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Cour d’investigation: Le «Sir Gaëtan» a perdu son ancre 21 jours avant le drame

22 juillet 2021, 16:18

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Cour d’investigation: Le «Sir Gaëtan» a perdu son ancre 21 jours avant le drame

La cour d’investigation sur le Sir Gaëtan a apporté son lot de révélations hier. En effet, l’audition des skippers de la Mauritius Ports Authority (MPA) était très attendue par le panel composé du président, l’ancien juge Gérard Angoh, et de ses deux assesseurs, les capitaines Mahendra Babooa et Jacques Goilot. Les skippers ont souligné les manquements sur le Sir Gaëtan ainsi que l’absence de formation pour le personnel à bord des remorqueurs.

«Tous les remorqueurs ont des équipements de sécurité. Il y avait des soucis de sécurité avec le Sir Gaëtan. Raison pour laquelle il a été mis de côté pour des tâches supplémentaires», explique Koslendr Pothimah, skipper depuis 2018. «Avez-vous rapporté les défauts, mauvais fonctionnement d’équipements à bord au Deputy Port Master (NdlR : Kavidev Newoor) ?» lui demande le capitaine Babooa. «Plusieurs fois. Le Sir Gaëtan avait des défauts. Nous avons fait des rapports mais nous ne savons pas ce qui s’est passé ensuite», explique le skipper.

Pendant l’audition, les skippers ont révélé que le 8 août 2020, le Sir Gaëtan a perdu son ancre alors qu’il faisait route vers Pointed’Esny. «Comment se tenait alors le remorqueur ?» demande le capitaine Babooa. «On a fait des arrangements pour récupérer l’ancre originale. Il y avait une ancre provisoire. Une grande manille attachée à la table d’ancrage», répond Prithiviraj Gungaram, qui a été formé à la National Coast Guard (NCG) et est également skipper depuis 2018. Selon lui, le remorqueur était à la dérive. «Nous avions désespérément besoin de quelque chose pour retenir le remorqueur.» Le capitaine Babooa de renchérir : «La manille était-elle le moyen le plus approprié ?». «Nous n’avions pas d’autres moyens à ce moment-là», répond le skipper. L’on apprend également que lors d’une opération précédente qui consistait à remorquer le Gulf Star, le Sir Gaëtan avait une panne de moteur.

Comme d’autres skippers avant lui, Prithiviraj Gungaram a également énuméré les manquements à bord. Ainsi, on apprend que sur le Sir Gaëtan, il n’y avait pas de GPS de navigation et qu’il y avait une boussole magnétique à bord qui n’était pas calibrée. Le Navtex ne fonctionnait pas pour recevoir les données de la météo, il fallait le vérifier sur le téléphone portable. L’écho sondeur ne fonctionnait pas et une carte de navigation (small scale chart) temporaire était utilisée pour connaître la profondeur de l’eau, de Port-Louis jusqu’au sud-est, pour que le remorqueur ne s’échoue pas. Le certificat garantissant la sûreté du Bollard Pull (NdlR : puissance de traction) avait expiré.

Les skippers affirment qu’ils n’ont plus de formation. La dernière remonte à 2018. Ils avaient signé une pétition en janvier 2020 stipulant que le Sir Gaëtan avait des défauts. «Le Port Master et son adjoint étaient au courant du problème. Rien n’a été fait», fait ressortir Nirmal Doodee. Tous s’accordent à dire que le Sir Edouard aurait été le remorqueur le plus approprié pour ramener la barge l’Ami Constant dans la soirée du 31 juillet, à cause des conditions météorologiques et des houles de plus de cinq mètres.