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Linzy Bacbotte: «Je n’ai pas peur d’être boycottée. Je l’ai déjà été»

30 août 2021, 22:00

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Linzy Bacbotte: «Je n’ai pas peur d’être boycottée. Je l’ai déjà été»

Samedi soir, Linzy Bacbotte et Elijiah ont relancé l’album Infinity. C’était au Hennessy Park Hotel. Sorti en février, la promotion de l’album avait été stoppée net par le second confinement. Pour Linzy Bacbotte, il s’agit surtout de montrer que malgré les difficultés d’un secteur encore partiellement confiné, le salut de l’artiste vient de sa capacité à se réinventer.

Pourquoi lancer l’album Infinity en août alors que l’album est sorti en février ? 
L’album est sorti le 20 février 2021. Il a été gros hijack par le Covid-19. C’est vrai qu’il est disponible sur les plateformes numériques mais nous n’avons pas pu en faire la promotion sur scène. Je suis plus sûre de voir Santa Claus pe desann avant de revoir les grosses foules qu’on a connues avant le Covid-19. L’idée de relancer l’album est venue de Béatrice Bijou-Bellepeau (NdlR : ancienne journaliste, directrice du magasin Busy B) qui s’occupe maintenant de mon image (voir hors texte).

Deux femmes de caractère. Comment fonctionne votre collaboration ? 
Quand Béatrice m’a demandé comment je comptais lancer le clip d’une des chansons d’Infinity (NdlR : le clip de Sa santiman i for sortira dans une semaine), j’ai répondu que je le posterai sur YouTube. Linn trap mwa ek enn Karcher (rires). C’est comme cela que nous avons décidé d’organiser la soirée de samedi. C’est aussi pour dire que même s’il y a des difficultés, l’artiste se réinvente tout le temps. 

Ena dimounn pou dir nou latet pa bon. Pourquoi un relaunching dans ce moment de nwarte ? Justement, c’est ça l’artiste. Il trouve toujours un moyen. Se dan nou. Cette soirée, c’est un message envoyé aux autres artistes. Malgré les difficultés, nous ne devons pas rester repliés sur nous-mêmes. Le Covid-19 nous a montré qu’on a du potentiel endormi ou négligé. Si on s’entoure des bonnes personnes, on peut repartir. 

Je ne suis plus toute seule. Le premier confinement a vu naître l’émission de cuisine Linkwi. Et dire qu’avant ça, j’étais anti-Facebook. Le premier confinement a été un gros déclic. Avec Linkwi, je me suis rendue compte de la force des réseaux sociaux si on veut continuer à exister. Après le premier confinement, les concerts ont repris. Sauf que je me suis retrouvée à l’Intensive Care Unit (ICU).

Vous vous en êtes remise ? 
Je suis toujours sous surveillance. On sait qu’on n’est pas éternel, mais cette phase m’a montré qu’il y a des choses prioritaires. 

Comme ? 
Le temps pour soi, la famille. Savoir dire non.

Dire non à qui ou à quoi ? 
On veut plaire aux autres. Après on se rend compte que les autres ne font pas la même chose pour vous.

Qu’avez-vous arrêté depuis votre séjour à l’hôpital ? 
Il faut se poser les vraies questions. J’étais aux soins intensifs en novembre 2020. Le médecin dit qu’il faut annuler tous mes concerts.

Alors que la fin de l’année c’est la «coupe» pour les artistes ? 
C’est le boni qui tombe. J’ai été obligée d’écouter le médecin. J’étais comme déconnectée de mon corps. Je n’étais plus là. Ma fille a assisté à ça. 

Mon fils est venu me rendre visite à l’hôpital. De les voir tous les deux, là, a été un choc (NdlR : Linzy Bacbotte explique qu’elle a eu une double thrombose. Le ton change. Elle raconte son expérience «surnaturelle» durant son séjour à l’hôpital). 

À l’hôpital, j’ai entendu tellement de choses sur moi. On disait : «Un légume», «inn fini sa». On m’a piquée aux bras, aux pieds, ziska dan mo lerin. À un moment donné, je me suis vue allongée dans un tombeau. Une voix m’a demandé : tu sais où tu es ? J’ai dit oui. La voix m’a demandé : quel âge est-ce que j’avais quand je suis mort ? J’ai répondu : 33. La voix m’a demandé : combien d’années de carrière as-tu ? J’ai dit : 33. Il fallait mourir pour renaître. 

Pendant que je suis aux soins intensifs, j’appelle Elijah parce qu’on avait des concerts prévus ensemble. Depuis la sortie de Ou menm sa enn en février 2020, on n’avait pas pu en faire la promotion à cause du confinement. Et là, en novembre 2020, le docteur m’annonce qu’encore une fois, on ne pourra rien faire. (NdlR : en riant elle raconte une méprise au téléphone du chanteur seychellois) Elijiah n’entend pas ICU mais I see you. Une fois arrivé à Maurice, il me suggère de demander au médecin si je peux quand même participer à un concert. Un seul.

Quand vous avez annulé tous vos engagements, votre porte-monnaie en a pris un sale coup ? 
Cela a été extrêmement dur. Noël était derrière la porte. Je suis une mère célibataire avec deux enfants. Elijiah m’a expliqué qu’on n’aurait peut-être pas d’autres occasions de faire Ou menm sa enn sur scène avant longtemps. 

Avant l’annulation, votre carnet de commandes était déjà plein ? 
Il débordait. Certains soirs, je devais donner trois concerts. Moris ti pe reouver. Le docteur m’a dit : chantez une seule chanson sur scène. Si après ça, vous avez mal à la tête, ne persistez pas. Quand je suis remontée sur scène avec Ou menm sa enn, à Côte-d’Or, je me suis sentie born again. 

Elijiah était venu à Maurice pour réaliser son album. Je n’avais pas fait d’album solo depuis Breathe Again. C’était en 2007. Fam exampler, qui n’était pas un album mais un projet, c’était en 2010. Nous avons alors décidé de faire Infinity ensemble. Tout s’est fait en trois semaines. From scratch.

 

 


Donner des «Claques»

<p><strong>D&rsquo;un côté, vous avez décidé de faire plus attention. De l&rsquo;autre vous voulez donner des &laquo;claques&raquo; en tant que porte-parole du Kolektif Lavwa Akter Kiltirel (Klak). Comment réconcilier les deux ?</strong><br />
	Pour une première fois&hellip;(NdlR : le collectif a tenu une première réunion le 24 juillet dernier, jour où l&rsquo;on a appris que le paiement des tarifs pour l&rsquo;utilisation de la musique par le secteur hôtelier a été suspendu jusqu&rsquo;en 2022)</p>

<p><strong>On se souvient de votre passage mouvementé comme conseillère au ministère des Arts et de la culture. Vous en étiez sortie en disant &laquo;plus jamais&raquo; rien avec le ministère. Qu&rsquo;est-ce qui vous a fait changer d&rsquo;avis ?</strong><br />
	On sait à quel point c&rsquo;est difficile d&rsquo;exister. Pourquoi ne pas utiliser ma notoriété, mon expérience, mes connaissances ? Si ce n&rsquo;est pas moi, qui ? Il y a des choses que j&rsquo;ose mais pas les autres. On sait que trop bien comment fonctionne le gouvernement. Au sein de Klak, on arrive à se parler franchement. Malgré nos divergences.</p>

<p><strong>Vous soumettriez une demande d&rsquo;aide en votre nom au ministère des Arts et du patrimoine culturel ?&nbsp;</strong><br />
	<em>Been there, done it.</em> Non.</p>

<p><strong>Vous avez peur d&rsquo;être boycottée ?&nbsp;</strong><br />
	Je n&rsquo;en ai pas peur. Je l&rsquo;ai déjà été. La première chose dont nous avons besoin c&rsquo;est avant tout que le statut des artistes soit reconnu.</p>

 

 

 

 


Beatrice Bijou-Bellepeau: «Après 33 ans de carrière, Linzy Bacbotte aurait dû être millionnaire»

<p style="text-align:center"><img alt="" height="240" src="/sites/lexpress/files/images/beatrice_bijou-bellepeau.jpg" width="450" /></p>

<p>Beatrice Bijou-Bellepeau assiste à l&rsquo;entretien. Bien plus qu&rsquo;habiller l&rsquo;artiste, elle gère son image. Est-elle le manager de Linzy Bacbotte ? <em>&laquo;Je suis un partenaire&raquo;</em>, précise-t-elle. <em>&laquo;C&rsquo;est plus profond que gérer ses affaires, parce qu&rsquo;à la base, nous sommes des amies. Je peux me permettre de lui dire des choses qui ne sont pas du ressort du manager.&raquo; </em>Son constat : <em>&laquo;Malgré le confinement, Linzy Bacbotte aurait dû être à l&rsquo;abri financièrement. Après 33 ans de carrière, elle aurait dû être millionnaire.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Si ce n&rsquo;est pas le cas, ni pour Linzy Bacbotte ni pour d&rsquo;autres artistes populaires, c&rsquo;est, <em>&laquo;parce qu&rsquo;ils ne sont pas encadrés&raquo;.</em> Beatrice Bijou-Bellepeau met les points sur les <em>&laquo;i&raquo;</em>. Elle entend veiller aux intérêts de l&rsquo;artiste, <em>&laquo;de manière professionnelle&raquo;.</em> Contrairement aux <em>&laquo;parasites&raquo;, &laquo;ceux qui boivent le sang et qui partent&raquo;.</em> Elle définit son travail comme prendre la partie que Linzy Bacbotte, <em>&laquo;n&rsquo;aime pas faire, n&rsquo;a pas le temps de faire. On ne peut pas être créatif quand on n&rsquo;a pas d&rsquo;argent, quand on est stressé, quand tout est compliqué&raquo;.</em> Étape incontournable : faire de Linzy Bacbotte une marque déposée. <em>&laquo;À partir de là, on peut décliner la marque de façon structurée, avec un standard de qualité.&raquo;</em></p>