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Euro 2020. Philippe Auclair: «Pour l’Angleterre ce match sera révélateur de son véritable niveau»

29 juin 2021, 12:43

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Euro 2020. Philippe Auclair: «Pour l’Angleterre ce match sera révélateur de son véritable niveau»

Notre correspondant en Angleterre, Philippe Auclair, s’est penché sur le choc Angleterre-Allemagne dans le journal Lékip. Si Angleterre-Allemagne déchaine les passions en Angleterre et à Maurice, ce n’est pas LE grand choc tant attendu, les deux équipes avançant dans l’incertitude…

Jan Vertonghen estime que cet Euro n’est pas équitable. Des équipes jouent tous leurs matches à domicile pendant que d’autres doivent se déplacer partout. Cela fausse la compéti­tion d’après-vous ?
C’est un argument qui se tient pour toute compétition car il faut bien qu’elle ait lieu quelque part ! (rires). Mais dans la phase de groupes c’est vrai que certaines équipes ont dû se déplacer très fré­quemment et parfois même dans des conditions très compliquées. Alors que d’autres ont pu rester chez elles la plupart du temps. Est-ce que cela a eu une incidence véritable sur les résultats ? Ça, j’en suis moins certain. D’une part, l’avantage du public n’a pas joué avec des stades remplis au quart ou au tiers (sauf la Hongrie qui avait une jauge de plus de plus de 60 000 spectateurs), mais d’autre part ça a été plus compliqué pour certaines équipes comme la France et le Portugal…

Place au choc An­gleterre-Allemagne, retour du grand classique…
Angleterre-Allemagne grand classique… mais quand tu consi­dères les rencontres entre les deux nations, il n’y en a pas tant que ça… Par exemple, si on parle des France- Portugal ou des France-Italie etc là oui. Bien entendu, l’épisode du Mondial 1966… La séance de tirs au but à l’Euro 96. La démonstration allemande en 1972 ? Le dernier match c’était un 0-0. On en fait des tonnes autour de ce match, mais seu­lement en An­gleterre, ailleurs on voit ça de manière totalement différente. Si on parle aux Allemands et qu’on leur demande quelle est leur plus grosse rivalité, ils répondront que celle avec les Pays-Bas est beaucoup plus intense par exemple.

La seule victoire anglaise face à l'Allemagne dans une compétition majeure remonte au Mondial 1966 remportée par les Three Lions...

Est-ce que le jour de gloire des Three Lions est enfin ar­rivé ?
Pourquoi pas ! Très honnête­ment on ne sait que penser de ces deux équipes. Quand tu vois l’Alle­magne assez médiocre au début face à une bonne équipe de France, puis qui fait une démonstration offensive face au Portugal et qui s’écroule psychologiquement face à la Hon­grie, à Munich. On se dit qu’on ne sait absolument pas où en est cette équipe. L’Angleterre, quant à elle, a livré deux bonnes mi-temps et le reste du temps elle avait toujours la moyenne. On ne sait pas à quoi s’en tenir avec ces deux équipes. Pour l’Allemagne, à cause de son incons­tance. Va falloir que Löw se décide sur un schéma qui fonctionne pour tous ses matches. Pour l’Angleterre on a l’impression que Gareth Southgate cherche encore la bonne formule pour son équipe. Complètement dif­férente avec ou sans Grealish et Saka. Pour l’Angleterre ce match sera révélateur de son véritable niveau. C’est un match avec deux véritables points d’interrogation.

Philippe, y a-t-il un pilote pour sau­ver le soldat Harry Kane ?
Harry Kane je l’ai trouvé beaucoup mieux contre la Ré­publique tchèque. Il a tendance à décro­cher beaucoup. Il reçoit quelques ballons et quelques centres, ce qui n’arrivait pas auparavant. Il a un véritable meneur de jeu en Jack Grealish. Je pense qu’il y a un vrai problème d’adaptation entre Kane et l’équipe d’Angleterre. C’est une question de forme personnelle. Il est très affecté par son avenir. Quand tu sais que Manchester City a proposé 100 M de livres sterling pour le faire venir et qu’il souhaite aller dans un club pour gagner des trophées. Que tu le veuilles ou non, cela a un impact quand tu te concentres sur le match qui est en cours… Ensuite, je ne suis pas certain que l’Angleterre tire un maximum de Kane. Quel est le sys­tème offensif de l’Angleterre ? Cela vaut aussi pour Phil Foden. Il est brillant par bribes, par éclairs mais n’a absolument pas le même rayon­nement qu’avec Manchester City. Car il n’a pas les mêmes coéquipiers, ni le même rôle. Kane est super in­telligent, super finisseur et bon dans les airs, un passeur hors pair mais est entouré de joueurs dont le profil ne lui correspondent pas.

Philippe Auclair. 

A la place de Southgate vous alignez Grealish ou Mount contre l’Allemagne ?
Pour moi le système anglais passe par l’emploi d’un vrai me­neur de jeu offensif qui doit être Jack Grealish… Je suis un fan de Grealish. Je dis depuis longtemps que c’est le genre de joueur autour duquel tu bâtis une équipe. En talent pur, Foden lui est supérieur. Mais ce que propose Grealish est unique, c’est un déstabilisateur de défense… Dans des situations de jeu statiques, il apporte beaucoup, no­tamment des coups de pied arrêtés. Pour moi aligner Grealish est une évidence mais cela signifie prendre des risques et se débarrasser d’un système avec deux pivots défensifs qui nuisent beaucoup à la fluidité du jeu de l’Angleterre. Est-ce qu’on peut mettre Grealish et Mount dans la même équipe ? Absolument ! En 4-2-3-1 avec Mount en n°8, à la Kevin de Bruyne, comme le font la plupart des grandes équipes, ou avec un Mount attaquant sur le côté gauche et Foden sur le côté droit. C’est tout à fait possible. Mount marque beaucoup. C’est un joueur vif, intelligent, malin. Et aussi un excellent finisseur.

(Article paru dans Lékip du 26 juin 2021)