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Réouverture des frontières: à vos marques, prêts, pagaille ?

13 juin 2021, 22:15

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Réouverture des frontières: à vos marques, prêts, pagaille ?

Lueur d’espoir pour le tourisme après presque deux ans marqués par la galère, l’incertitude, la détresse, des licenciements… Le pays se prépare à entamer la première phase de la réouverture des frontières le 15 juillet, en accueillant des touristes vaccinés, et sous certaines conditions. Ils devront demeurer en quarantaine dans l’enceinte de leur hôtel, profiter des facilités proposées par l’établissement et se ‘contenter’ de se relaxer sur la plage, notamment, pendant 14 jours, à leurs propres frais. Après cette période, les visiteurs devront se soumettre à un test PCR avant de pouvoir quitter l’hôtel et se mêler à la population. Quels sont donc ces établissements hôteliers qui pourront accueillir ces touristes ?

La question a été posée à Jocelyn Kwok de l’Association des hôteliers et des restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM). Selon lui, la liste de ces hôtels est en cours de finalisation. Le site de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) indique que la liste des hôtels agréés «Safe Travels» sera mise en ligne sur le site www. mauritiusnow.com à partir du 20 juin. Réagissant après la présentation du Budget, Jean-Michel Pitot, président de l’AHRIM, a affirmé, quant à lui. «Nous avons beaucoup de travail qui commence maintenant. [On] espère voir les réservations tomber d’ici lundi ou mardi prochain, sachant que nos concurrents étaient dans le coup avant nous.»

Par contre, lors de la deuxième phase de réouverture prévue le 1er octobre, il n’y aura aucune restriction de mouvement pour les visiteurs vaccinés. Toutefois, il faudra au préalable qu’ils aient effectué un test PCR avec un résultat négatif, 72 heures avant l’embarquement. Avec cette reprise graduelle, l’objectif est d’attirer 650 000 touristes dans les 12 prochains mois.

Le Budget 2021-22 a, en ce sens, alloué une enveloppe de Rs 420 millions à la MTPA pour une campagne de promotion axée sur plusieurs destinations. Les pays visés sont la France, La Réunion, le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Afrique du Sud et la Chine, entre autres. Mais dans les milieux du tourisme, l’accès au territoire aux visiteurs provenant d’Afrique du Sud fait tiquer car ce pays fait face à sa troisième vague de Covid-19.

Risque minime

Aucune indication pour l’heure en ce qu’il s’agit des touristes indiens vaccinés, on ne sait pas s’ils seront autorisés à visiter le pays ou pas. Pour rappel, le variant indien sévit dans la Grande péninsule avec 29, 5 millions de cas détectés à hier, comme le rapporte le site Worldometer. Le nombre de décès est de 376 097 alors que 28 millions de personnes sont guéries du virus. En avril, la MTPA avait lancé un appel d’offres pour s’offrir les services d’un consultant en relations publiques en Inde afin de promouvoir la destination Maurice et redynamiser le marché tout en misant sur une image de l’île forte et revitalisée.

Intervenant sur les ondes de Radio Plus, hier, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a fait ressortir que la réouverture des frontières par phases a été programmée après consultation avec plusieurs parties prenantes. «Le moment est venu pour la réouverture des frontières aux touristes vaccinés. Ils ont l’habitude de faire du resort tourism et les 14 jours de quarantaine ne devraient pas leur poser de problème. Ils pourront profiter de leur hôtel. Par ailleurs, de juillet à septembre, c’est la basse saison. Ce n’est qu’à partir d’octobre qu’il y aura une vraie augmentation du nombre de visiteurs. Pendant cette période, nous allons étudier le mécanisme mis en place, voir les défauts et les corriger si besoin est.»

Quid de la vaccination de la population ? Les Mauriciens seront-ils suffisamment protégés du virus jusqu’en juillet ? Selon le ministre, plus de 500 000 personnes auront reçu leur seconde dose de vaccin à cette période. Fin septembre, 60 % de la population devrait être vaccinée. «Avec les visiteurs vaccinés, le risque de contamination est bien minime. En juillet, nous commencerons doucement; après la période de rodage de trois mois, nous passerons aux autres phases.»

Cette réouverture ‘en urgence’ a-t-elle été faite pour rattraper le retard sur les autres pays qui sont loin devant, notamment les Maldives ? Le ministre des Finances répondra que l’objectif est de réussir la réouverture des frontières. «Nous ne sommes pas les Maldives, mais nous apprenons des Maldives. Il faut faire attention à ne pas refermer l’économie. C’est quand nous bloquons tout le système que l’économie est bloquée. Nous avons perdu 11.5 % de croissance avec le Covid suivi du confinement en 2020.»

Le vice-Premier ministre et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, a affirmé pour sa part vendredi, qu’à ce jour, 28 % de la population a été vaccinée. Un habitant sur quatre a reçu sa deuxième dose de vaccin. Depuis début juin, 15 000 personnes se font vacciner au quotidien et d’ici fin juillet, 40 % le seront.

Pas le moment propice ?

Réagissant à l’annonce de la réouverture des frontières, le Dr Vasantrao Gujadhur, directeur des Services de santé à la retraite, se dit contre une réouverture dans l’immédiat. «Ouver bizin ouver. Mais ce n’est pas approprié de fixer une date. Le 15 juillet, c’est trop tôt. Ce n’est pas le moment propice», affirme-t-il. «Il y a de fortes probabilités pour que le touriste lui-même soit contaminé. Ce n’est pas encourageant. Nou pankor protez la popilasion kont maladi grav, séver ek la mor. Même pas 40 % vaccination.»

Pour sa part, Gavin Vuddamalay, immunologiste basé en France et qui suit de près la situation à Maurice, qualifie la décision d’une réouverture en deux phases de «logique et cohérente avec les autres destinations touristiques». «Par contre, je me pose la question de la nécessité et l'utilité d'imposer à nouveau 14 jours de quarantaine à des gens vaccinés.» Une question qui nécessiterait une réponse claire des autorités.

Surtout que d’autres interrogations – et elles sont nombreuses – demeurent toujours sans réponse : combien de catégories d’hôtels il y aura-t-il ? Quid des Mauriciens qui voudront effectuer un séjour dans un hôtel ? Quels seront les Destination Management Companies qui seront autorisées à effectuer des transferts ?

Question subsidiaire : les touristes pourront profiter des plages bientôt, qu’en est-il des Mauriciens ? Des questions, parmi des dizaines, auxquelles nous avons tenté d’obtenir des réponses hier, en vain. Espérons que l’on y verra plus clair dans les jours qui viennent…