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Athlétisme/Ligue de diamant: la fusée Richardson dans la cour des grandes

23 mai 2021, 12:43

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Athlétisme/Ligue de diamant: la fusée Richardson dans la cour des grandes

Avec son look et ses chronos d'enfer, la jeune Américaine Sha'Carri Richardson (21 ans) est le phénomène de ce début de saison. A deux mois des Jeux olympiques, elle se frotte pour la première fois aux cadors mondiales sur 100 m hors de son pays, dimanche en ouverture de la Ligue de diamant à Gateshead.

Vingt-cinq ans que les Etats-Unis espèrent un sacre aux JO sur la ligne droite, depuis la victoire de Gail Devers à Atlanta en 1996. C'est dire l'attente que suscite l'éclosion soudaine de la sprinteuse de Dallas, chargée de mettre fin à Tokyo à la domination des Jamaïcaines et de rétablir la suprématie de la bannière étoilée sur la distance.

Inconnue du grand public jusque-là, la coureuse de poche (1,55 m) s'est révélée en avril en devenant la 6e femme la plus rapide de l'histoire (10 sec 72), se positionnant de manière foudroyante comme la principale rivale des deux flèches venues de Jamaïque, les championnes olympiques Elaine Thompson (2016) et Shelly-Ann Fraser-Pryce (2008, 2012).

Richardson avait déjà commencé à faire parler d'elle en 2019 lors des Championnats universitaires (NCAA) où elle avait battu coup sur coup les records du monde junior du 100 m (10 sec 75) et du 200 m (22 sec 18). Passée professionnelle dans la foulée, l'étudiante du LSU (Université de Louisiane) avait toutefois vu sa progression stoppée net par une 8e place aux redoutables «Trials», l'empêchant de se qualifier pour les Mondiaux de Doha.

La pandémie de Covid-19 a ensuite retardé son entrée sur le circuit international, qu'elle n'a découvert que cette semaine en disputant à Ostrava son tout premier meeting en dehors des Etats-Unis. Après Gateshead dimanche où elle se mesurera à Fraser-Pryce et à la Britannique Dina Asher-Smith, sa tournée se poursuivra au Qatar pour la 2e étape de la Ligue de diamant, le 28 mai.

Athlétisme/Ligue de diamant: la fusée Richardson dans la cour des grandes
Sha'Carri Richardson après sa victoire sur le 200 du meeting d'Ostrava, le 19 mai 2021. / AFP

Culottée et sûre d'elle, Richardson ne s'en cache pas et le martèle à chaque sortie: elle «veut écrire l'histoire». «Je veux que tout le monde sache qu'à chaque fois que j'entrerai sur la piste, ce sera un spectacle incroyable», avait-elle lancé le mois dernier.

Enfance difficile 

Elle en a rajouté une couche mardi à Ostrava à la veille de la réunion tchèque où elle s'est facilement imposée sur 200 m (22 sec 35).

«Je veux inspirer le respect. Ce que je suis en train de faire et ce que j'ai fait ces derniers temps, c'est historique. Je ne me fixe pas de limites. Avec une bonne météo, un bon vent et une parfaite exécution, les chronos seront quoi qu'il arrive incroyables. Il n'y a pas de records impossibles à battre», a-t-elle déclaré, pleine d'assurance.

Abandonnée par sa mère et élevée par sa grand-mère, elle a eu une enfance difficile, marquée par une tentative de suicide au lycée. Mais elle a su se forger un mental d'acier grâce à l'aide d'un psychologue, qui continue de la suivre.

Si le record du monde de la sulfureuse Florence Griffith-Joyner (10 sec 49 en 1988) semble inaccessible, Richardson peut, au vu de sa précocité, viser la barre des 10 sec 70, uniquement franchie par trois athlètes (Griffith-Joyner, Carmelita Jeter, Marion Jones).

La comparaison avec «Flo-Jo», son idole, ne l'effraie pas. Elle en a déjà adopté l'apparence avec ses ongles manucurés, ses cheveux décolorés, ses tatouages et ses piercings. Quant au record du monde, celle qui est entraînée par l'ex-sprinteur américain Dennis Mitchell préfère pour le moment tempérer les ardeurs: «Cela fait partie des objectifs de ma carrière mais il faut être patient».

En attendant de marcher sur les traces de Griffith-Joyner, il y a un sujet avec lequel cette coureuse au caractère bien trempé ne transige pas: son prénom. A Ostrava, elle n'a pas hésité à reprendre les journalistes de volée quand ceux-ci avaient le malheur de l'écorcher.

«Mon prénom est unique et je corrigerai à chaque fois toute personne qui ne le prononcera pas correctement», a-t-elle lâché le regard noir. Sur la piste ou en dehors, il ne faut pas trop chercher Sha'Carri Richardson.