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Un médecin libanais mise sur le flair des chiens pour freiner le coronavirus

15 avril 2021, 14:01

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Un médecin libanais mise sur le flair des chiens pour freiner le coronavirus

 

A l'aéroport de Beyrouth, le médecin libanais Riad Sarkis s'enorgueillit de pouvoir aider à freiner la pandémie de coronavirus dans le monde. Alors qu'il évoque le sujet, son arme secrète remue la queue près de lui: un chien.

Des chiens renifleurs spécialement formés peuvent en effet détecter en quelques secondes une personne infectée par ce virus, y compris à un stade très précoce qui donnerait un test PCR négatif, affirme M. Sarkis.

«Le meilleur ami de l'homme» peut aujourd'hui sauver plus de vies humaines que jamais, en arrêtant la propagation de la pandémie, ajoute-t-il.

«Le jour où nous construirons une machine avec un nez électronique qui amplifie les odeurs 10 000 fois, alors on pourra remplacer les chiens. Pour l'instant, nous avons besoin d'eux», poursuit-il.

L'oncologue et professeur en chirurgie digestive, qui partage sa vie entre la France et le Liban, a temporairement délaissé sa passion pour la musique et la poésie afin de combattre la pandémie à plein temps. 

Avant l'apparition du coronavirus, il avait déjà consacré douze ans à des recherches sur la détection du cancer par les chiens, en vue d'augmenter les chances de traitement précoce.

«Quand il y a eu le Covid-19, je me suis dit Pourquoi ne pas essayer?. Et ça a fonctionné», se réjouit-il.

Cette technique, qui n'est pas destinée à remplacer les tests PCR, est déjà utilisée dans plusieurs aéroports internationaux, dont Dubaï, Helsinki et Sydney. Partout dans le monde, notamment en Europe ou en Amérique latine, des équipes médicales ou de la police se sont lancées le même défi.

Presque infaillible 

Les travaux de recherche de M. Sarkis ont été menés avec l'école vétérinaire française de Maisons-Alfort, prestigieuse institution fondée au XVIIIe siècle, ainsi qu'avec plusieurs laboratoires et universités. 

Les résultats ont été stupéfiants: les truffes hypersensibles de chiens renifleurs entraînés sont quasiment infaillibles.

«Les tests PCR ont une marge d'erreur qui peut atteindre 30%. Avec les chiens, elle est inférieure à 5%», assure Riad Sarkis.

Chaque chien peut traiter quotidiennement des centaines d'échantillons et donner les résultats immédiatement sur place. Sa "rémunération": des biscuits ou des jouets en caoutchouc.

Dans un centre de formation prêté par une banque à Beyrouth, le berger allemand Rox et le malinois Sky sont formés par le maître-chien Carlo Selman.

La structure reproduit un terminal de l'aéroport de Beyrouth avec une cloison séparant les chiens d'une zone accueillant les passagers, installés dans des cabines.

Pas besoin d'écouvillon dans le nez comme avec le test PCR, chaque passager prélève sous son aisselle de la sueur avec un coton placé ensuite dans un récipient en verre.

"Innovation" scientifique 

 

Celui-ci est ensuite placé à l'extrémité étroite d'un cône percé dans la cloison de séparation. Tenu en laisse par son maître de l'autre côté de la cloison, un chien enfonce alors son museau dans l'extrémité large de chaque cône et renifle. Si un échantillon est positif, il s'assoie devant et attend sa récompense.

Des chiens renifleurs formés à la détection d'explosifs ou de drogues peuvent être entraînés en quelques semaines à repérer le virus.

Pour le médecin libanais, la précision et la vitesse de cette technique pourrait être cruciale pour arrêter la propagation de la pandémie.

«Le temps qu'un passager contaminé obtienne les résultats du PCR, il est déjà entré dans le pays et, très souvent, le mal a été fait», dit-il.

La capacité à détecter le virus à un stade très précoce permet d'isoler des personnes asymptomatiques qui, autrement, en contamineraient d'autres sans le savoir.

Le recours aux chiens renifleurs ne doit pas se limiter aux seuls aéroports, selon Riad Sarkis.

La célérité du dépistage canin pourrait en faire une option intéressante pour des événements et des infrastructures accueillant beaucoup de monde, comme les stades, les mariages et les théâtres.

C'est aussi une avancée pour la recherche scientifique, affirme le médecin. «C'est une innovation extraordinaire car c'est la première fois que l'on démontre qu'un virus est capable de donner des effluves corporelles spécifiques».