les fameux films ont été rendus obsolètes car les données – en 3D – sont maintenant stockées dans des fichiers que les médecins peuvent consulter en une fraction de seconde. Pas lieu de demander à un attendant d’aller fouiller quelque part et de revenir avec le fameux film. On connaît l’inefficience du système de films – «pa pe trouv ou fim madam» – et ce que cela coûte en termes de main-d’œuvre employée et de stockage.

Quand on y a ajouté l’élément des films, le budget a connu une hausse spectaculaire de Rs 130 millions à Rs 800 millions. Y a-t-il anguilles sous films ? Il ne manquerait plus que de faire venir à Maurice la ferraille et les films recherchés par des bateaux à voile ou à vapeur comme au temps de Wilhelm Roentgen.

Mardi 21 septembre

Flying squad or sitting duck?

L’express du mardi 21 septembre rapporte que la flying squad du ministère de la Pêche a été démantelée et ses membres redéployés dans les fisheries posts.

Des faits très intéressants sur les effectifs de cette flying squad reflètent bien la culture d’ABC [asize, b… kas] qui serait profondément enracinée dans la fonction publique. En effet, du côté du ministère, on soutient que les membres de cette escouade travaillent de 9 à 14 heures et sont supposés être de garde jusqu’à 16 heures. Certains disparaissent même dans le courant de la journée.

Or, une escouade volante prête à intervenir au moindre signe d’activité illégale qui cesse de travailler à 16 heures, ce serait comme si les postes de police fermaient leurs portes à 16 heures comme les fonctionnaires à Port-Louis. On installe l’anarchie dans le pays.

Le ministère croit qu’il y aurait davantage de succès contre les activités illégales au niveau de la pêche avec le démantèlement de la flying squad. On se demande d’ailleurs à quoi servent la garde-côte nationale et les caméras de surveillance de Safe City, qui ont coûté Rs 19 milliards, dans la lutte contre la pêche illégale. Des caméras sont bien installées sur le littoral du pays, n’estce pas ?

Mercredi 22 septembre

L’épisode rottweiler

Après les humains, ce sont probablement les chiens qui seraient les êtres les plus importants sur le sol mauricien. Depuis des décennies, maints problèmes dans le pays sont associés aux chiens. Ils se présentent dans toutes les catégories. L’espèce la plus médiatisée pendant un certain temps a été le chien errant. Il est omniprésent sur le territoire. Il est incontournable dans les hôpitaux, sur les plages, aux abords des différents marchés – surtout auprès de la section viande – et dans les rues du pays.

Bien des motocyclistes et cyclistes de même que des conducteurs de véhicules ont fait les frais, parfois avec des conséquences fatales, de ces aventuriers passés maîtres dans l’art de trase pour avoir un morceau de pain ou des restes de repas ou des déchets.

Sous régime colonial, le kamyon lisien était fortement efficace pour tout ramasser, chien errant comme zanfan lakaz retrouvé sur la voie publique. C’était avant l’ère des professions d’amour débordant pour les animaux, pour la race canine surtout. Il existe actuellement un très grand nombre d’ONG défendant les chiens, certaines recevant même des fonds de l’étranger…

C’est dans ce contexte que les Mauriciens s’intéressent de près à un incident d’une gravité certaine qui s’est déroulé à Port-Louis et au cours duquel deux rottweilers se sont acharnés sur un comptable. L’express du mercredi 24 publie une déclaration du député Osman Mahomed qui a publié une vidéo où on voit deux rottweilers déchirant littéralement une voiture garée dans la rue. Heureusement pour ce comptable qui risque d’être physiquement handicapé après cette attaque, il n’existe aucune ONG se spécialisant dans la défense des rottweilers. Sinon on l’aurait accusé d’imprudence d’une extrême gravité en marchant sur la voie publique.

Jeudi 23 septembre

Arrestation d’un professeur

Ce n’est pas tous les jours qu’un scientifique de renom, portant le titre de professeur mais aussi homme politique à la retraite, fait l’objet d’une arrestation. Tel a été le cas ce jeudi 23 septembre pour Swalay Kasenally, docteur en chimie, ancien professeur à l’université de Maurice, ministre et président du board du CEB.

C’est la commission anti-corruption qui est à la base des tracasseries de Swalay Kasenally relativement à l’affaire St-Louis. Apparemment un serveur de la compagnie PADCO impliquée dans cette affaire de corruption a livré des secrets. Des fonctionnaires et d’autres personnes ont été compromis par les données recueillies sur ce serveur.

L’inculpation de Swalay Kasenally pourrait bien faire partie d’une manœuvre politique de la part du MSM. L’objectif visé serait d’immobiliser deux politiciens, l’un s’apprêtant à participer aux élections municipales, l’autre connu pour sa grande gueule et qui pourrait se comporter comme un loose cannon dans les jours à venir.

En décryptant la déclaration de Swalay Kasenally, faite aux médias le jeudi 23 septembre, on comprend qu’il réserve bien des révélations pour l’avenir. Tout ce qu’on sait, c’est que le compte à rebours d’une énorme bombe politique a été déjà déclenché…

Vendredi 24 septembre

Ivann Bibi victime d’un virus spécial

Un virus s’est installé aux Casernes centrales depuis quelques années et il se manifeste de façon régulière. La dernière victime de ce virus : Ivann Bibi, un ‘activiste social’.

Ce virus amène systématiquement des officiers de police à convoquer aux Casernes centrales des gens pour divers délits allégués si on ne les arrête pas auparavant. Dans le cas de Bibi, il aurait pris part à une manifestation devant l’hôtel du gouvernement où des pancartes avaient été brandies avec des messages comme «bour li deor !». Si le mot «bour» porte atteinte à la sécurité publique, la police devrait éventuellement retracer les 150 000 Mauriciens qui avaient pris part à la fameuse manifestation de Bruneau Laurette dans les rues de Port-Louis et où tout le monde chantait à l’unisson «bour li deor».

Ce virus des Casernes devient par la suite moins virulent car ceux convoqués ne sont généralement pas poursuivis. Et ceux qui sont traduits devant les tribunaux sont systématiquement acquittés. On ne sait même pas à quand remonte la dernière condamnation à la prison pour participation à une manifestation.

Il paraît que, si jamais Bibi est poursuivi, ses avocats devraient sans doute rechercher le témoignage de nos linguistes pour venir expliquer le caractère non-vulgaire du verbe bour. Clairement cela vient du mot français ‘bourrer’ qui veut dire ‘capitonner, orner, rembourrer, remplir, garnir, fourrer, matelasser, combler’. Il serait intéressant de noter que le terme bour a été adopté depuis longtemps dans le bhojpuri mauricien mais dans un contexte particulier. Il semblerait que sachant qu’un procès autour de bour pourrait s’avérer contre-productif, on comprend pourquoi on poursuit Bibi pour rogue and vagabond. Puisque vakabon est un terme très insultant en kreol, Bibi aurait intérêt à son tour de poursuivre la police pour diffamation.

On n’arrive pas à comprendre pourquoi inviter quelqu’un au quartier général de la police si un délit quelconque est soupçonné ? Dans le cas de Bibi, s’agit-il d’un cas où un puissant homme politique donne un coup de fil aux Casernes centrales et ordonne à qui de droit : «Ki zot pe atann pou bour sa p... Bibi la andan ?» Quelle est l’utilité de convoquer quelqu’un aux Casernes centrales ? Pourquoi ne pas le poursuive directement devant une cour de justice ? Si quelqu’un a commis un excès de vitesse sur l’autoroute, on ne lui demande pas de venir donner des explications aux Casernes centrales.