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Bosnie: Lana Pudar, 15 ans, n'a pas de piscine mais va aux JO

7 juillet 2021, 14:10

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Bosnie: Lana Pudar, 15 ans, n'a pas de piscine mais va aux JO

 

Dans sa ville de Mostar, Lana Pudar, 15 ans, n'a pas de piscine olympique pour s'entraîner, ce qui ne n'a pas empêché la jeune Bosnienne de décrocher son billet pour Tokyo où elle participera au 100 mètres papillon.

La nageuse rêve de remporter la première médaille olympique de la Bosnie mais elle se rend au Japon sans se mettre la pression, l'esprit serein.

Avec un record national à 57 sec 37 établi à la mi-mars, elle peut prétendre à une finale olympique (11e temps de la saison), à plus d'une seconde toutefois du top 5 mondial, dominé par la Chinoise Yufei Zhang (55.62 fin septembre 2020) et l'Américaine Torri Huske (55.66 à la mi-juin aux trials).

Etre alignée en finale lui suffirait, idéalement aux côtés de son héroïne, Sarah Sjöström, reine suédoise des bassins, détentrice à 27 ans de quatre records du monde en grand bassin (50 et 100 m nage libre, 50 et 100 m papillon).

«Elle est mon idole depuis toujours», explique Lana à l'AFP, au bord de la piscine vétuste de 25 mètres où elle s'entraîne dans la banlieue de Mostar, sa ville natale du sud de la Bosnie connue pour son pont inscrit au patrimoine mondial.

«Elle aussi n'avait que quinze ans quand elle a commencé à faire de bons résultats. Je veux faire une photo avec elle et j'espère aussi être sa rivale.»

L'adolescente, dont le visage a encore les rondeurs de l'enfance, a été révélée au public en mars en s'assurant la qualification lors d'un tournoi à Belgrade, grâce à ce qui était alors le deuxième meilleur temps de l'année (57,37).

Performances remarquables 

«Ca fait longtemps que Lana fait des résultats qui sont au niveau de meilleures performances en Europe et dans le monde dans sa tranche d'âge et même dans les catégories supérieures», déclare Damir Djedovic, directeur d'Orka, son club de natation.

A Belgrade, elle a réalisé le même temps que la Française Marie Wattel et la Grecque Anna Ntountounaki lors de leur victoire partagée aux championnats d'Europe en mai.

En Bosnie, Pudar collectionne les records dans quasiment toutes les disciplines et s'attaque depuis ses 13 ans à ceux des seniors, notamment aux 50 et 100 m papillon.

«Je ne compte plus, je m'y perds. Ma mère s'occupe de ça. En ce qui concerne le papillon, quasiment tous les records nationaux sont les miens. Maintenant, je me bats contre moi-même», sourit-elle.

Elle a découvert la natation à cinq ans dans le minuscule bassin municipal de Mostar (12,5 m). «Je l'y ai amenée pour qu'elle apprenne à nager, avant d'aller à la mer», raconte son père Velibor Pudar, un ancien gardien de but du Velez Mostar.

Peu après, un entraîneur d'Orka est venu lui parler. «Il m'a dit qu'ils voulaient la mettre tout de suite dans le club, qu'elle avait du talent. Une vingtaine de jours plus tard, il m'a dit: C'est un vrai dauphin», poursuit son père, en référence au nom donné dans la région à la discipline papillon.

«En profiter»

Humble et souriante, Lana admet que sa «petite gloire» lui «fait du bien». «C'est beau quand les gens me reconnaissent, me félicitent, mais j'essaye de rester concentrée sur l'objectif», dit-elle.

«Le désir de médaille existe et elle fera de son mieux, mais elle ira à Tokyo détendue. Elle n'a pas beaucoup d'expérience et il faut y aller doucement», dit sa mère Nada.

Les podiums peuvent venir plus tard. «Lana est le  projet pour les trois prochains cycles olympiques», selon Damir Djedovic.

Le voyage au Japon tient un peu à la pandémie qui a retardé les JO d'un an, avoue Alena Cemalovic, sa principale entraîneuse. L'athlète "ne s'est rapprochée que vers la fin 2020 de la norme".

La Bosnie n'a que deux piscines olympiques, à Sarajevo et Banja Luka, et Lana doit faire des heures de route pour se préparer aux grandes compétitions.

Mais grâce à sa qualification, elle a décroché des contrats de sponsoring et des aides du Comité olympique national, ce qui lui permet aussi de s'entraîner en Croatie et Turquie.

Ses entraîneurs espèrent néanmoins que son histoire facilitera la construction d'une piscine olympique à Mostar. Amina Kajtaz, autre pépite de la ville, a dû déménager en Croatie après avoir participé aux JO de Rio.

Pour l'instant, Lana n'a pas l'intention de quitter la Bosnie. Elle veut finir son lycée informatique. Mais elle aussi rêve d'ailleurs.

«Je vais essayer de m'inscrire à une université prestigieuse aux Etats-Unis ou quelque part en Europe ou je pourrai poursuivre parallèlement ma carrière sportive».