Le cyclisme mauricien est en deuil. En effet, Hervé Flore dont le dévouement à sa cause était largement reconnu s’en est allé sur la pointe des pieds dans la nuit de samedi à dimanche. L’ancien président de la Fédération mauricienne de Cyclisme (FMC) est décédé des suites de soucis de santé alors qu’il était admis à l’hôpital depuis la fin de la semaine dernière. 

Ceux qui ont côtoyé Hervé Flore qui était âgé de 67 ans, sont unanimes à reconnaitre sa contribution à l’avancement de la petite reine. Il a fait partie de la fédération – connue auparavant comme l’Association mauricienne de Cyclisme (AMC) – pendant une trentaine d’années. Il a occupé la présidence de 2009 à 2015 après avoir été un fidèle vice-président aux cotés de Roland Nicolin. Ces cinq dernières années, il avait été membre coopté et avait comme responsabilité principale l’organisation des courses, surtout le Tour de Maurice. Il a été directeur du Tour pendant de nombreuses années et maitrisait tous les rouages de l’organisation de cet important événement de notre calendrier cycliste.

Il aimait à dire que même s’il n’a pas été coureur, le cyclisme demeurait sa passion. Il était tombé amoureux de ce sport alors qu’il était encore jeune et a ensuite intégré l’équipe dirigeante du Groupement Cycliste de l’Ile Maurice (GCIM) alors présidé par feu Hervé Wong Keng. 

L’infatigable bénévole Hervé Flore avait confié avoir beaucoup apprécié le Tour de Maurice de l’année dernière qui, rappelons-le, n’avait réuni que les cyclistes locaux en raison de la pandémie de COVID-19. Il avait dit sa joie de voir une sélection féminine en action lors du dernier jour de cette 39e édition du Tour de même que les cadets au départ.

Pour Catherine Victoire qui a cheminé avec Hervé Flore au sein de la communauté cycliste locale depuis le début des années 90, celui-ci était l’incarnation du dévouement et de l’humilité. «Quand je venais de faire mon entrée au sein de la fédération, il y a une phrase que j’entendais souvent : la bibliothèque de la fédération c’est la voiture d’Hervé. Il avait un grand sac ou l’on trouvait tout ce dont on avait besoin concernant la fédération. Sa capacité à s’engager pour le cyclisme m’a aussi marquée. Pourtant, il n’avait aucun proche parent qui faisait du cyclisme contrairement à beaucoup d’entre nous. On le taquinait souvent en lui disant que le siège de la fédération était sa deuxième maison. Il travaillait en toute discrétion. Il a organisé une quinzaine de Tours de Maurice d’affilée et je ne vois pas qui pourrait faire de même désormais. C’était un bosseur. Je suis vraiment triste. C’est une perte inestimable. Hervé était toujours disponible. On va devoir continuer la route sans lui et ce ne sera pas simple», confie l’ancienne vice-présidente de la FMC et dirigeante du Port-Louis Municipal Cycling Club (PLMCC).

Jean-Paul Descelles a été un des proches collaborateurs d’Hervé Flore au sein du comité d’organisation du Tour de l’ile depuis bon nombre d’années. «Hervé c’était Monsieur Tour de Maurice. Le cyclisme, c’était sa passion. Personnellement, c’est un frère que j’ai perdu. Il me demandait régulièrement de l’accompagner dans des réunions concernant l’organisation de diverses compétitions comme par exemple les derniers Jeux des iles de l’océan Indien (JIOI) qui avaient eu lieu à Maurice (ndlr : 2019). Il m’appelait pour me demander un conseil ou un renseignement. C’était une personne très méticuleuse. Il se levait très tôt le matin pour s’assurer qu’il n’y avait aucun problème sur le tracé des courses. Trois semaines de cela, nous nous sommes parlé au téléphone et il a évoqué l’organisation du Tour de cette année. Hervé m’avait aussi confié qu’il se sentait un peu fatigué et qu’il comptait prendre un peu de recul par rapport à l’organisation des courses à la fin de cette année. Il s’en est allé avant», a-t-il confié.

Lawrence Wong qui a succédé à Hervé Flore à la présidence de la FMC en mai 2015 salue un homme «très dévoué.» «Je garde d’Hervé le souvenir d’un homme extrêmement gentil.  Il ne recherchait pas la gloire, n’était pas intéressé par les feux des projecteurs. Il a bossé pendant ces 30 dernières années à la fédération sans jamais rien demander en retour. Il a donné sa vie au cyclisme. C’est une personne vraiment rare. Nous nous sommes croisés à la fédération la semaine dernière et nous avons échangé des plaisanteries comme nous avions l’habitude de le faire. Nous lui devons beaucoup», a-t-il fait ressortir.

La coïncidence a voulu qu’Hervé Flore quitte ce monde à la veille de l’arrivée finale du Tour de France sur les Champs Elysées. Un clin d’œil du destin sans doute.

Il est certain que l’absence d’Hervé Flore se fera durement ressentir. Il ne sera pas au four et au moulin afin de veiller à ce que tout se passe correctement lors de la 40e édition du Tour de Maurice qui aura lieu du 9 au 13 novembre mais son souvenir planera à chaque instant…