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Effets du Covid-19: le poignant témoignage de Goorooduth
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Effets du Covid-19: le poignant témoignage de Goorooduth
Cela lui fend le cœur de se séparer de ses objets. Mais Goorooduth Chuttoo, l’âme, la voix et le moteur du musée de la petite collection, n’a plus d’issue. «Nou pe koule», tonne-t-il sans détour. Sa voix de stentor résonne au fond de la ruelle où il habite à Rose-Belle.
À l’étage de la maison, dans une pièce, c’est un peu «la boutique», comme il dit. C’est là qu’il a rassemblé des objets triés du reste de ses collections et prêts à la vente depuis le samedi 1er mai. «Je suis obligé de vendre. Avant d’arriver à un naufrage total, je préfère me séparer d’une partie de la collection à cause de la situation financière catastrophique du musée.»
Pour comprendre l’état de ce musée privé, commencé avec les objets du quotidien de la famille Chuttoo, puis enrichi au fil du temps par la fièvre de collectionneur de Goorooduth, il faut faire un tour dans la cour. Secouer avec effarement la tête devant un cimetière de bicyclettes en train de rouiller. Regarder un jukebox que les termites ont dévoré avec appétit. Le propriétaire a abrité les dégâts derrière une frêle ombrelle fuchsia.
Dans la vieille maison en bois sous tôle profilée, on passe d’une pièce à l’autre. Pas une qui ne contient des «lamok», vieilles boîtes de conserve ou de cigarettes qu’on ne trouve plus dans le commerce, mais qui rappellent tant de souvenirs aux plus de 30 ans. Un fouillis d’ustensiles de cuisine, de radios, d’appareils photo, d’objets en cuivre, etc. Il y en a même dans la chambre à coucher.
Nous sommes invités à grimper à l’étage de la maison en dur construite dans la même cour. En tout, ce passionné pour qui il ne faut jamais rien jeter, entrepose «au moins 27 500 objets», affirme-t-il.
Devant sa collection de téléphones, Goorooduth Chuttoo – qui dit qu’il n’a pas de portable en dehors de «enn vie bar savon» – lance : «Ou kone komie sekre zot inn garde sa bann telefonn-la?» Nécessité faisant loi, le collectionneur rêve que «Mauritius Telecom rachète tous mes vieux appareils pour en faire un musée du téléphone».
Le musée de la petite collection, encore une victime du Covid-19 ? Oui, explique le collectionneur. «On ne peut pas faire payer les gens pour connaître leur histoire», soutient-il.
Donc, il a toujours ouvert sa maison gratuitement aux visiteurs locaux et étrangers. Même s’il se plaît à répéter qu’une «maison n’est pas un musée», le plateau à la porte et les généreux donateurs de tous horizons lui ont permis de faire vivre les lieux. Sauf que la pandémie a verrouillé les frontières, faisant fuir tous les visiteurs. Tarissant ses sources de revenus.
Le Mauritius Museums Council a officiellement reconnu le musée de la petite collection en 2010, rappelle Goorooduth Chuttoo. «Zame mo pann gagn enn sou “fele” ar personn. Au contraire, on vient me voir pour participer à des expositions et prêter des objets de ma collection.» Il se souvient que plusieurs hauts dignitaires, dont «11 ministres des Arts», sont venus chez lui. «Ils m’ont tous promis de m’aider. Rien…»
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