Publicité

Pétrole: les Emirats qualifient l'accord proposé à l'Opep+ d'«injuste»

4 juillet 2021, 16:44

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pétrole: les Emirats qualifient l'accord proposé à l'Opep+ d'«injuste»

A la veille d'une reprise des négociations de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés, les Emirats ont regretté dimanche que la prolongation de l'accord sur les quotas de production en discussion ne comporte pas d'augmentation de ses volumes.

Pour le gouvernement de cette fédération, dont le PIB dépend à 30% des hydrocarbures, l'accord proposé lors des négociations de l'Opep+ est «injuste», selon un communiqué publié par l'agence de presse officielle WAM.

Depuis 2018, l'Opep+ a mis en place une politique de limitation de sa production afin de soutenir les cours de l'or noir en berne. Avec l'émergence de la pandémie de Covid-19, face à une baisse drastique de la demande, le cartel et ses alliés ont encore plus fermé le robinet avant de le rouvrir progressivement depuis mai à la faveur d'une reprise.

Selon des analystes, les vingt-trois pays de l'Opep+, emmenés par l'Arabie saoudite et la Russie, avaient l'intention d'augmenter la production de pétrole d'au moins 400.000 barils par jour entre août et décembre.

Mais à l'issue d'une deuxième journée de négociations vendredi, ils n'ont pas réussi à trouver consensus sur l'augmentation de leurs quotas, après une première impasse la veille. Les discussions doivent se poursuivre lundi.

Cette fois, ce n'est pas la traditionnelle rivalité entre Moscou et Ryad qui a fait capoter les négociations: les Emirats arabes unis seraient les responsables de l'échec du sommet, selon des observateurs.

«Le comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) n'a malheureusement proposé qu'une seule option, à savoir d'accroître la production à condition de prolonger l'accord actuel, ce qui prolongerait le volume de production de référence injuste des Emirats jusqu'en décembre 2022 au lieu d'avril 2022», a indiqué dimanche le gouvernement émirati.

«Les Emirats sont prêts à prolonger l'accord, si nécessaire, mais demandent que les volumes de production de référence soient revus (à la hausse) afin de s'assurer qu'il soit équitable pour toutes les parties», est-il ajouté dans le communiqué.

Boîte de pandore

Abou Dhabi aurait renouvelé vendredi sa demande de la veille, à savoir la révision à la hausse de son volume de production de référence, qui sert de base au calcul de son quota.

Ce seuil arrêté à la date d'octobre 2018 est jugé obsolète par les Emirats qui revendiquent «une capacité (de production) désormais plus élevée», a expliqué Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank.

Actuellement à 3,17 millions de barils par jour, le ministre émirati aurait insisté pour qu'il soit «relevé à 3,8 millions de barils par jour», a précisé Ole Hansen, analyste de Saxobank.

Mais l'alliance n'a visiblement pas voulu ouvrir la boîte de Pandore.

Cette stratégie s'inscrit dans ce qui a fait la force de la politique du cartel depuis le mois de mai: rouvrir petit à petit le robinet d'or noir après l'avoir serré de manière très forte au début de la pandémie face à une demande moribonde.

Avec un certain succès au niveau des prix, du point de vue des vendeurs: les deux références du pétrole brut, le Brent et le WTI, oscillent aux alentours de 75 dollars, une hausse impressionnante de 50% depuis le 1er janvier, et du jamais vu depuis bien avant la pandémie de Covid-19, en octobre 2018.

Début juin, le groupe avait déjà opté pour la prudence, le terme favori du ministre saoudien de l'Énergie et de facto chef de file de l'alliance Abdelaziz ben Salmane, actant pour juillet une hausse d'une proportion similaire (+441.000 barils par jour) par rapport au mois précédent.

L'alliance, qui doit prendre en considération les multiples incertitudes qui planent tant sur l'offre que sur la demande de brut, dispose toujours de 5,8 millions de barils laissés volontairement sous terre chaque jour.