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Le blues des infirmiers, mal-être de toute une profession

2 août 2021, 19:05

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Le blues des infirmiers, mal-être de toute une profession

À bout de souffle. C’est le sentiment du personnel soignant plus d’un an et demi depuis l’apparition du Covid-19. Ils font face à la violence de leurs conditions de travail et souffrent souvent du manque d’effectif et de matériels. Ce n’est pas le président de la Ministry of Health Employees Union(MHEU)qui dira le contraire. Amarjeet Seetohul pointe du doigt plusieurs manquements que lui ont rapportés les infirmiers. «On parle de mesures préventives mais on ne donne qu’un seul masque au personnel au quotidien. Or, il faut en changer chaque quatre heures, d’autant plus que nous sommes en contact avec les patients.»

Le président de la MHEU soutient que les infirmiers n’ont pas le temps de faire un test PCR au patient qui arrive alors que sa vie ne tient souvent qu’à un fil. «La priorité est de soigner le patient. Le test PCR devra attendre. Du coup, il faut que le staff ait les équipements adé- quats, dont le Personal Protective Equipment (PPE), mais selon les revendications du personnel, ils n’en ont pas.» On ne leur fournit que des gants, un masque et un face-shield. Du coup, personne ne sait si le patient à soigner est porteur du virus ou pas.

Le manque de personnel se fait encore plus ressentir par les temps qui courent. «Quand on est en contact avec des cas positifs, le personnel va en quarantaine. Du coup, ceux qui restent sont débordés.» Cette affaire a déjà été abordée aux différents ministres en poste depuis plus de dix ans, affirme Amarjeet Seetohul. «Trois rapports du Pay Research Bureau (PRB) sont déjà passés et toujours aucune réponse à nos requêtes. Nous avons expliqué que la question du manque d’infirmiers peut être résolue avec la formation des aidessoignants. Nous n’en dénombrons pas moins de 1 000 à Maurice. On a juste à leur prodiguer des cours comme le font déjà les pays européens. Ils seront d’une grande aide aux infirmiers.L’on nous a dit qu’il faut attendre le consentement du PRB. Mais on aurait déjà pu leur donner des cours.»

Le président la MHEU se dit inquiet pour le personnel de l’hôpital de Moka. Les propos décriés par le staff le laissent pantois. «Le manque d’équipement et d’encadrement commencent à peser sur le moral des troupes.» Pour cause, l’une des salles centrales de cet établissement se trouve en rénovation. Du coup, cela perturbe les opérations de cet hôpital. «On a transféré le personnel dans une salle qui ressemble à un couloir. Il est tellement serré que la distanciation physique y est inexistante. Les malades, le personnel, tous s’y croisent. Dans cette salle on consulte les patients, l’intimité entre eux et le docteur a pris un sérieux coup. C’est dans cette même salle que l’on fait des pansements. Ajouté à cela, les patients cardiaques aussi viennent faire leur test dans cet espace. Et que vous dire des rideaux, qui sont attachés avec des cordes en raphia !»

Pour enfoncer le clou, il n’existe qu’un point d’eau dans cette salle. «On y lave les équipements médicaux contaminés. C’est également cette eau qui est utilisée pour la consommation personnelle.» Amarjeet Seetohul confie que le personnel commence à craquer. «Avec le manque de personnel, les patients se montrent impatients, certains sont agressifs. La police n’est pas toujours présente pour aider à calmer les esprits. Avec le stress engendré, les nerfs lâchent et beaucoup commencent à pleurer.»Le président de la MHEU espère qu’en exposant les difficultés rencontrées par le staff en cette période de pandémie, le ministère de la Santé pourra rectifier le tir…