Publicité

Cannabis médical: le rapport du comité technique bientôt soumis aux autorités

10 mai 2021, 21:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Cannabis médical: le rapport du comité technique bientôt soumis aux autorités

«Le rapport final sera rédigé très prochainement. Il sera soumis au ministère de la Santé. On travaille aussi vite que possible», déclare Theeshan Bahorun, président du comité technique sur le cannabis médical. Il affirme qu’une réunion est prévue cette semaine, après la soumission d’un rapport du dernier sous-comité institué pour l’étude de l’utilisation thérapeutique de ce produit.

Depuis sa création en décembre 2020, le comité technique met les bouchées doubles sur ce projet. Au total, explique Theeshan Bahorun, l’analyse des 45 propositions du public, envoyées jusqu’au 15 janvier 2021, et les implications de l’élaboration de l’usage du cannabis médical ont nécessité la constitution de quatre sous-comités. «Les deux premières instances ont étudié l’aspect thérapeutique et légal respectivement. Plus on avançait, plus on a vu la nécessité de fonder d’autres sous-comités. Aussi, un troisième fut dédié à l’identification des composants confiée au Forensic Science Laboratory (FSL). Enfin, nous avons aussi élaboré un comité scientifique axé sur l’utilisation et les dosages en lien avec le cadre légal. Durant le confinement, ces sous-comités ont maintenu leur travail à travers Zoom», poursuit-il.

Trois rapports des sous-comités respectifs ont déjà été remis. Un dernier est attendu incessamment. Après cette étape, le comité technique se réunira et enchaînera avec la rédaction de son rapport final à l’intention du ministère de la Santé. «Comme le personnel du ministère est très pris avec le Covid-19 et que plusieurs d’entre eux travaillent avec moi au comité technique, je jongle avec leur disponibilité pour l’évolution rapide du projet. Le plus tôt sera le mieux», ajoute-t-il. Selon lui, 25 personnes siègent au sein du comité technique sur le cannabis médical.

L’avancée du projet, qui captive l’attention des Mauriciens depuis des mois, est favorablement accueillie par ceux en faveur du cannabis médical. «C’est un bon signe d’avoir ajouté des sous-comités. Le FSL est important car la légalisation du cannabis médical ou autre concerne aussi le synthétique directement. Sur le terrain, je vois que la drogue synthétique est aussi généralisée que le gandia, l’alcool et la cigarette. Je ne m’attendais pas à un tel niveau de pénétration de cette substance au sein de notre société. En plus, c’est moins cher qu’une chopine de bière», affirme Percy Yip Tong, président du Collectif Urgence Toxida (CUT) et membre du High-Level Committee sur la drogue.

Il avance qu’il ne faut pas de ralentissement dans le processus de légalisation du cannabis médical. «Des rapports des Nations unies, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entre autres, existent déjà et pourraient être appliqués. J’espère que celui de Maurice ne restera pas dans un tiroir», souligne-t-il.

Il tire la sonnette d’alarme sur la composition du synthétique, qui emploie d’innombrables substances comme des raticides et des insecticides, d’où le rôle crucial du FSL pour le cannabis thérapeutique. «Il ne faut même pas discuter de cette légalisation médicale. Je crois que c’est obligatoire. J’ai vu des mères et des enfants autistes, épileptiques, etc. qui souffrent. Le cannabis médical les aidera énormément», précise-t-il. Il réitère sa position pour la légalisation du gandia à usage récréatif pendant trois ans avec possibilité de rectifier si cela ne fonctionne pas. La visée serait de réduire la dépendance au synthétique, plus nocif que le gandia.

Pour Kunal Naik, directeur de plaidoyer et de communication de l’association Prévention Information et Lutte contre le Sida (PILS), l’avancement des travaux est positif. «Si on a le rapport final d’ici quelques semaines, c’est une bonne chose. Cela aurait été intéressant que le comité technique rencontre quelques acteurs de la société civile, du terrain ou possédant une expertise dans ce domaine. Ainsi, nous aurions une discussion franche pour les modalités avant la soumission de leur rapport.» Il salue le travail accompli. Il soutient d’ailleurs qu’il y a urgence d’appliquer le cannabis médical aux patients atteints de cancer et autres pathologies lourdes. «Nous connaissons la souffrance de ces Mauriciens. Cela aidera au traitement mais aussi aux soins palliatifs pour atténuer les symptômes, les aider à manger, entre autres.»

Quant à Amrish Lachooa, porte-parole de l’association Claim, il distingue un aboutissement du projet avec le futur rapport, et ce, après quatre mois. Cependant, il faut connaître le contenu, rappelle-t-il. «J’espère que des solutions seront apportées à tous ces patients nécessitant l’usage du cannabis médical. Ce produit doit être employé pour toutes les maladies concernées comme le lupus, le cancer, l’épilepsie, la sclérose en plaques, entre autres. Il ne faut pas que cela se concentre sur certaines maladies uniquement car dans ce cas, beaucoup de malades qui en seront exclus perdront espoir.» D’après lui, chaque maladie nécessite une variété précise du cannabis médical. Il suggère que l’intégralité de la plante, qu’il qualifie d’«entourage effect», soit utilisée pour plus d’efficacité et le soulagement des patients.

Sur quelle base reposera la légalisation du cannabis médical, si bien sûr, ce projet est entériné par l’État ? D’ici les prochaines semaines, le comité technique devra donner son verdict.