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Budget 2021-22: quand la croissance de 9 % suscite des interrogations

25 juin 2021, 22:30

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Budget 2021-22: quand la croissance de 9 % suscite des interrogations

L’estimation budgétaire d’une croissance de 9 % pour l’année fiscale 2021-22 interpelle économistes et spécialistes financiers. Ils soutiennent que le taux est basé sur des paramètres économiques peu réalistes dans un contexte de crise épidémique qui a entraîné la paralysie de nos principaux piliers économiques.

Dans son analyse publiée ci-dessous, l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Ramesh Basant Roi, affirme que la projection de croissance de 9 % dans le Budget pour l’année fiscale 2021-22 ne tient absolument pas la route même s’il tente de comprendre l’optimisme du ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Ramesh Basant Roi s’interroge sur l’hypothèse de croissance de 9 % et le calcul auquel le ministre s’est livré pour atteindre ce chiffre.

Selon lui, Renganaden Padayachy s’est basé sur des recettes touristiques additionnelles de Rs 40 milliards avec la présence de 650 000 touristes pour remplir les chambres d’hôtels à partir du 1er juillet. Son argument est simple : si 1,3 million de touristes ont rapporté à la caisse du gouvernement Rs 60 milliards de revenus en une année dans le passé, la moitié de ce nombre génèrerait Rs 30 milliards, la différence venant des effets multiplicateurs des activités annexes et des dividendes de la croissance d’autres secteurs économiques. Un simple calcul arithmétique qui ne correspond pas hélas aux réalités de la conjoncture économique actuelle, couplées à l’incertitude d’une crise sanitaire globale dont les effets perdurent toujours.

Une analyse à laquelle souscrit l’économiste Eric Ng, qui soutient que le ministre des Finances a placé la barre trop haut sur ses projections touristiques. Si le ministre s’appuie sur le tourisme comme principal levier de croissance pour viser ce taux de 9 %, c’est qu’il est malheureusement à côté de la plaque. Il sera difficile, selon lui, d’attirer massivement des touristes à partir du 1er juillet, surtout que ces derniers devront passer par une quarantaine d’une quinzaine de jours. «Il faut penser que le vrai démarrage de ce secteur commencera le 1er octobre prochain quand toutes les restrictions seront levées. Il sera donc difficile, sinon impossible, d’accueillir 650 000 touristes en neuf mois alors que le sort d’Air Mauritius reste incertain et que la politique d’accès aérien aux autres compagnies n’a pas encore été définie. Raisonnablement, on peut viser la moitié de ce nombre.»

Plus nuancé, Azad Jeetun, économiste et ex-directeur de la défunte Mauritius Employers’ Federation, estime qu’une croissance de 6 % serait dans le domaine du possible, vu que certains secteurs économiques, généralement porteurs de croissance, pourraient mieux performer cette année avec un début de relance économique et la réouverture des frontières. Cependant, la projection de 9 % de croissance sera difficilement réalisable dans un contexte économique toujours fragile.